[Tribune] Le marathon du Décret tertiaire

4949 Dernière modification le 03/05/2023 - 17:55
[Tribune] Le marathon du Décret tertiaire

 

C’est un marathon des temps modernes qu’a lancé le 23 juillet 2019 le dispositif Éco Énergie Tertiaire (DEET), dit décret tertiaire : 31 ans, à comparer aux 42kms200 de la course de fond, pour relever le défi de la rénovation énergétique des grands bâtiments tertiaires publics et privés.

Et comme la course à pied, notre challenge immobilier repose sur trois fondamentaux : une préparation bien organisée, la gestion précise du temps de course et la solidarité nécessaire des compétiteurs : c’est en effet sur une base claire, un chemin balisé et tous ensemble, en se nourrissant de l’expérience des autres, que nous atteindrons la ligne d’arrivée.

Les prémices du DEET se caractérisent d’abord par une large concertation qui s’est traduite par le rapport Gauchot de 2012, puis par une expérimentation collective suscitée dans l’élan de la Charte tertiaire de 2013,à l’initiative du Plan Bâtiment Durable, enfin par une remarquable co-construction du texte réglementaire entre administrations et acteurs professionnels.

La route est désormais tracée à l’horizon 2050, rythmée par des étapes décennales : 2030, 2040, marquant une progressivité de l’intensité des rénovations attendues : d’abord une phase de connaissance des parcs et d’identification des plans d’action, accompagnée les premières années d’une recherche modérée d’économies d’énergie ( moins 40% entre 2010 et 2030) ; puis deux étapes de dix ans chacune, accentuant l’économie recherchée de 10% durant chaque étape.

La mobilisation remarquable des acteurs du tertiaire à l'hiver 2022/2023 autour du sujet de la sobriété est le témoin de la force de mobilisation de ce secteur. Le collectif formé par le Plan Bâtiment Durable fait émerger les bonnes pratiques de ce premier kilomètre que constitue la sobriété énergétique.

Il nous reste à installer le collectif qui en découlera et qui, s’il fonctionne, contribuera au succès du plus grand nombre des acteurs. La constitution de ce collectif entre acteurs professionnels et en proximité avec l’instance collective mise en place par les administrations et les agences publiques, devra rassembler toutes les bonnes volontés et permettra de suivre attentivement le déroulé de la course, pour repérer sans délai les difficultés de la course, comme les aspérités du terrain, qui justifient des ajustements de façon que chacun puisse se sentir à sa bonne place dans la relève du défi. Un sujet commun devra aussi entrer progressivement dans le champ de cette mobilisation collective des acteurs : il s’agira en effet d’entraîner dans la démarche tous ceux qui ne sont pas concernés par l’obligation de rénover. La question se posera ainsi de trouver la bonne façon d’entraîner tous ces acteurs encore mal identifiés qui détiennent des locaux à usage tertiaire de petites tailles, d’abord vers la sobriété énergétique, ensuite sur la voie de la rénovation de leurs bâtiments.

En somme, le succès de la démarche désormais lancée tiendra largement à la force du collectif et à la qualité de la concertation qu’il nous faut installer dans la durée : allons doucement, nous sommes pressés !

 

Tribune rédigée par Philippe Pelletier, Plan Bâtiment Durable
 


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