#23 - Le projet mySMARTlife : expérimenter et évaluer les innovations technologiques qui feront la ville de demain

Rédigé par

Pierre Nouaille

3203 Dernière modification le 19/06/2019 - 13:22
#23 - Le projet mySMARTlife : expérimenter et évaluer les innovations technologiques qui feront la ville de demain

Le projet mySMARTlife est l’un 5 des projets lauréats de l’appel à propositions « Smart cities and communities 2016-2017 » lancé par l’Union Européenne dans le cadre de son programme H2020. Réunissant 27 partenaires européens, il vise à tester, principalement dans les villes de Hambourg, Helsinki et Nantes, des innovations technologiques dans les domaines de la mobilité et de l’énergie. En mettant également l’accent sur la remontée d’informations relatives aux innovations testées, le projet cherche aussi à faire progresser les villes dans leur manière de gérer et partager les données urbaines.

Lancé fin 2016, le projet européen mySMARTlife réunit 27 partenaires que les villes de Hambourg (Allemagne), Helsinki (Finlande) et Nantes (France) ont réussi à fédérer dans un consortium de projet spécialement créé pour déployer puis évaluer différentes innovations appelées à modeler la ville de demain. Piloté par CARTIF, organisme de R&D espagnol, le projet mySMARTlife est financé à hauteur de 18 millions d’€ par l’Union Européenne et regroupe des acteurs industriels, PME, bureaux d’études, universités et laboratoires de recherche, organismes techniques et opérateurs de transport public… issus de 6 pays européens.

Le projet concourt dans la catégorie « villes intelligentes » du programme H2020 de soutien à la recherche et à l’innovation de l’Union Européenne. A ce titre, il entend tester plus d’une centaine d’innovations technologiques mobilisant les TIC, principalement dans les domaines de la mobilité et de l’énergie, et proposer ainsi des solutions aux villes pour réduire leurs émissions de CO2 et réussir leur transition écologique.

Mobilité électrique, véhicules autonomes, services de mutualisation de véhicules, systèmes intelligents de gestion de l’énergie, outils d’optimisation de réseaux de chaleur, dispositifs de stockage d’électricité… : voici quelques-unes des actions amenées à se déployer dans les 3 villes pilotes, qui vont, pendant les 5 années que dure le projet, faire office de démonstrateurs urbains.

 

La recherche de solutions généralisables et duplicables

L’objectif recherché ? Expérimenter en conditions réelles, à l’échelle de bâtiments ou de quartiers entiers, des solutions ou des services nouveaux afin de tester leur faisabilité et leur fiabilité technique, éprouver leur modèle économique et apprécier leur capacité à se déployer, à terme, à plus large échelle. Il s’agit bien, en effet, d’identifier des solutions à la fois efficaces en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et duplicables dans des contextes urbains variés. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au-delà des 3 villes pilotes, le projet implique également 3 autres villes européennes (Palencia en Espagne, Bydgoszcz en Pologne, et Rijeka en Croatie)[1], chargées de répliquer sur leur propre territoire certaines des actions testées sur Nantes, Hambourg et Helsinki.  

Mais avant d’être dupliquées, les solutions doivent faire la preuve de leur efficacité. L’évaluation des innovations testées joue donc un rôle central dans le projet.

Sur Nantes, le Cerema est fortement impliqué sur cette tâche essentielle, puisqu’il a, avec le bureau d’études Nobatek, la responsabilité d’évaluer l’ensemble des actions du démonstrateur nantais, c’est-à-dire de vérifier que les résultats atteints sont conformes aux niveaux de performance escomptés. Le Cerema participe également au volet capitalisation du projet, en assurant la production d’une dizaine de livrables techniques décrivant les actions menées à Nantes (en termes d’objectifs, de choix techniques, de contexte de mise en œuvre, de conditions de réussite…), afin d’éclairer d’autres villes qui, à l’avenir, pourraient être intéresser pour les déployer sur leur propre territoire.  

Quelques innovations emblématiques et inédites en Europe !

La palette des innovations technologiques testées dans le cadre du projet mySMARTlife est extrêmement large. Et si certaines d’entre elles ont pu déjà faire l’objet de tests ou de déploiements ponctuels auparavant, d’autres sont des premières inédites en Europe.

C’est le cas du projet phare du démonstrateur nantais : le e-busway. Ces 22 bus longs bi-articulés de 24 m vont remplacer d’ici la fin 2019, les bus de la ligne 4 du réseau de transport nantais. Ces nouveaux véhicules seront entièrement électriques – une première pour des bus aussi longs. Leurs batteries se rechargeront aux 2 terminus ainsi qu’à 2 stations grâce au déploiement d’un bras télescopique monté sur les bus. Ce système de recharge dit « par opportunité » le long du parcours (système TOSA du constructeur ABB) permet de limiter la taille des batteries embarquées et d’augmenter ainsi la capacité-voyageurs des véhicules. Le système de recharge, extrêmement rapide, permet par ailleurs une recharge partielle le temps de la montée et de la descente des voyageurs, sans incidence sur les temps de trajet ni sur l’exploitation de la ligne.

Progresser dans la production, l’exploitation et le partage des données urbaines

Mais au-delà du déploiement de solutions techniques, le projet mySMARTlife traite également de la question des données. Beaucoup de solutions testées dans le cadre du projet sont en effet « connectées » et permettent de faire remonter, en temps réel, des volumes considérables de données sur des paramètres extrêmement nombreux (consommation énergétique, température, production électrique, niveau de fréquentation…). Cela offre des opportunités nouvelles pour optimiser la gestion des services et équipements urbains, mais aussi pour envisager le développement de services nouveaux.

C’est pourquoi le projet mySMARTlife dispose d’un volet spécifique consacré aux données. Celui-ci prévoit notamment la mise en service, dans les 3 villes pilotes, de plates-formes de données urbaines inter-opérables, chargées de centraliser l’ensemble des données produites par les solutions testées. Les plates-formes doivent également permettre de faire émerger des cas d’usages de ces données, c’est-à-dire des utilisations concrètes, utiles aux gestionnaires des services urbains. Mais à terme, c’est bien leur partage en open-data qui est visé pour susciter, pour qui souhaiterait s’en saisir, des usages et des terrains d’application entièrement nouveaux !

Lien vers le site du projet

[1] Initialement, le projet impliquait aussi la ville de Varna en Bulgarie, mais cette dernière est aujourd’hui sortie du consortium. 

Un article signé Pierre Nouaille, Chef de projets - stratégies de transition au Cerema

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