Sobriété : un nouveau levier pour les collectivités locales

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473 Dernière modification le 14/03/2022 - 10:23
Sobriété : un nouveau levier pour les collectivités locales

Des plus petites aux plus grandes, les collectivités locales se saisissent désormais des opportunités offertes par la sobriété énergétique devenue incontournable. Éclairage.

Si elle ne se traduit pas encore systématiquement par des programmes dédiés, la sobriété énergétique comme fil rouge d’actions locales, s’impose aujourd’hui de plus en plus au sein des collectivités locales. « Le mot est mieux  assumé », remarque Stéphanie Modde, vice-présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté déléguée à la transition écologique, qui l’intègre comme l’un des trois piliers de sa politique. Chef de projet Territoire à Énergie Positive (TEPOS) du Genevois français, Hervé Villard voit même cette thématique monter en puissance, ces douze derniers mois : « Les solutions classiques ne suffisent plus lorsqu’on évoque la neutralité carbone. La sobriété est désormais perçue comme une étape indispensable. Elle sera d’ailleurs au cœur des Assises européennes de la transition énergétique 2022 que nous organisons fin mai ! »

Des collectivités locales qui encouragent la démobilité

Au sein de sa métropole, intégrée à l’agglomération transfrontalière du Grand Genève, cette prise de conscience est d’abord née d’une démarche TEPOS, avant de se traduire dans le plan climat-air-énergie territorial (PCAET) des intercommunalités, via l’approche négaWatt centrée sur la sobriété. Mais elle a aussi été stimulée par une croissance démographique annuelle de plus de 2,5 %, particulièrement visible sur les routes saturées en direction de la Suisse. Outre le développement des transports en commun, du covoiturage, de l’autopartage et des modes de déplacement actifs, les élus de cette collectivité locale misent donc sur la “démobilité” ; en soutenant par exemple la création d’espaces de coworking en réseau. « De nombreux habitants de l’agglomération travaillent en Suisse, dans le secteur des services. Il n’est plus cohérent d’engorger les routes simplement pour aller allumer un ordinateur », souligne Hervé Villard. 

En parallèle, la collectivité vise une plus grande sobriété foncière et une moindre artificialisation des sols, via notamment un schéma d’équipement commercial concerté. Mais ses élus ont souhaité aller encore plus loin. Dans le cadre de la dynamique “Grand Genève en transition”, ils envisagent ainsi un accord transfrontalier ambitieux avec la Suisse qui engagera chacune des collectivités à réduire de 60 % son empreinte carbone globale* d’ici à 2030. « Forcément, cela nous obligerait à encore plus de sobriété ; à devoir renoncer par exemple à toute nouvelle infrastructure routière », analyse Hervé Villard.

Accompagner la rénovation énergétique : une question au coeur des collectivités locales

Depuis 2017, la Bourgogne-Franche-Comté s’est quant à elle largement consacrée à la sobriété énergétique des bâtiments dans le cadre de son programme baptisé Effilogis. Elle accompagne ainsi particuliers, bailleurs sociaux, copropriétaires et collectivités dans leurs projets de rénovation énergétique. L’objectif : atteindre le niveau Bâtiment Basse Consommation (BBC), en réalisant des économies d’énergie et  en divisant les factures de 4 à 9 selon les projets. 

D’autres pans d’actions restent encore à explorer, comme par exemple  la sobriété numérique. Selon une récente enquête du cabinet Espelia et du collectif GreenIT.fr, seul un quart des collectivités ont déjà réalisé ou planifié des démarches de sobriété numérique. Tous domaines confondus, la sobriété demeure toujours le levier de la transition énergétique le plus délicat à manier. « Elle nécessite en grande partie d’agir sur les comportements, c’est plus compliqué. Or, l’enjeu est double : faire adhérer les citoyens à des modes de vie différents mais aussi changer radicalement d’échelle », souligne Pierre Verri, vice-président de Grenoble-Alpes Métropole, chargé de l’air, de l’énergie et du climat. 

Sensibiliser les citoyens

Afin de comprendre quels changements les habitants étaient prêts à mettre en œuvre et comment les y aider, sa collectivité a donc constitué un groupe de réflexion collective, en décembre 2020. Sélectionnés pour leurs profils diversifiés, quelque soixante volontaires ont travaillé sur des axes similaires à ceux de la Convention citoyenne pour le climat, épaulés par des experts et des acteurs du territoire. « Attendues avant l’été 2022, leurs conclusions donneront lieu à une première réponse politique. Puis elles alimenteront le travail de notre future convention citoyenne métropolitaine pour le climat, lancée bientôt avec 150 citoyens, dont les propositions les plus complexes seront soumises à un vote citoyen », explique Pierre Verri. 

La région Bourgogne-Franche-Comté, de son côté, a fait le pari de la sensibilisation et de l’expérimentation. En 2013, avec l’ADEME, elle a ainsi lancé un réseau de POTEs (pionniers ordinaires de la transition écologique), aujourd’hui fort de quelque 450 membres. Leur mission : faire émerger, dupliquer et valoriser des bonnes pratiques dans le domaine de l’énergie, des déchets, des circuits courts, de l’urbanisme… « Avec les EPCI, nous réfléchissons également à des campagnes de communication en faveur d’un mode de consommation plus sobre. A terme, notre enjeu est d’analyser finement l’impact carbone de toutes ces initiatives », précise Stéphanie Modde.

2000 watts

C’est l’objectif que s’est fixé Zurich pour la consommation annuelle par habitant en 2050 ! Pour y parvenir la ville actionne tous les leviers : amélioration des transports publics et de l’usage du vélo, logements durables, mutualisation des espaces bâtis et de travail, recyclage, sensibilisation…

 

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