ITW H.Varlet et S.Bordebeure (Ingénieurs à l’ADEME) – Economie circulaire et bâtiment

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Cercle Promodul/INEF4 Communication

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3024 Dernière modification le 24/12/2019 - 10:27
ITW H.Varlet et S.Bordebeure (Ingénieurs à l’ADEME) – Economie circulaire et bâtiment

Les politiques actuelles s’orientent vers une gestion responsable et durable des ressources naturelles. A ce titre, l’union européenne fixe les objectifs de valorisation des déchets issus du BTP à 70% à partir de 2020. L’impact carbone, intégrant la notion d’empreinte environnementale de la conception à la déconstruction d’un bâtiment, aura d’ailleurs sa place dans la prochaine réglementation environnementale RE2020.

Par conséquent, un modèle d’économie circulaire doit être adopté par l’ensemble des acteurs du bâtiment, en opposition au modèle traditionnel (ou linéaire) d’utilisation des ressources.

Mais, comment opérer un tel changement de paradigme auprès de la filière ? L’économie circulaire implique de s’adapter à de nouvelles méthodes de conception, de travail mais aussi d’innovation.

Un des premiers pas vers la réussite de cette transition est l’accompagnement et le soutien ainsi que la diffusion des connaissances et des retours d’expériences.

Pour mieux appréhender ces notions, nous avons posé 3 questions à Hélène Varlet et Sylvain Bordebeure, ingénieurs référents sur l’économie circulaire appliquée au secteur du Bâtiment à l’ADEME.

Comment rendre accessible et compréhensible l’économie circulaire, et par extension l’écoconception, pour les artisans et les particuliers ? Et pour quel(s) avantage(s) (valorisation patrimoine, économies, engagement environnemental etc…) ?

L’économie circulaire a pour objectif de répondre aux besoins de construction (rénovation et construction neuve) tout en réduisant la consommation de ressources et la production de déchets.

L’économie circulaire nécessite un travail collaboratif et interdisciplinaire, une anticipation et une réflexion sur toute la durée de vie d’un bâtiment afin de limiter les impacts environnementaux.

L’association Alliance HQE-GBC et le centre de ressources BAZED ont traduit ce concept pour le monde du bâtiment :

 

Et sur ce sujet, Alliance HQE-GBC continue à avancer avec le soutien de l’ADEME via notamment le lancement en 2019 d’un test HQE Performance Economie Circulaire afin d’identifier des indicateurs de circularité du bâtiment.

Comment diriger le particulier et les artisans vers les bonnes pratiques en matière d’écoconception et d’économie circulaire (organismes, guides, normes etc…) ? Quels leviers supplémentaires mettre en place ?

Le maître d’ouvrage est le premier maillon de la chaîne des acteurs et doit formuler ses exigences pour limiter la production des déchets et en assurer leur valorisation.

A ce titre, l’ADEME soutient plusieurs initiatives pour promouvoir les bonnes pratiques avec le développement d’outils à l’exemple :

De nombreuses filières de valorisation des déchets existent mais nécessitent en amont de ne pas les mélanger sur le chantier : les points de collecte en lien avec les filières de recyclage sont d’ailleurs mis en valeur dans l’application « Déchets BTP » de la FFB qui les recensent au niveau national.

Afin de pouvoir faire du parc des bâtiments la banque de matériaux des constructions futures comme le propose la Feuille de Route Economie Circulaire (FREC), il est aussi indispensable de faire preuve d’anticipation dès la phase conception.

D’une part, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre doivent réfléchir ensemble à la transformabilité et à la réversibilité du bâti d’un usage à l’autre (ex : de logement à bureau) mais elles doivent aussi intégrer en phase amont toute la dimension fin de vie du bâtiment dans une logique de déconstructibilité (afin de mieux en valoriser ses composants).

Enfin, dans un souci de contribuer à rendre disponibles des outils pour tous les acteurs de la chaîne, l’ADEME soutient les travaux de la Fondation Bâtiment Energie dont les résultats seront connus mi-2020 : élaboration de critères et indicateurs pour le développement de bases scientifiques à la caractérisation de l’économie circulaire dans le secteur du bâtiment.

Pour les artisans et les particuliers, l’encadrement réglementaire actuel devrait-il évoluer selon vous ? Si oui, de quelle manière ? Si non, les choix d’écoconception devraient-ils plutôt faire appel à une démarche volontaire ?

La Feuille de Route Economie Circulaire (FREC) intègre trois mesures spécifiques sur les déchets du bâtiment pour renforcer le tri, le réemploi et la valorisation :

  • rendre la collecte des déchets du bâtiment plus efficace pour favoriser le recyclage avec l’étude de différentes solutions dont la filière REP (Responsabilité Elargie des Producteurs),
  • la refonte du diagnostic déchets avant démolition,
  • le développement avec les acteurs de guides techniques permettant la reconnaissance des performances techniques, sanitaires et environnementales de matériaux réutilisés ou réemployés.

De nombreuses réflexions sont en cours autour de ces mesures et devraient conduire prochainement à des évolutions réglementaires.

En parallèle, la mise en œuvre d’un dispositif national de traçabilité de l’ensemble des déchets issus des chantiers de démolition et rénovation lourde est étudiée par les acteurs dans le cadre du programme Démoclès.

La traçabilité est nécessaire pour aller vers de meilleures pratiques en matière de gestion des déchets de chantiers :

  • identifier les responsabilités de chaque acteur ;
  • lier les trois piliers que sont le diagnostic, la traçabilité et le récolement ;
  • définir les modalités de contrôle ;
  • s’assurer que les mécanismes favorisant la valorisation des déchets soient respectueux des équilibres économiques des acteurs.

Hélène Varlet est ingénieure Economie Circulaire à la Direction Villes et Territoires Durables de l’ADEME.

Sylvain Bordebeure est ingénieur Economie Circulaire appliquée aux secteurs du Bâtiments et des Travaux Publics à la Direction Economie Circulaire et Déchets de l’ADEME.

Missions : 

  • accompagnent les acteurs de la construction dans leurs actions de réduction de la production de déchets et de valorisation dans les filières de recyclage ;
  • coordonnent l’acquisition de connaissances et la diffusion de retours d’expériences au travers des centres de ressources de l’ADEME (optigede.ademe.fr) et des partenaires ;
  • soutiennent des programmes de recherche facilitant la mise en place de nouvelles filières de valorisation des déchets du BTP ou l’amplification de filières existantes ;
  • Conseillent et appuient les politiques politiques (LTECV, Feuille de route économie circulaire, ECV, etc.).

 

Article publié sur Promodul
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