Tracé Bleu, une exposition pour penser différemment nos lieux de vie

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

799 Dernière modification le 01/02/2024 - 11:52

Que faire de ce lieu, à moins que l'on y songe ? Rendez-vous du 27 janvier au 10 mars 2024 au CENTQUATRE Paris pour un événement où l'art sert la pensée. Tracé Bleu nous invite à considérer l'architecture autrement pour répondre aux défis de demain. 

Tracé Bleu est le fruit d'un travail collaboratif étroit entre le CENTQUATRE et le collectif d'architectes engagés Architecturestudio, à l'origine de la méthode de travail qui a donné son nom à l'exposition. Il s'agit d'une référence directe à « l'économie bleue », un concept qui met sur le devant de la scène les nouveaux enjeux liés au dérèglement climatique. 

Nous avons rencontré José-Manuel Gonçalvès, directeur du CENTQUATRE et commissaire de l'exposition. Il nous a parlé de Tracé Bleu avec passion et en ces termes : « Plus qu’une exposition, c’est un processus que nous avons mis en œuvre, un principe de monstration d’une pensée et des résolutions liées à celle-ci. En d’autres termes, comment pouvons-nous essayer d’aborder les questions architecturales en les articulant aux problématiques sociétales à l’ère de l’anthropocène ? On y trouve ainsi des dispositifs actifs qui impliquent directement le public, qui est amené à produire sa propre réflexion. Plusieurs niveaux de compréhension sont offerts, le but étant que tous les publics puissent s’en saisir, petits et grands. Tout cela échappe aux règles de l’exposition d’art et/ou d’architecture classique. »

Concrètement, plusieurs œuvres de 6 artistes différents sont présentées dans le Tracé Bleu, autour de trois grandes thématiques : re.sourcer, ré.générer et ré.agir. Un parcours immersif ponctué du début à la fin par les dessins de l'illustrateur Serge Bloch, transposant cette nouvelle vision de l'architecture avec un esprit ludique et décalé. Parmi les contenus exposés, on retient notamment le film Slow violence par Joanie Lemercier. Une succession d'images impactantes qui font écho à la marque laissée par l'homme sur la Terre qu'il habite. À Hambach, en Allemagne, dans la plus grande mine de charbon (et plus gros émetteur de CO2) d'Europe, des machines colossales — parmi les plus imposantes construites dans l'histoire de l'humanité — arrachent en continu les ressources du sol, si bien que la forêt environnante ne fait aujourd'hui plus qu'un dixième de sa taille d'origine. L'exploitation croissante des ressources fossiles conduit à l'expansion inaltérable de ladite mine de charbon, jusqu'à déloger les populations locales et détruire les villages alentours. Ci-dessous, les images de l'église du village d'Immerath, datant du XIXème siècle, rasée en 2021. 

Cette entrée en matière choc (« Vous allez prendre une claque ! », nous lance trivialement José-Manuel Gonçalvès) plonge le visiteur dans ce besoin d'urgence de penser autrement sa place dans le monde. Cela tombe bien, des clés lui sont données tout au long du parcours pour changer de regard et adopter une vision de l’architecture réconciliée avec la nature, considérant ses ressources comme autant de possibilités de faire et refaire les habitats vertueux de demain. 

L'exposition Tracé Bleu est présentée en accès libre du 27 janvier au 10 mars 2024 au CENTQUATRE, à Paris. 

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