Eric Toucheleaume partage sa passion pour l’Habitat Tropical de Jean Prouvé

5688 Dernière modification le 07/09/2016 - 10:29
Eric Toucheleaume partage sa passion pour l’Habitat Tropical de Jean Prouvé

Depuis juillet 2016, à la Friche de l’Escalette à Marseille, un public de curieux ou de passionnés du travail de Jean Prouvé (1901-1984) peut admirer la restauration d’un prototype de l’Habitat Tropical de l’architecte datant de 1958.

La Friche de l’Escalette à Marseille

C’est une initiative privée que l’on doit à Eric Toucheleaume, propriétaire du site de la Friche de l’Escalette à Marseille depuis 2011. Passionné par Jean Prouvé, il souhaite faire de cette ancienne usine à plomb, un parc d’architectures légères. Des sculptures modernes et contemporaines présentant une sensibilité avec le lieu seront également exposées. Le public pourra ainsi être témoin de l’évolution, à chaque saison, de cette rénovation qui demandera de longues années.

Rapatriement des maisons tropicales

L’histoire qui lie Eric Toucheleaume à Jean Prouvé n’est pas récente. En effet, cet amateur d’art parisien retrouve et achète les trois maisons tropicales de l’architecte au début des années 2000. Deux sont installées à Brazzaville (Congo), et une à Niamey (Niger), elles sont dans un état suffisamment correct pour être démontées, ramenées en France et restaurées. En 2006, l’une des deux maisons de Brazzaville intègre les collections du centre Georges Pompidou. L’année suivante, la seconde sera vendue pour 5 millions de dollars chez Christie’s à New York. La troisième voyagera pour poser enfin ses valises à Marseille !

Un architecte visionnaire

Ces trois maisons sont en réalité des prototypes. Jean Prouvé est un visionnaire. Compagnon de route de Le Corbusier, il est le pionnier de la construction en préfabriqué. À l’image de la célèbre « Maison des jours meilleurs », conçue à la demande de l’Abbé Pierre en 1956, Jean Prouvé imagine une réponse aux besoins d’infrastructures des anciennes colonies. Alors que les bâtiments coloniaux en béton sont de véritables fournaises, Jean Prouvé et son jeune frère Henri, imaginent une architecture adaptée au climat local, avec des pare-soleil et un toit en aluminium, matériau choisi pour sa légèreté et ses propriétés réfléchissantes. De multiples ouvertures assurent une ventilation naturelle.

Industrialiser le secteur du bâtiment

Avec ses maisons tropicales, Jean prouvé démontre qu’il est possible d’industrialiser le secteur du bâtiment en produisant des maisons usinées comme des automobiles. Expédiées par avion vers l’Afrique, ces constructions d’acier et d’aluminium étaient assemblées sur site en deux semaines. Mais les commandes ne viendront pas en raison du coup jugé prohibitif par l’administration coloniale de l’époque, notamment à cause du coût du transport. Les trois bâtiments resteront donc des prototypes, tomberont peu à peu dans l’oubli et rencontreront Jean Toucheleaume.

Jean Prouve architecte, archives des maisons tropicales, préfabriqué à Brazzaville ©Centre Georges Pompidou

Jean Prouve architecte, archives des maisons tropicales, préfabriqué à Brazzaville ©Centre Georges Pompidou

Article publié sur Mondial du bâtiment
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