[Etude] La construction durable, un enjeu de coopération

Rédigé par

Stéphanie Santerre - Construction21

Journaliste

276 Dernière modification le 25/04/2024 - 11:00
[Etude] La construction durable, un enjeu de coopération

Le second volet de l’Observatoire de la Construction durable, porté par Saint Gobain/Institut CSA, saisit les évolutions et leviers à activer pour accélérer le développement de la construction durable. Synthèse. 

Perçu comme prioritaire, l’enjeu de la construction durable fait l’unanimité, quelle soit la zone géographique. Pour autant, cette notion n’est pas entendue de la manière, « souvent limitée aux enjeux environnementaux », nuance l’étude*. Qui dit durable se limite encore souvent à la « construction verte », liée à l’efficacité énergétique des bâtiments (42 %) et à l’atteinte de la neutralité carbone des constructions (33 %), mettant au ban les notions de résilience et de confort des occupants considérées plus secondaires. La notoriété de cet enjeu semble également partielle chez les élus, précise l’étude, 20 % d’entre eux déclarant ne jamais en avoir entendu parler. Un chiffre qui contraste avec le sentiment d’information autour du sujet : 87 % des personnes interrogées déclarant connaître la construction durable (+5 points).

Pour autant, l’envie et l’engagement sont là : la majorité des acteurs de tous les pays (87%) s’entend sur le fait qu’il faut aller plus loin en matière de construction durable, même si l’aspiration au statu quo progresse (9 %, +4 points). Parmi les actions prioritaires pour accélérer son développement : la sensibilisation du grand public ; la question du coût perçu et la coopération de l’ensemble des parties prenantes sont cruciales. En revanche, le rôle des initiatives publiques (normes, réglementations, aides) reste sous-estimé.

Un enjeu porté par les professionnels 

Enfin, la rénovation énergétique apparaît comme une priorité dans les pays au parc immobilier très établi, comme la France, comparativement aux pays qui privilégient les programmes de construction neuve afin de loger une population grandissante, comme au Canada, en Amérique latine et en Asie. « 92 % des professionnels de la construction pensent que la construction durable constituera tout ou partie de leur activité d’ici 5 ans. »

Signal positif, les professionnels se sentent largement engagés dans la construction durable : 85 % déclarent y réaliser tout ou partie de leur activité, et 92 % pensent le faire dans les cinq ans. L’absence d’engagement dans la construction durable est perçue comme un facteur discriminant. Les professionnels sont également nombreux à considérer l’engagement de leurs fournisseurs en faveur de la construction durable comme un critère de sélection. Côté élus, la dimension durable constitue un critère décisif d’attribution des marchés publics : près de 9 élus sur 10 considèrent ce critère comme important.

Focus France : La rénovation énergétique en retard mais au fort potentiel

Un focus de l’Observatoire de la Construction Durable de Saint-Gobain/CSA, appuyé sur 20 entretiens d’acteurs français - artisans, architectes, universitaires, représentants d’organisations professionnelles, ONG et associations et élus - relève pour sa part le retard de la France sur ses objectifs en matière de rénovation énergétique, « alors même que le pays dispose d’un stock de bâtiments à rénover plus important que d’autres pays européens ayant conçu différemment leur habitat, notamment les pays scandinaves ». Les acteurs interrogés partagent le constat d’une filière rénovation longtemps délaissée au profit de la construction neuve, et n’ayant pas été perçue comme un véritable marché. Partant de ce principe, les professionnels (artisans, architectes) se sont longtemps spécialisés, privilégiant le marché du neuf.

Ceci se traduit par le constat d’une nécessaire accélération de la rénovation énergétique, mais un manque de vision globale et partagée pour sa mise en œuvre ; un consensus sur les priorités de la rénovation énergétique, en particulier sur la pertinence des rénovations globales, sur le rôle majeur de l’enveloppe du bâtiment et en particulier son isolation, alors que les avis divergent sur la question des coûts et bénéfices induits ; une prise de conscience généralisée et des politiques publiques volontaristes, avec pour autant des freins persistants tels que le coût perçu ainsi que la disponibilité et la compétence des professionnels notamment.

Toutefois, une transformation de fond semble à l’œuvre. Pour la plupart des personnes interrogées, il est clair que la rénovation énergétique en est à ses débuts. Pour accélérer le pas, les principaux leviers identifiés par les répondants sont les process et bonnes pratiques à systématiser, une organisation et une industrialisation de la filière et l’accompagnement des propriétaires. Les politiques publiques se sont saisies de ces sujets avec par exemple le dispositif MaPrimeRénov’ ou encore le programme EduRénov’.

Enseignements clés : 
• Des perceptions stables sur la construction durable avec toujours le même et seul prisme environnemental. Une dimension bien-être et santé des occupants du bâtiment encore mal reconnue et valorisée ;
• Une urgence d’agir partagée mais qui nécessite plus de sensibilisation et de coopération ;
• Des acteurs plus informés, formés et engagés ;
• Un déploiement de la construction durable qui ne sera efficace que s’il est bien adapté aux réalités locales.

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