#7 - Economie et industrie circulaire

Rédigé par
Martina KOST

4546 Dernière modification le 15/11/2019 - 12:02
#7 - Economie et industrie circulaire

Avec la Feuille de Route pour l’Économie Circulaire de 2018 et aujourd’hui la préparation de la loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire », les contours juridiques de l’économie circulaire se dessinent. Ils vont contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable fixés par l’Agenda 2030 adopté par notre pays. Les entreprises industrielles ont un rôle à jouer pour en favoriser la réussite.

Les conséquences du 1er choc pétrolier

En France, la prise de conscience industrielle du besoin d’économiser, recycler, valoriser, traiter les rejets… n’est pas récente. Elle a commencé au lendemain du premier choc pétrolier, au début des années 70, quand il a impérativement fallu « réduire la facture pétrolière ». À l’époque, cet effort national a été accompagné par l’État, lequel a dégagé un budget important pour la recherche et le développement scientifique et technique, de même que pour financer des aides directes aux industriels. Ces derniers ont alors pu réaliser des études préalables et procéder ensuite aux investissements de rigueur.

Au-delà des enjeux énergétiques

Cette dynamique d’investissement et d’innovation, qui a duré au-delà du deuxième choc pétrolier, a permis l’émergence de technologies nouvelles et sobres pour la production industrielle. En outre, au-delà du simple souci énergétique, ces nouveaux process ont aussi été conçus dans une optique d’optimisation de la matière première, de son traitement préalable et de ses rejets fatals.

La logique écologique vertueuse de l’industrie mécanique française a été soutenue par ses syndicats professionnels et par une réglementation de plus en plus exigeante. Cela a permis, par exemple, d'éliminer complètement le refroidissement des process « à eau perdue ». Dans cette mouvance, nous avons travaillé avec le CETIM (Centre Technique des Industries Mécaniques) pour valoriser la chaleur fatale des « réseaux d’eau glacée » pour chauffer les locaux industriels avec des pompes à chaleur.

La maîtrise des déchets, levier de compétitivité

Cette interdépendance « écologie-économie » a beaucoup fait progresser notre industrie, particulière pendant toute la période où ses entreprises luttaient pour leur survie économique. Elle s’est renforcée avec l’émergence, pour le respect de l’environnement, de nouvelles filières spécialisées de traitement des déchets. Les activités qui ont été créées couvrent tout, du déchet « banal » aux différents déchets industriels spéciaux.

Il nous paraît important de souligner que le développement économique de ces filières a été créateur d’emplois industriels, à une époque où l’industrie en perdait. A savoir que l’économie circulaire représente actuellement en France environ 800 000 emplois.

 

Du traitement au recyclage

A part les déchets « ultimes », le potentiel de recyclage des matières premières est très important. La Commission européenne s’intéresse particulièrement à cette économie car elle estime qu’il s’agit d’un moyen de sécuriser les approvisionnements en matières premières de notre industrie, via le recours à la matière issue des déchets. Les filières de recyclage sont donc garantes de la bonne destination des déchets dont elles sont responsables. Elles auront de plus en plus d’importance dans l’avenir, à mesure que les collecteurs de déchets et chiffonniers d'antan devenus des recycleurs, seront demain, des fournisseurs de matière première pour l’industrie.

 

 

D’ailleurs, certaines industries ont déjà intégré cette notion de sauvegarde locale de la matière première. La fonderie a, par exemple, intégré la régénération et valorisation des sables utilisés dans les moules, ce qui est décisif pour la compétitivité de ses sites.

 

Responsabilité et mobilisation collectives

Qu’il s’agisse des quatre thèmes arrêtés, en 2018, par la Feuille de Route pour l’Économie Circulaire - mieux produire, mieux consommer, mieux gérer les déchets et mobiliser tous les acteurs - ou du contenu du projet de loi actuellement examiné par le Parlement, on mesure l’importance de la notion de « réalité écologique partagée ». Pour l’émergence de l’économie circulaire, en général, d’une industrie circulaire, en particulier, la mobilisation de tous les acteurs est essentielle.

 

Le tandem territoire/industriels

Parmi les acteurs indispensables au déploiement d’une industrie circulaire se trouvent en premier lieu les pouvoirs publics locaux et l’administration. En effet, c’est eux qui maîtrisent le foncier, par exemple. Or, les nouvelles filières nécessaires à notre « Industrie du futur », auront besoin de foncier, de permis de construire et d’autorisations d’exploitation, délivrés par les institutions locales. Cependant, étant donné que les territoires qui développent l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) et « les circuits courts » profitent pleinement, en retour, d’un nouvel élan en termes d’emploi local, les coopérations bénéficient à tous les acteurs. La zone « éco industrie Mermoz » à La Courneuve dans le Nord parisien en témoigne : avec ses 1700 salariés, elle est un bel exemple d’une action commune entre un Territoire et ses industriels pour la requalification d’un secteur.

 

Le rôle clé des professionnels du conseil

Les prestataires du conseil et de l'ingénierie vont jouer un rôle déterminant pour réussir la mise en place de « l'industrie circulaire ». Premier champ d’application, la gestion de l'obsolescence de l'équipement électronique et de l'informatique industriel va permettre à ces professionnels d’offrir aux industriels une solution technico-économique viable. Mis en place avec l'émergence de l'électronique et de l'informatique dans les contrôles-commandes, automates et robots il y a 30/35 ans, ces équipements arrivent aujourd'hui en fin de vie. Afin d'éviter « l'échange standard » de l’équipement complet, un rétrofit ou upgrade de la partie électronique et informatique permet de donner une seconde vie aux installations dont la mécanique, par exemple, peut encore fonctionner plusieurs dizaines d'années.

Nouvelle approche architecturale et urbaine

L’intervention des prestataires du conseil et de l’ingénierie est également attendue dans le domaine de la conception et de l’adaptation des locaux industriels, qui doivent tenir compte, dès le début, de l’ensemble des contraintes réglementaires en termes de sécurité, de choix énergétiques et d’environnement. Cela inclut aussi l’évaluation des risques industriels et par conséquent la responsabilité sociétale.

L’architecte qui aura la charge de concevoir ou d'adapter un bâtiment industriel doit s’entourer, en premier lieu, d’une ingénierie spécialisée dans le process qui va être utilisé pour la production. Ces spécialistes pourront déterminer les contraintes, les besoins en utilitaires, leurs emplacements, des déchets en fonction de la technologie et les moyens de les traiter etc..

Là encore, dès la phase projet, la consultation des services techniques du territoire concerné est un passage obligatoire, car les techniciens de l'administration connaissent les spécificités du lieu. Ils maîtrisent les actions collectives qui pourraient aider à mieux concevoir le projet en tenant compte du « métabolisme urbain », de la valorisation des déchets de chantier ou encore des complémentarités possibles pour les activités en « circuits courts ».

 

Article signé Joseph Irani et Martina Kost, B4E

www.b4e.f

 

 

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