Les Energy Harvesting, un nouvel enjeu pour l’Industrie Immobilière

Rédigé par

Hélène Bédon-Rouanet

Responsable de la Communication

2763 Dernière modification le 26/01/2015 - 11:01
Les Energy Harvesting, un nouvel enjeu pour l’Industrie Immobilière

De prestigieuses universités, de grands laboratoires, des prix Nobel, des fondations ici et là dans le monde s’intéressent sérieusement à la problématique énergétique. Des trésors d’intelligence et autant de milliards sont investis dans la recherche d’une solution qui se voudrait globale ET définitive. Une solution tellement formidable qu’elle remplacerait toutes les énergies fossiles et fissiles réunies, s’honorant des vertus renouvelables avec une efficacité jamais égalée. Ne doutons pas qu’ils y parviendront un jour, n’injurions pas l’avenir ni le génie humain, mais quand ? Et en attendant, que fait-on ?

En attendant, il semble que les besoins en électricité partout dans le monde continuent de s’accroître plus vite que nos capacités de production à les satisfaire, créant des tensions sur les prix et de nouvelles formes d’inégalité sociale -on parle même de précarité énergétique. Une accélération des besoins qui se double d’un phénomène de concentration des populations en milieu urbain où il faudra bien apporter les mégawatts nécessaires aux nouveaux usages citadins.

En attendant donc qu’un nouvel Einstein crée ce qui n’existe pas, il apparaît raisonnable de commencer par récupérer ce qui peut l’être, à notre porte, afin de rendre un service électrique immédiat, durable et de qualité, et surtout à moindre coût. Faire feu de tout bois pour transformer en électricité verte toutes les petites énergies disponibles proches de nous, et qu’on ne soupçonne même pas, voilà qui semble raisonnable mais pas évident. Car des décennies de monopoles privés ou étatiques ont conforté les mentalités dans le modèle des grandes centrales électriques très éloignées des usagers et possiblement dangereuses -et si elles ne le sont pas, occasionnellement mal aimées.

C’est là tout l’enjeu des Energy Harvesting : la moisson des énergies perdues. Récolter ce qui est abandonné ou méprisé :

  • récupérer la chaleur des data centers,
  • les milliers de joule qui circulent dans les canalisations,
  • placer des capteurs piezzo électriques sous les chaussées et trottoirs.

Tous les moyens sont bons.  Multiplier les micro sources en les combinant.... Inverser un principe en faisant d’un moteur un générateur comme font dans l’automobile les systèmes intelligents de freinage. Ou comme ces ascenseurs qui récupèrent l’énergie potentielle de leur descente. Les exemples sont infinis. Ils invitent à l’imagination. L’industrie immobilière doit trouver là un beau terrain de jeu. Le but étant d’engranger des Watts un à un, modestement, mais tous les jours, pour qu’à la fin de l’année la facture énergétique s’en trouve soulagée d’autant. Et la planète mieux préservée.

Une ambition relative mais quel beau thème, non ? Récolter ce qui est déjà là plutôt que de le produire à 200 ou 300 km en sachant qu’un bon tiers est perdu en ligne, dans le transport. Car l’électron déteste voyager. Il n’a qu’une envie c’est de s’échapper. Il le fait du reste sans vergogne après tout le mal qu’on s’est donné pour le créer.

L’audace de cette nouvelle approche c’est en premier lieu son humilité. En se présentant comme juste astucieuse et non géniale, locale et non globale, elle entend cependant offrir quelque chose de plus que le seul électron. Ce quelque chose est difficile à nommer.  Disons qu’il s’agit d’un sentiment assez jouissif qui s’apparente à l’épargne solidaire. Dans les deux sens du mot : on épargne à la planète le pillage de ses ressources ; et on s’épargne des dépenses superflues  en puisant au fond de ses poches les menues pièces qu’on a consciencieusement mises de côté jour après jour. Tout le monde peut le faire, riche ou pauvre, grands ou petits pays, les nations technologiques comme les autres.

Le mouvement des Energy Harvesting a donc vocation à s’étendre rapidement. Son marché était de 131 Millions de dollars en 2012. Il sera de 4,2 Milliards en 2019.

Cela ne se fera cependant pas tout seul. Il faudra encore convaincre, évangéliser. Car miser sur les Energy Harvesting peut exposer à certains sarcasmes.

Pour prendre l’exemple de NewWind, nous avons essuyé pas mal de sourires avec l’Arbre à Vent® quand on a  présenté notre technologie de micro turbines Aeroleafs spécialement conçues pour exploiter les turbulences, notamment en milieu urbain, réputé pauvre en énergie. Cela allait contre le dogme éolien de la turbine géante à 3 pâles qui fonctionne uniquement avec le phénomène de la portance, et non avec la traînée comme notre système.

Cette incapacité à exploiter les turbulences leur a fait dire hâtivement  qu’ « il n’y avait pas de vent en ville ». Lieu commun contredit par tous ceux qui participent à la construction des villes : architectes, urbanistes, aménageurs, promoteurs immobiliers qui doivent gérer les couloirs de vent, vortex, et autres effets venturi qui circulent en milieu urbain, refroidissant les bâtiments ou fatiguant les structures.

Pas besoin d’être spécialiste, tout le monde a pu observer le phénomène des grandes places et boulevards battus par les vents, chacun se souvient avoir relevé son col sur les ponts ou vu les drapeaux claquer sur les mâts, les enseignes voler aux balcons.

Ces courants d’air sont certes perturbés mais ils sont là, en abondance, sans doute turbulents et difficiles à exploiter mais disponibles, pour peu qu’on sache les capter. Nous en avons fait notre vocation, et une série de petites machines sont en train de naître dans nos ordinateurs, et bientôt en tests, qui ont déjà apporté la preuve que chacun à son échelle peut contribuer à ce grand mouvement des Energy Harvesting, voué à rendre la ville durable plus sensible, plus maline encore et économe. 

Jérôme Michaud-Larivière

Président-Fondateur de NewWind

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