Marcher en ville sans avoir trop chaud, est-ce possible ?

Rédigé par

Eric LARREY

Directeur de l'innovation

1818 Dernière modification le 08/03/2024 - 10:06
Marcher en ville sans avoir trop chaud, est-ce possible ?

Disposer de lieux de fraîcheur, de parcs et de jardins est un bienfait pour tous les usagers de la ville. Mais ces espaces sont-ils tous bien accessibles et reliés entre eux par des cheminements confortables ? Est-il possible de s’y rendre à pied ou à vélo sans prendre un coup de chaud ?

Cette petite analyse montre que 540 000 Parisiens, soit un quart de la population, sont directement concernés par des voies en déficit de confort.


Les plans de végétalisation des villes prévoient généralement le maintien, le développement et la création d’espaces de verdure. Il est également nécessaire de prévoir des chemins de fraîcheur, de confort, permettant de les rejoindre à pied, vélo, trottinette… Idéalement, ces lieux de verdure devraient être connectés par des voies de confort et chaque espace de la ville devrait être connecté à ce réseau par autant de voies de confort.

Qu’en est-il dans nos villes ? Nous avons abordé le sujet en nous intéressant au cas de la capitale.

La notion de confort

La perception que les usagers peuvent avoir d’un lieu dépend de facteurs objectifs ainsi que de la personnalité et des attentes de chaque usager. Dans le cadre de cette approche, nous retenons 3 paramètres :

  • La végétation
  • Le confort thermique (aux heures chaudes)
  • L’aération des voies

La végétalisation et la température ressentie

Végétation et confort thermique sont intimement liés. Puisque nous nous intéressons au déplacement d’une personne, plutôt aux heures chaudes, nous avons utilisé notre modèle de prévision de la température ressentie, qui dérive de l’ICTU (Indice de Confort Thermique Usager), en permettant de cartographier la température ressentie à n’importe quelle heure de la journée.

La carte suivante présente une vue de cette carte de température ressentie par un jour « standard » de juillet 2023 à 14h. Les températures ressenties diffèrent notamment suivant l’orientation des rues.

Les rues plutôt orientées est-ouest et à faible rapport d’aspect largeur / hauteur font bénéficier leurs usagers d’espaces ombragés, au contraire des rues orientées nord-sud ou des places largement ouvertes.

La ventilation des rues

L’animation suivant présente la simulation des écoulements d’air dans un quartier de Paris, à hauteur d’usager, suivant toutes les directions de la rose des vents.

En prenant en compte les probabilités de provenance des vents et leur vitesse :

Il est possible d’établir un niveau d’aération de chaque rue. Ces données peuvent être retrouvées de manière plus détaillée pour leur lien avec la pollution urbaine.

Ces différents critères sont associés pour définir un indice de confort de voirie et que nous utiliserons ici.

La connectivité des espaces de verdure

La carte suivante présente les îlots de fraîcheur - Espaces verts "frais" de Paris, tels que décrits sur l’open data, et le réseau de voirie.

"Espaces verts frais" (source Open Data) et voiries 

L’animation suivante présente ce même réseau suivant les différents niveaux de confort des rues.

Réseau des rues par niveau de confort

Il ressort assez clairement qu’il manque des connectivités de confort et que des quartiers entiers ne sont pas connectés via des chemins de confort. Regardons de plus près les zones les plus isolées au regard de ce critère.

La carte suivante présente les voies les moins confortables :

Réseau des rues les moins confortables

Majoritairement situées dans le cœur de Paris, elles forment un réseau qu’il serait intéressant de comparer à la donnée suivante, issue du site de l’APUR, qui présente « Les trottoirs de Paris … très sollicités par les 3,5 millions de personnes présentes  chaque jour à Paris. »

Il est néanmoins possible d’évaluer l’impact sur la population en estimant le nombre d’habitants ayant un accès direct à ces voies les moins confortables. La carte suivante présente tous les lieux de vie (habitation, activité) jouxtant lesdites voies.

Lieux de vie impactés par des rues à très bas niveau de confort

Un réseau de voirie qui concerne directement 540 000 habitants, soit un quart de la population

Eric Larrey, Directeur de l'Innovation du groupe VERDI.

Partager :