Adaptation au changement climatique : l'inquiétude de la Cour des comptes

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

889 Dernière modification le 13/03/2024 - 11:00
Adaptation au changement climatique : l'inquiétude de la Cour des comptes

Mardi 12 mars avait lieu le rapport public annuel 2024 de la Cour des comptes, présenté par le Premier président Pierre Moscovici. Pour la première fois, cette publication s'est attachée à décrypter le financement de l'adaptation au changement climatique en France. 

Quelles mesures — politiques, financières — faut-il prendre pour vivre demain dans des conditions acceptables en dépit d'un changement climatique irréversible et qui s'accélère ? C'est l'objet des 725 pages rendues publiques ce mardi. Comme l'a affirmé l'ex-ministre Pierre Moscovici, la transition écologique est encore un domaine récent au niveau de la Cour des comptes, mais cette dernière semble désormais prendre à bras le corps cette problématique en y consacrant la dernière version de son rapport annuel. Le hic constaté ? Les politiques publiques en faveur de l'adaptation au changement climatique, bien qu'existantes, baignent encore dans un flou certain, puisqu'elles sont par définition multiformes en s'attaquant à des phénomènes très divers (inondations, sécheresse, hausse des températures, tempêtes...) et sont soumises à la spécificité des territoires ainsi qu'à un pouvoir prédictif et d'anticipation qui n'est pas encore bien maîtrisé à ce jour. 

Pour traiter l'ampleur de ces enjeux, le rapport se divise donc en 16 chapitres thématiques, lesquels se regroupent en trois grandes parties : la première traite de l’évolution en cours du climat en France et dans le monde, et l’insuffisance des efforts déployés pour limiter le phénomène, la seconde analyse la mise en œuvre de cette adaptation dans le cadre de vie et les infrastructures (en évoquant notamment la question du logement, de la ville, des réseaux de transport) et la troisième est dédiée à l’environnement naturel et à la préservation des personnes et des activités (gestion durable de la forêt métropolitaine, trait de côte, prévention des catastrophes naturelles en outre-mer...)

Consulter la synthèse du rapport 2024 de la Cour des comptes

L'adaptation au changement climatique reste un angle mort des politiques publiques en France

En substance, le sentiment majeur communiqué lors de la mise au jour du rapport reste relativement inquiétant. En effet, pour Pierre Moscovici, l'État ne prend en compte aujourd'hui que des mesures d'atténuation — sobriété, économies d'énergie... — tandis que la question de l'adaptation reste un « angle mort des politiques publiques » de la France. Selon la Cour des comptes, un triptyque connaître / informer / planifier est de mise. 

Tout d'abord, l'une des clés résiderait dans une meilleure connaissance des risques liés au changement climatique et l'amélioration des données de prédiction dont le pays dispose, aujourd'hui trop souvent « lacunaires ». Il s'agit aussi de mieux informer les citoyens et « faire des efforts pour les convaincre des bienfaits des politiques d'adaptation » afin de les impliquer davantage dans les mesures prises et à prendre. 

Concernant ces dernières, voici plusieurs exemples préconisés par la Cour dans son rapport : étendre MaPrimeRénov' aux travaux lié au confort d'été ou au risque d'inondation, développer la coopération entre les différents acteurs au niveau des collectivités pour aller au-delà des mesures émergeantes, positives mais insuffisantes (la végétalisation, par exemple), ou encore revoir l'urbanisation et augmenter la prévention dans les zones les plus menacées par l'érosion côtière — dans des villes comme Berck ou encore Saint-Tropez, entre autres. 

L'événement de mardi matin s'est conclu par un point sur la situation d'ensemble des finances publiques du pays, laquelle est jugée plutôt inquiétante par la Cour. En effet, des économies considérables — de l'ordre d'environ 50 milliards d'euros supplémentaires, soit un effort inédit à date — seraient à faire par l'État pour faire passer le déficit public sous la barre des 3 % en 2027 (selon l'objectif fixé par l'Union européenne). Pour Pierre Moscovici, la France a même le niveau de dépense publique le plus élevé de la zone euro. Si Bruno Le Maire a annoncé il y a quelques semaines des restrictions budgétaires de l'ordre de 10 milliards d'euros, l'effort semble donc largement insuffisant... D'autant plus qu'elles pèsent directement sur des actions liées à la transition écologique. 

Lire aussi : -10 milliards d'euros de dépenses pour l'État : MaPrimeRénov' impactée

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