#2 - Pour une rénovation énergétique et environnementale massive et efficace

Rédigé par

ALTEREA Ingénierie

Ingénieriste de l'énergie

5003 Dernière modification le 14/09/2021 - 12:36
#2 - Pour une rénovation énergétique et environnementale massive et efficace

La rénovation énergétique et environnementale du patrimoine bâti français est à la fois un chantier au service du climat, du secteur du bâtiment mais également des dépenses énergétiques. C’est pour cette raison que le gouvernement engage de nombreuses actions en faveur de la massification de la rénovation énergétique, telles que le rapport Olivier Sichel paru en mars 2021, l’appel à projets Massiréno développé en décembre 2020 et le plan énergétique des bâtiments lancé en avril 2018. Mais alors, comment massifier la rénovation énergétique et environnementale du patrimoine français ? Voici quelques bonnes pratiques à réaliser.

Pourquoi choisir une rénovation massive des bâtiments ?

Pour préserver l’environnement

Le secteur du bâtiment (construction, rénovation, usage du bâtiment dans la durée) représente 43% des consommations énergétiques françaises et produit plus du quart des émissions nationales avec plus de 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone et de gaz à effet de serre (GES) par an. (source : Ministère de la Transition Écologique)

Massifier la rénovation énergétique du patrimoine français participe à :

  • accélérer l’atteinte des objectifs nationaux de transition énergétique et de réduction des émissions de GES : maintenir la hausse des températures en deçà de 2 °C, réduire de 49% les émissions du secteur du bâtiment, atteindre la neutralité carbone en 2050 (source : Stratégie Nationale Bas Carbone) ;
  • accroître le rythme et la qualité des rénovations avec un objectif de 500 000 rénovations par an entre 2018 et 2022. (source : Plan de rénovation énergétique)
  • réduire les déchets, organiser le réemploi et abaisser les émissions de GES directement liées aux chantiers.

Pour réduire le coût des travaux

Aujourd’hui, le coût de la rénovation énergétique et environnementale d’un bâtiment reste élevé. À l’échelle de plusieurs sites, la massification de la rénovation permet : 

  • La mutualisation des coûts : montage d'opérations pour les Assistants à Maîtrise d’Ouvrage, prestations intellectuelles des Maîtres d’Œuvre, Contrôleur Technique, coordonnateur SPS, démarches administratives, montage financier, aides…
  • Une économie d’échelle, par l’augmentation des volumes, la répétitivité et la standardisation, permettant de diminuer les aléas et les marges de risques, offrant également une vision long terme aux entreprises ainsi qu’aux industriels sur les carnets de commande et sur les amortissements de leurs investissements.

Pour le progrès du BTP

Ce nouveau dispositif induit une adaptation forte des pratiques et des techniques actuelles qui ne permettent pas d’atteindre les objectifs définis dans le Plan Climat.

Le principe d’industrialisation, qui prévoit la préfabrication de composants (façade, toiture, module énergie) en usine et leur assemblage sur site, participe à l’émergence d’une nouvelle filière assurant :

  • De meilleurs délais de travaux 
  • Un gain de confort pour les usagers
  • Une baisse des consommations
  • Une réduction des coûts globaux de rénovation
  • La pérennité des ouvrages par la fiabilité et la qualité de la mise en œuvre
  • Une solution pour les pénuries de main d’œuvre

Les bonnes pratiques pour massifier la rénovation énergétique

Par où commencer ?

Pour qu’une solution de rénovation soit applicable et duplicable sur plusieurs sites, il est indispensable d’identifier et de travailler sur des patrimoines de grande taille ainsi que de se projeter dans la durée. Certains Maîtres d’Ouvrage possèdent déjà un patrimoine diversifié. Pour d’autres, il peut être envisageable d’organiser un regroupement pour favoriser la massification. C’est notamment le cas de la centrale d’achat MASH, regroupant quatorze bailleurs, qui ambitionne la rénovation énergétique de plus de 2 000 logements en Pays de la Loire et en Bretagne.

À l’échelle de ce patrimoine, il faut ensuite établir une vision consolidée des besoins de travaux et de la programmation pluriannuelle à mettre en œuvre. Pour ce faire, une seule voie : les diagnostics énergétiques, environnementaux et techniques et la réalisation d’un Schéma Directeur Énergie & Environnement (SDEE). Pour être efficient, ce SDEE doit questionner en étroite relation :

  • La politique énergétique des Maîtres d’Ouvrage. Une trajectoire décarbonée nécessitera des choix forts sur les programmes neufs (abandon du fossile au profit des énergies renouvelables sur tous les nouveaux programmes par exemple) et une vision à dix ans sur le parc existant.
  • Le programme d’entretien et d’amélioration du patrimoine. La synchronisation des travaux de rénovation énergétique et environnementale, avec le programme d’entretien et d’amélioration du patrimoine, est cruciale pour mobiliser les budgets à leur optimum.
  • Le programme d’amélioration énergétique et environnementale de chaque site. Les contraintes de certaines opérations conduiront régulièrement à pousser les curseurs sur les sites les plus prometteurs afin de trouver le bon niveau d’engagement sur l’ensemble du patrimoine.

À l’issue de ce SDEE, le Maître d’Ouvrage doit par ailleurs statuer sur la stratégie opérationnelle qui lui permettra de déployer la démarche de travaux et de suivi effectif de la performance. Il existe plusieurs démarches travaux pour massifier la rénovation énergétique et environnementale :

Enfin, il est recommandé d’ancrer ce SDEE sur une vision forte des objectifs à atteindre, par exemple en s’appuyant sur les quatre axes suivants :

  • Un nouvel art de concevoir priorisant la performance énergétique et environnementale
  • Des produits performants et durables
  • La résilience face au dérèglement climatique
  • La conduite du changement

Qui est concerné ?

Cette démarche de massification concerne directement les grands gestionnaires de patrimoine, public et privés : collectivités, bailleurs sociaux, assets managers, foncières. Elle s’adresse également aux Maîtres d’Ouvrage avec un patrimoine plus diffus qui trouveront la capacité de s’organiser en groupement.

À leurs côtés, ce type de démarche nécessite également une remise en cause forte des pratiques. L’engagement des acteurs institutionnels comme Enedis, la Caisse des Dépôts, GrDF, les services d’instruction mais également toutes les filières professionnelles du bâtiment est primordial pour développer le principe de massification de la rénovation énergétique en France. Pour garantir l’évolution des pratiques et l’adhésion de ces acteurs à la démarche, il est nécessaire de les sensibiliser à ces enjeux et de les accompagner dans l’adaptation de leurs propres pratiques.

Les techniques et procédés

Toute démarche de massification implique un travail de standardisation. Cette standardisation devra s’opérer à tous les niveaux, en acceptant les compromis. Elle doit permettre la répétitivité qui assurera à la fois des économies d’échelles et le déploiement d’une démarche industrialisée.

Ce travail de standardisation permet, par ailleurs, la recherche de valeur ajoutée dans le choix des techniques et des procédés. Les matériaux et les produits doivent être éco-conçus : énergie grise, matériaux biosourcés et durables, anticipation de la réparabilité et de la démontabilité, travail en amont autour du ré-usage et du réemploi.

Le principe d’industrialisation est incontournable. D’abord, le DFMA (Design for Manufacturing and Assembly) relève d’une volonté de penser un produit par la manière dont il va être conçu et assemblé, assurant une qualité optimale, un coût maîtrisé et une réutilisation de la solution. Ensuite, en phase chantier, le LEAN consiste en une gestion organisationnelle performante et en une optimisation du système de production (productivité, maîtrise des coûts et délai). Enfin, l’industrialisation de la démarche doit questionner le processus qualité associé à l’ensemble des opérations, notamment la gestion des déchets.

Pour un gain de temps et de productivité, certains processus et outils digitalisés peuvent être utilisés tels que la réalité augmentée, le recours au BIM et les logiciels sur tablette (contrôle sur les chantiers, communication avec les locataires et collaboration avec les industriels). La numérisation des bâtiments, via l’utilisation de capteurs connectés (IoT) et de plateformes de suivi, permet également de connaître les usages et les consommations énergétiques d’un bâtiment de manière non-intrusive, à moindre coût et donc à grande échelle.

Contrôle de la performance

Pour contrôler la performance réellement obtenue et maîtriser les opérations dans le temps, des jalons, des autocontrôles et des phases de recettage sont nécessaires et s’inscrivent dans un processus primordial de commissionnement tout au long de la conception, de la réalisation et du suivi des travaux.

L’enjeu est clair : des rénovations ambitieuses, rapides et moins chères. La massification de la rénovation énergétique et environnementale est la clé pour atteindre les objectifs de la France pour le climat, réduire le coût de ces rénovations et améliorer la productivité et la qualité d’intervention de la filière.

 

Un article signé Jérémie ROBERT, Directeur du développement chez ALTEREA

https://www.alterea.fr/

Crédits photos : ©ALTEREA

 


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