Adaptation au changement climatique : le CSTB organise une journée dédiée le 30 mai

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

610 Dernière modification le 26/04/2024 - 11:49
Adaptation au changement climatique : le CSTB organise une journée dédiée le 30 mai

La deuxième Journée de la Recherche organisée par le Centre scientifique et technique du bâtiment aura lieu le 30 mai 2024 au siège de la SMABTP à Paris dès 8h30. Précisions sur le programme et les enjeux de cet événement avec Alexandra Lebert, directrice de domaine d'action stratégique recherche au CSTB.


Pourquoi avoir choisi le  thème de l’adaptation des bâtiments et des environnements urbains au changement climatique ? 

Alexandra Lebert : Nous vivons actuellement une sortie d’alignement des planètes politiques, techniques et économiques sur le sujet choisi, et tombons sur un double effet de calendrier : d’une part, il y a la sortie très attendue du PNACC 3 [troisième plan national d'adaptation de la France au changement climatique] qui devrait entrer en consultation d’ici peu pour être promu d’ici à cet été. D’autre part, côté CSTB, nous avons des résultats concrets de recherche à partager aux acteurs en matière d’adaptation. Plus largement, il ne fait aucun doute qu’il existe une attente globale très forte de la filière sur cette thématique aujourd’hui. 


Quels seront les temps forts à ne pas manquer durant cette Journée de la Recherche ? 

AL : La matinée sera consacrée aux vagues de chaleur et au confort estival dans les logements et les villes. C’est un sujet que nous souhaitons présenter dans un continuum de l’humain à la ville. Nous aborderons les stratégies individuelles et collectives sur ces problématiques lors d’une table ronde en fin de matinée :  quel ressenti et quel vécu des populations sur ces sujets ? Quelles sont les solutions spontanées ou planifiées qu’elles mettent en place ? Comment les accompagner dans une « culture du chaud » ?

Nous élargirons le spectre l’après-midi avec trois sujets de fond pour lesquels nous ferons un état des lieux de la connaissance et de la recherche : la qualité de l’air intérieur en 2050, la prise en compte des vents extrêmes pour la construction et les phénomènes de retrait-gonflement des argiles (dont on parle beaucoup en ce moment, puisque ce phénomène va représenter sans nul doute une facture conséquente – individuelle et collective – dans les années à venir). 
La journée se conclura par une table ronde dédiée aux besoins et aux coûts liés à l’adaptation au changement climatique, au cours de laquelle plusieurs économistes interviendront.


Vous évoquez la question de l’humain. Est-il important de le replacer au cœur de vos travaux ? 

AL : Aujourd’hui, l’individu est central dans notre recherche. Il s’agit d’un véritable changement de paradigme sur la façon de concevoir des outils, des bâtiments et des villes. La question est la suivante : Comment concevoir, réhabiliter, habiter pour « bien vivre ensemble » ? Comment fait-on le lien entre la vie réelle, le comportement et la culture des individus et le monde de l’ingénierie et de la recherche ? 


Qu’attend le CSTB de cet événement ?

AL : On connait souvent le CSTB comme organisme d’évaluation et de certification, mais moins pour son activité de recherche opérationnelle. Or, elle est très importante. Le CSTB est un centre de recherche qui doit nourrir le ressourcement scientifique des professionnels du bâtiment. Cette recherche a pour finalité d’impacter et de mettre à disposition des acteurs non seulement des connaissances, mais aussi des outils et des solutions concrètes pour changer la donne dans le secteur. 

Enfin, il faut savoir que le CSTB travaille rarement seul, et c’est d’autant plus vrai pour le sujet de l’adaptation au changement climatique, vaste et transversal. Le 30 mai, la parole sera également donnée  à nos partenaires ou chercheurs dont nous suivons les travaux. Notre volonté est de rassembler les compétences qu’elles soient au CSTB ou à l’extérieur et de s’allier avec d’autres organismes pour pouvoir apporter une réponse globale aux problématiques traitées. Fédérer autour des enjeux majeurs est une évidence et un besoin. 

 

Tout ce que l’on entreprend doit être envisagé sous le prisme du climat de demain

Sur l’adaptation au changement climatique, quel enjeu voulez-vous mettre sur le devant de la scène ?

AL : Le premier chantier à mener est celui de la mobilisation : il est nécessaire que tous les acteurs se sentent concernés par l’enjeu de l’adaptation, ce doit être un projet de société commun qui embarque toutes les composantes de nos sociétés. Chaque acteur a sa propre partition à jouer. 

Ce n’est qu’une fois que l’on aura fait l’exercice d’anticiper les effets du changement climatique, et que l’on aura partagé une ambition par rapport à cette problématique, que l’on y parviendra. 

Ensuite, il y a la question de l’urgence. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus avoir le luxe de dépenser un seul euro sans penser au sujet de l’adaptation. Tout ce que l’on entreprend doit être envisagé sous le prisme du climat de demain.  


Etes-vous optimiste ?

AL : Optimiste, je ne sais pas mais, ce dont je suis certaine, c’est qu’il faut agir. C’est de l’ordre du devoir moral collectif vis à vis des jeunes générations et des futures. 


Quelles sont les dernières actions majeures du CSTB en faveur de l’adaptation au changement climatique ? 

AL : En 2024, nous mettons à disposition les grilles d’analyse issues de nos travaux – outils, indicateurs, méthodes… – pour que les acteurs appréhendent la vulnérabilité de leurs biens et des projets (aux effet d’îlots de chaleur, aux vagues de chaleur, aux risques de retrait-gonflement d’argile par exemple). Nous passons au crible les différentes solutions, pour en donner une vision complète tant technique, qu’économique pour que les acteurs puissent directement se consacrer à la mise en place de solutions concrètes. 

Mi-mai va être lancé l’Observatoire de la Qualité de l’Environnement Intérieur (OQEI), financé par les pouvoirs publics et coordonné par l’Anses et le CSTB, qui prend la suite et étend le champ de l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur. Ce sera une sorte de vigie, notamment sur le confort estival mesuré dans les logements. Cet observatoire va permettre de rassembler la connaissance existante et de lancer des campagnes de mesures pour en avoir une compréhension la plus fine possible. 

Gérer l’inévitable et éviter l’ingérable


Un mot pour conclure ? 

AL : Le mantra, c’est que le secteur du bâtiment doit mener de front deux chantiers colossaux : ce n’est pas parce que nous traitons le sujet de l’adaptation le 30 mai prochain que nous oublions celui de l’atténuation des effets du changement climatique. 

C’est tout le travail que nous menons au CSTB, et cela peut se résumer par la phrase devenue célèbre du climatologue italien Filippo Giorgi  : "gérer l’inévitable et éviter l’ingérable".
 

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