La façade à moindre impact, cheval de bataille de Goyer

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

400 Dernière modification le 16/04/2024 - 12:00
La façade à moindre impact, cheval de bataille de Goyer

Cap sur les ouvrages de l'entreprise Goyer, filiale du groupe Eiffage et spécialiste des façades depuis les années 1970. À Fougères-sur-Bièvre, près de Blois (41), le siège et les ateliers de production de l'entreprise abritent un travail minutieux en faveur de la transition écologique du secteur. 

L'entreprise familiale est historiquement implantée à Fougères-sur-Bièvre. Sur plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés à moins de 200 kilomètres de Paris, Goyer déploie donc son panel d'activités, de la conception de façades aux essais laboratoires et autres tests sur les prototypes créés — qui sont de plus en plus nombreux. À savoir que les gammes produites sont sur-mesure et très largement adaptables aux demandes architecturales des clients. Comme l'indique David Labardin, Directeur Général du groupe, il est rare qu'il y ait vingt pièces identiques à la fois dans la production du site, malgré une forme standard bel et bien éprouvée.

Si les produits sont évolutifs, les commandes le sont aussi : sur la dizaine d'opérations par an que mène de front Goyer — en gestion de projet clé-en-main de la conception à la pose, plus de 50% concernent aujourd'hui de la rénovation. Un marqueur parmi d'autres de la montée en puissance des enjeux environnementaux, qui viennent depuis longtemps influencer en profondeur la politique de l'entreprise. Zoom sur ces « contraintes que l'on veut tourner en avantages » [David Labardin]. 


Au cœur d'une stratégie RSE poussée

Le groupe Goyer clame son engagement en faveur d'une production moins carbonée. Plusieurs initiatives le traduisent concrètement, à l'image du développement d'une calculette du poids carbone des produits G+C- (en cours de certification par le CSTB), basée sur la modélisation de leur cycle de vie. 

Bien sûr, un travail est également mené sur la décarbonation et la traçabilité des matériaux employés pour les façades : le verre, l'aluminium et le bois. 52% des profilés et 47% des tôles Goyer sont issus d'aluminium recyclé, et 92% des achats du groupe sont effectués en France. 

Par ailleurs, l'entreprise se distingue par son expertise en matière de déconstruction et de revalorisation. Comme évoqué précédemment, le démantèlement de façade et les opérations de réhabilitation entrent de façon croissante dans le scope du groupe, à l'image du projet de rénovation de la Tour Ariane à Puteaux : plus de 23 000 mètres carrés de surfaces de façade à démanteler et réhabiliter, avec une part importante de matériau réutilisé (130 tonnes d'aluminium enlevées seront réutilisées pour l'industrie française). La question du réemploi s'impose ainsi toujours plus dans l'équation des chantiers, jusqu'au développement d'une gamme spéciale « réemploi de façade » dans le but, à termes, d'atteindre les objectifs du décret tertiaire — si possible 2040. Sur le site de Fougères-sur-Bièvre, des postes de travail sont d'ailleurs spécifiquement dédiés à la réutilisation des rejets de production, avec une poubelle réservée pour chaque type de composant. Les rebuts collectés servent notamment à alimenter les entraînements d'assemblage des quelques 300 élèves de l'école Goyer, fondée en 2022. 

À noter enfin que le siège social de Goyer illustre à lui seul les ambitions vertes de l'entreprise : végétalisation accrue par le biais de plus de 7 500 arbustes, arbres et plantes, structure bois et toile de stores en bouteilles recyclées, protections solaires extérieures, plus de 1 000 panneaux photovoltaïques déployés sur site dans le but de couvrir 50 % de ses besoins en électricité, centrale de traitement de l'air avec GTB et système de rafraîchissement positif en free-cooling, autogestion de la lumière intérieure en fonction des conditions météorologiques... Une sorte de vitrine miroir des valeurs défendues par le groupe. 


Qu'est-ce qu'une façade à moindre impact à la Goyer ?

Concrètement, Goyer défend une vision des façades « simple, mais audacieuse », avec des produits se voulant modulaires, évolutifs et éco-responsables. Des caractéristiques permises par des leviers tels que le choix de privilégier des matériaux décarbonés, ou encore un travail sur la réduction des déchets de production et leur réutilisation dans le process de fabrication. 

Les ambitions citées sont parfaitement traduites dans l'un des derniers nés de l'entreprise, l'innovation FairFaçade Goyer. Il s'agit d'une solution qui allie la résistance de l'aluminium et les performances énergétiques du bois (duo auquel il faut, bien sûr, ajouter le verre) qui permet de réduire de façon significative les émissions de carbone par rapport à une façade traditionnelle : objectif, +40% de performances énergétiques et -40% d'émissions carbone.

Pour ce faire, l'aluminium et le verre de l'ensemble se composent à plus de 50% de matière recyclée ou post-consommation. Quant au bois utilisé, il s'agit de pin maritime et autres essences certifiées PFC. La façade se dote d'une double peau respirante et ventilée (ventilation naturelle via des ouvrants de confort) avec une isolation renforcée en laine de bois, pour une performance thermique optimisée. Des parements modulaires et interchangeables viennent compléter la structure, ainsi adaptable plus facilement sans être altérée.

En 2023, l'innovation FairFaçade a été présentée à la Grande Exposition du Fabriqué en France à l'Élysée. Elle sera commercialisée à partir de la fin de l'année 2024. 

Les façades des bâtiments peuvent être vecteurs d'efficacité énergétique par d'autres biais. Une illustration concrète se retrouve dans un projet colossal — le plus important du groupe à ce jour — qui a bénéficié d'un ATEx spécifique pour parsemer de panneaux photovoltaïques The Link, ces deux tours de 50 et 36 étages reliées sur 30 niveaux au cœur de La Défense. 

L'une des prochaines pistes explorées par Goyer sera celle du bois. Un atelier spécifiquement dédié à ce matériau naturel décarboné prendra place à Fougères-sur-Bièvre. Affaire à suivre ! 

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