[REX] Végétalisation et biodiversité : dépasser les normes et les réglementations

4747 Dernière modification le 30/11/2021 - 10:15

Alors que les normes et réglementations sur l’intégration de la biodiversité dans les opérations de construction et de rénovation se font plus pressantes, des porteurs de projets proposent de dépasser ces contraintes afin de réaliser des bâtiments toujours plus vertueux. C’est le cas de la réhabilitation du bâtiment Triangle Saint Charles, menée par Poste Immo pour le Groupe La Poste. Grâce à ses quatre niveaux de toiture, le bâtiment a pu servir de support pour expérimenter la recréation de différents écosystèmes. Retour d’expérience.

Contexte : des normes et des réglementations qui se renforcent

Tout comme les autres secteurs de la société, le bâtiment n’échappe pas aux impératifs de la transition écologique. En effet, le gouvernement met en place de nombreuses stratégies nationales pour répondre aux enjeux de notre société, qui touchent directement ce secteur : la Stratégie Nationale Bas Carbone, France Relance, l’obligation d’améliorer la performance environnementale en cas de rénovation, etc.

La réglementation et les normes qui concernent le bâtiment se durcissent, avec des objectifs de réduction des impacts environnementaux de plus en plus élevés.

Par exemple, Poste Immo, en plus des obligations thermiques et énergétiques, doit composer avec plusieurs autres normes et réglementations liées à l’environnement :

  •  La RE 2020 à venir ;
  • La Loi Energie Climat de 2019 (art.29) qui comprend un reporting obligatoire sur les risques biodiversité ;
  • La Loi Climat et résilience de 2021 et son objectif Zéro Artificialisation Nette à horizon 2050 et ses contraintes pour la végétalisation de toitures de bureaux de plus de 1000m² ;
  • La Taxinomie Verte Européenne 2022, qui définit les « bâtiments verts » selon la contribution à la biodiversité.

Ainsi, les opérations de rénovation et de construction doivent dorénavant intégrer des enjeux comme le bas carbone, la biodiversité ou encore l’économie circulaire.

 

Dépasser les normes et les réglementations, une nécessité

Pour les acteurs du secteur du bâtiment, dépasser les normes et les réglementations apparait comme une nécessité. Cette position proactive permet :

  • De se projeter et d’anticiper les normes et réglementations à venir, qui vont être de plus en plus contraignantes, afin de ne pas être pris au dépourvu par leur évolution
  • D’être innovant et de mettre en place des démonstrateurs afin d’expérimenter puis de diffuser les bonnes pratiques.

Ainsi, Poste Immo se positionne sur l’énergie (développer le recours aux énergies renouvelables et bas carbone, améliorer les performances énergétiques de son parc avec l’accompagnement de Sobre Energie®, etc.), le climat (encourager l’usage de matériaux bas carbone, s’inscrire dans la SNBC, etc.) l’économie circulaire (gestion des déchets de chantier, réemploi et le recyclage, etc.) et la biodiversité (favoriser la végétalisation des bâtiments, préserver la biodiversité, etc.).

 

Le projet TriAngle Saint Charles : un démonstrateur vertueux pour l’intégration de la biodiversité

Le projet TriAngle Saint Charles est une opération de réhabilitation d’un immeuble de presque 13 000m² du Groupe La Poste. Ce dernier est situé près de la Gare Saint Charles, en plein centre de Marseille.

Au-delà de la nature exemplaire du projet de réhabilitation, qui permet de donner une seconde vie au bâtiment, de répondre à des enjeux de densité urbaine et de réutilisation du bâti existant, Poste Immo a choisi de profiter de cette opération pour mettre l’accent sur la biodiversité et la végétalisation du site par nature très minéral.

Le projet a nécessité 3 ans de travail, durant lesquels Poste Immo a été accompagné par le bureau d’études thermiques et environnementales Novacert, et le cabinet de Maîtrise d’œuvre AI Project.

 

 

Recréer des espaces les plus naturels possibles

Le support de végétalisation privilégié dans cette opération est la toiture. En effet, le bâtiment comprend quatre niveaux de toitures, soit une très grande surface exploitable. Au total, plus de 1400 m² ont été végétalisés d’espèces adaptées au climat méditerranéen. Plusieurs écosystèmes ont été recréés, en imitant des environnements présents dans la nature. Des zones de prairie ont été installées et des éléments minéraux ont également été utilisés : des tas de pierre et de bois mis en place afin d’être au plus proche d’un environnement naturel et favoriser ainsi le développement des insectes et espèces herpétofaunes

Cette végétalisation a été accompagnée de supports de biodiversité, comme des hôtels à insectes ou encore des nichoirs sélectionnés pour accueillir les oiseaux identifiés dans l’étude environnementale.

L’irrigation des toitures est notamment assurée par le stockage et la réutilisation de l’eau de pluie. En effet, Poste Immo a tiré parti d’anciennes cuves à fioul afin de récupérer l’eau de pluie qui tombe sur le bâtiment. Ces cuves peuvent ainsi stocker 140m3 cubes d’eau.

 

Les atouts de cette végétalisation

La végétalisation des bâtiments permet de renforcer les services écosystémiques, notamment en ville où leurs bienfaits sont particulièrement réduits (services d’approvisionnement en ressources, services de régulation des phénomènes naturels et climatiques, services récréatifs et éducatifs, etc.). La végétalisation permet notamment de lutter contre les îlots de chaleur urbains, dont l’effet est particulièrement fort dans une ville comme Marseille, qui connait des températures élevées.

Le Triangle Saint Charles étant situé en centre-ville dense, l’apport de faune et de flore sur ses toitures bénéficie à tous les bâtiments et les espaces urbains aux alentours.

Des performances environnementales reconnues

L’opération Triangle Saint Charles a obtenu la certification Effinature. Ce référentiel, développé depuis 2009, valorise l’intégration de la biodiversité dans les opérations immobilières. Il évalue la phase conception, la phase réalisation et la phase exploitation. Délivrée par l’Institut de Recherche et d'Innovation pour le Climat et l'Écologie (IRICE), le référentiel intègre ainsi des enjeux comme le soutien à la faune locale, la préservation du sol vivant, le développement du patrimoine végétal ou encore réduction des impacts du projet. Dans le cas présent, la réutilisation du bâtiment et de certains de ses équipements a permis de limiter la génération de déchets de chantier.

Un modèle de végétalisation réplicable

Des méthodes et outils réplicables au sein même du parc de Poste Immo

« Marseille TriAngle a été précurseur car c’est le premier bâtiment postal à avoir embarqué, et ce bien en amont du projet, une certification dédiée à la biodiversité » témoigne Thibaud Gagneux, référent Biodiversité chez Poste Immo. « Ce bâtiment nous a permis de mettre en place des actions réplicables en faveur de la préservation de la biodiversité en instaurant les outils et les reportings nécessaires pour évaluer notre progression. »

Cette opération s’inscrit pleinement dans la politique RSE de Poste Immo : « Nous sommes en train de définir une stratégie Biodiversité ambitieuse à 2030 et, nous nous apprêtons à la décliner sur nos actifs et au sein de nos métiers », rappelle Thibaud Gagneux. « Depuis, nous avons monté d’autres projets emblématiques qui abordent la biodiversité au travers des certifications génériques ou qui embarquent un label BiodiverCity® (par exemple, la Maison de l’Innovation à Nantes). »

Un projet inspirant pour tous les bâtiments

Au-delà du parc de Poste Immo, les outils et méthodes développés dans l’opération Triangle Saint Charles sont également déployables sur tous types de bâtiments. Un des atouts forts pour la réplicabilité du projet est l’entretien limité des surfaces végétalisées. En effet, grâce au choix d’espèces adaptées au site, les écosystèmes peuvent se gérer eux-mêmes. Cela permet d’économiser du temps, du personnel et de l’argent.

Ainsi, le projet a été mis en avant par la Caisse des Dépôts à l’occasion de son événement « Journée de la Nature », le 07 septembre 2021, qui le présentait comme un modèle à suivre pour la préservation de la biodiversité.

« Quant aux autres acteurs de l’immobilier, nombreux sont ceux qui ont déjà enclenchés des réflexions et/ou actions sur le sujet », conclut Thibaud Gagneux. « Il faut dire que le contexte politique et réglementaire aujourd’hui, nous impose d’aller plus loin et d’agir avec force pour une meilleure prise en compte des impacts et des dépendances de la biodiversité dans le secteur de l’immobilier. »


Pour aller plus loin :

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