Interview de F. Bonnifet : les bâtiments doivent être conçus et exploités comme des centres de profit

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Communication CERTIVEA

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1944 Dernière modification le 22/11/2017 - 10:24
Interview de F. Bonnifet : les bâtiments doivent être conçus et exploités comme des centres de profit

Quels sont les enjeux du bâtiment 2.0 dans le monde de l’immobilier d’entreprise ? Selon Fabrice Bonnifet, directeur développement durable du groupe Bouygues, les bâtiments doivent désormais être pensés pour une multitude d’usages et d’utilisateurs. Entretien. 

Quels sont, pour vous, les enjeux du bâtiment 2.0 ?

Les enjeux du bâtiment 2.0 ou x.0 pour les générations à venir, sont de rendre les bâtiments auto-producteur d’un maximum de ressources pour leurs utilisateurs : eau, chaleur et bien entendu électricité. Mais au-delà de la capacité à produire pour sa propre consommation, l’objectif est aussi de pouvoir interagir avec les autres infrastructures de la ville, car toutes n’ont pas les mêmes courbes de charge et donc elles peuvent s’échanger des flux physiques sur la base de leurs données de consommation et de production. Cette approche représente l’une des briques des smart grids. »

Le second enjeu concerne les matériaux. Le « zéro déchet » dans le BTP est possible à condition de concevoir les bâtiments comme des banques de matériaux réutilisables. La maquette numérique ou BIM facilite cette révolution. Grâce à cette technologie, nous pouvons aujourd’hui plus facilement construire virtuellement avant de construire véritablement. Dès lors, nous pourrons donc également plus aisément déconstruire pour mieux réemployer, au lieu de démolir.

Le troisième enjeu s’applique à la mobilité douce intégrée au bâti. Chaque bâtiment va progressivement prendre mieux en compte des plateformes permettant l’accès à des véhicules partagés (voiture électrique, vélo, scooter, etc.), afin de réduire le coût et l’empreinte environnementale liés au transport qui représentent l’essentiel des émissions de CO2 d’un ouvrage.

Le quatrième enjeu c’est la révolution de l’optimisation des usages à l’attention de différentes catégories d’utilisateurs que le numérique va faciliter. À l’heure actuelle, tous les bâtiments sont chroniquement sous-utilisés parce qu’ils n’ont pas été conçus pour « partager » tout ou partie de leurs espaces fonctionnels.

Comment concevoir de tels bâtiments ?

La chronotopie des bâtiments dans les villes montre que chaque espace fonctionnel d’un ouvrage n’est pas – loin s’en faut – utilisée en permanence. Désormais, les bâtiments doivent être gérés comme une flotte d’avions, c’est-à-dire en étant conçus pour être potentiellement utilisés un maximum de temps (d’usage) par différentes catégories d’utilisateurs, en fonction des heures de la journée et des jours de l’année.

Pour cela, une conception adaptée à la réversibilité des usages (en sécurité) et une analyse fine de acteurs riverains du bâtiment doivent être effectuées pour que chaque bâtiment réponde à la fois à sa raison d’être principale et à des usages secondaires.
Pour le reste le coût carbone complet doit être la première métrique de l’efficience environnementale sur le cycle de vie d’un bâtiment, il n’y a plus de débat à avoir sur ce sujet.

Avez-vous des retours d’expérience sur des premiers projets ?

Bouygues a inventé les bâtiments à énergie positive il y a près de dix ans. Nous travaillons désormais avec nos clients sur le concept de bâtiments hybrides à économie positive. Ces bâtiments vont véritablement « ré-enchanter » le secteur. En effet, nous allons passer d’une logique, où les bâtiments étaient des centres de coûts, à une nouvelle ère dans laquelle ils deviendront des centres de profits !

Article publié par CERTIVEA
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