2024, année des renouvelables en Europe ?

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

1345 Dernière modification le 05/01/2024 - 12:00
2024, année des renouvelables en Europe ?

Les ressources renouvelables occupent une part croissante du mix énergétique européen, mais de façon inégale selon les nations. Tour d’horizon, à notre façon, des avancées à date en la matière. 

2023 s’est achevée sur un accord qualifié d'« historique » de plusieurs parts, à l’issue de la COP28 à Dubaï : le 13 décembre, quelque 200 pays du globe se sont entendus autour d’une « transition » hors des énergies fossiles, dans le but d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

Lire aussi : Clap de fin pour la COP28, et pour les énergies fossiles ?

Si ledit texte ne comprend pas de date butoir ou de moyens concrets pour sortir définitivement du charbon, du pétrole et du gaz, il entérine a minima une volonté mondiale de changement de modèle énergétique sur le long terme. Cette mouvance globale se lit également à l'échelle européenne. 

Un bilan contrasté à fin 2023 

La décennie actuelle se poursuit avec de nouveaux records. Au Portugal par exemple, l'électricité consommée en 2023 provenait à 61 % des énergies renouvelables (+12 % vs 2022), éolien en tête, suivi de l’hydroélectricité, ressource en très forte hausse dans le pays. Ce pourcentage historique vient s’ajouter à d'autres performances au niveau européen, à l'instar de l’Allemagne, qui a franchi l’an passé pour la première fois la barre des 50 % de consommation en électricité couverte par les EnR, très soutenue par le photovoltaïque.
Selon l'Association allemande des professionnels de l'énergie solaire BSW, qui regroupe un millier d'entreprises, la puissance installée en 2023 a progressé de 85 % pour atteindre 14 GW. Environ la moitié provient du secteur résidentiel qui augmente à lui seul de 135 % sur un an. Ce boum des renouvelables, couplé à un net recul de la consommation de charbon, a permis à l'Allemagne d'atteindre en 2023 son plus faible taux d'émissions de CO2 depuis les années 1950, à raison de 673 millions de tonnes émises — en-deçà du maximum autorisé de 722 millions de tonnes de CO2 par la loi allemande sur la protection du climat. Au sud, l’Espagne devrait s’approcher également du cap d’une moitié de son mix électrique d’origine renouvelable en 2023, après avoir enregistré une baisse en 2022 (42,2 % contre 46,7 % en 2021).

L'Allemagne solaire, la France en manque d'EnR

D’autres pays européens sont à la traine. De récentes données gouvernementales indiquent ainsi qu’en France, la part des énergies renouvelables atteint – seulement – 28 % de la consommation finale brute d’électricité en 2022. L’Hexagone a notamment pour particularité de se reposer largement sur le nucléaire, ressource relativement lente à se développer sur le territoire, et non reconnue comme renouvelable. Sur les EnR, c’est le bois énergie qui porte le marché, suivi par l’hydraulique renouvelable et les pompes à chaleur. À noter toutefois l'écart avec d'autres pays dont le retard est encore plus important. En Pologne, par exemple, le charbon représentait encore près des trois quarts (70,7 %) de la production d’électricité en 2022. 

Des objectifs élevés pour 2024

Si les situations actuelles diffèrent, l’important réside aussi dans les ambitions à plus long terme. Là encore, les objectifs chiffrés en matière d’énergies renouvelables ne sont pas les mêmes dans tous les pays d’Europe. L’Espagne projette par exemple que les EnR atteignent 74 % du bouquet électrique d’ici à 2030, et 100 % d’ici à 2050. Sur les terres ibériques aux conditions météorologiques propices, c’est principalement l’éolien et le solaire qui portent ce marché en plein essor. Au Portugal, les ambitions sont encore plus élevées à court terme : le pays a pour objectif de produire pas moins de 85 % de son électricité annuelle à partir du renouvelable d’ici la fin des années 2020. 

Là encore, on constate que la France pousse insuffisamment les curseurs, ce même objectif à horizon 2030 ne s’élevant qu'à 40 %. Insuffisant, en tout cas, au niveau de l'Union européenne. Les pays membres devront en effet respecter un quota de 42,5 % d'énergies renouvelables en 2030. Il s'agit donc de prendre un élan collectif pour tendre vers les visées les plus hautes possibles, et agir ainsi efficacement contre le dérèglement climatique mondial. 

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