Les 5 Ponts : un lieu pour la réinsertion pour penser la ville inclusive ?

Rédigé par

Juliette Bouillon

1284 Dernière modification le 14/09/2022 - 11:49
Les 5 Ponts : un lieu pour la réinsertion pour penser la ville inclusive ?

Depuis plus d’un an, le village solidaire des 5Ponts, géré par l’association Les Eaux vives, a ouvert ses portes sur l’île de Nantes. Au cœur d’un nouveau quartier d’habitations, il propose une série d’équipements (restaurant, hébergement, loisirs) à destination des personnes en difficulté sociale. Derrière ce projet, l’objectif est clair : créer une plus grande inclusivité et mixité en ville en favorisant la rencontre de différents publics et la création de liens avec l’ensemble des habitants et usagers du quartier.

Représentant un véritable lieu d’innovation sociale unique en France, quels enseignements pouvons-nous alors tirer d’un tel projet ? Peut-il inspirer les acteurs de la fabrique urbaine et les villes et nous permettre de construire des espaces et villes plus inclusives pour demain ?

Situation des personnes en difficulté sociale aujourd’hui

“Alors que 55% de la population mondiale est urbaine et que ce pourcentage est appelé à augmenter dans les décennies à venir, les villes font face à des défis économiques, écologiques et sociaux sans précédent.” Parmi ces derniers, la question des inégalités est de plus en plus mise en avant et touche un grand nombre de groupes minoritaires au sein de la population française (personnes handicapées ou précaires, femmes, populations immigrées, sdf…).À la rue ou en hébergement d’urgence, le nombre de personnes sans domicile fixe dépasse, à ce jour, les 300 000 parmi 4,1 millions de Français mal logés selon la Fondation Abbé Pierre.

Depuis le début de la crise sanitaire en France, la mise à l’abri des personnes sans domicile est devenue une priorité. Plus de 40 000 places d’hébergement ont été créées par le gouvernement.

Malgré le soutien de l’Etat et de la diminution des personnes vivant à la rue, les actions entreprises aujourd’hui restent insuffisantes. Chaque soir ce sont “4 000 appels au 115 qui se heurtent à un refus de prise en charge faute de place disponible, alors même que l’on sait qu’en général seule une personne à la rue sur cinq contacte le 115 le jour même”, mentionne le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre. Encore aujourd’hui, sont recensées chaque année, 500 à 600 décès par an de personnes à la rue. En 2019, 659 personnes sont décédées selon le rapport du collectif des Morts de la rue.

Lorsque l’on sait qu’entre 2000 et 2016, entre 300 000 et 500 000 logements ont été construits chaque année (INSEE, 2021) et que la population augmente de 352 000 personnes par an, la possibilité de reloger les personnes sans-abri paraît donc réaliste si l’on réoriente une partie de ces logements sociaux vers ceux qui en ont le plus besoin.

En février 2022, les pays de l’Union européenne ont adopté un plan pour le logement visant un objectif de “zéro personne à la rue en 2030”. La Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri (Feantsa) estime à 700 000 le nombre de personnes dormant dans la rue, en hébergement d’urgence ou temporaire chaque nuit dans l’UE. “On va essayer de tendre vers zéro. On a toujours des gens qu’on n’aura pas récupérés. Mais il faut diminuer d’abord le nombre, et surtout raccourcir la durée où les personnes sont sans-abri, sans maison, sans logement”, a ajouté le commissaire européen aux droits sociaux Nicolas Schmit.

De nombreuses démarches contre le sans-abrisme sont également engagées par des associations et se développent en France. C’est le cas par exemple de l’association “Les Bureaux du Coeur” fondée à Nantes en par Pierre-Yves Loaec. Son objectif est de trouver des solutions temporaires pour loger les personnes en situation de grande précarité. Pour cela, l’association a eu l’idée de demander aux entreprises d’ouvrir leurs bureaux une fois vides, la nuit et le week-end. Par cette action, les personnes se retrouvant sans-abris, peuvent alors profiter d’un lieu chauffé et sécurisé, leur permettant de se reposer, de cuisiner et de se laver. Le cadre de l’entreprise permet également de créer un lien entre invités et salariés et aide les sans-abris à retrouver une dynamique sociale de qualité.

Cette action ne résout pas le problème du mal-logement, mais elle donne la capacité aux invités d’avancer véritablement dans leur vie et de sortir de la spirale de précarité.

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