Un cadre et un champ d’actions pour adapter le bâti

Rédigé par

Rachel CHERMAIN

985 Dernière modification le 05/03/2024 - 00:00
Un cadre et un champ d’actions pour adapter le bâti

Il ne s’agit plus uniquement de chercher à lutter contre l’ampleur des phénomènes et l’impact du changement climatique. Il faut apprendre à vivre avec, en anticipant les risques, même s’il est difficile voire impossible de les prévenir tant dans le temps que dans leur intensité, afin d’en réduire les conséquences et la gravité sur le cadre bâti, la performance économique et la qualité de vie.
 

Ce constat a conduit l’Alliance HQE-GBC, association reconnue d’utilité publique réunissant les acteurs du cadre de vie durable, à proposer en 2021, un cadre de définition de la résilience et l’adaptation au changement climatique pour le cadre bâti, dont l’adaptation invite en effet à décider autrement et à développer des facultés : en matière d’anticipation – au regard de l’inertie des bâtiments, des aménagements et des infrastructures et des impacts des choix faits, qu’il s’agisse de prévention ou de préparation de la gestion de crise – et en matière de prise de risque et d’acceptabilité de ce dernier, compte tenu du degré d’incertitude (scénarii et modélisations climatiques, cumul et rétroactions des risques…) avec lequel nous sommes contraints de composer.

Le cadre de définition de l’Alliance HQE-GBC s’applique à différentes échelles du bâtiment, à l’aménagement et aux infrastructures, et pour toutes typologies d’opérations, neuves, de réhabilitation et même pour l’existant et l’exploitation. Il propose une vision structurante afin d’accompagner les acteurs et leur faciliter la mise en œuvre opérationnelle dans les secteurs de la construction et de l’aménagement. Par ces repères partagés, vocabulaires communs compréhensibles par tous, ce cadre doit faciliter la transversalité et inciter les différents intervenants (collectivités, aménageurs, promoteurs…) à travailler ensemble.
Ce cadre n’est pas calé sur le déroulé-type d’une opération. Il propose cinq domaines et quinze leviers d’actions, tous transversaux aux différentes échelles et phases de projet. Les leviers d’actions identifiés peuvent être organisationnels, techniques ou comportementaux et recouvrir de fait un large panel d’actions possibles en fonction du contexte.


Cinq domaines et quinze leviers d’actions vers un cadre bâti plus résilient
Les usages et comportements constituent un premier axe de travail et leur prise en compte participe à la résilience du territoire, notamment en favorisant la prévention mais aussi la gestion de crise. Là où des solutions techniques efficaces peuvent être compromises par des comportements inadéquats, la résilience vient ainsi remettre la dimension sociale au même niveau que la dimension technique. La culture de la résilience et la formation à des comportements adaptés, la réactivité des personnes et leurs interactions sont des leviers puissants en termes de flexibilité et d’adaptation face à de larges éventails de situations, notamment critiques. Chaque levier à l’avantage d’être facilement généralisable et initié de façon immédiate.
 
Domaines transversaux et multicritère, la santé et le confort des populations doivent être au cœur des réflexions d’aménagement et de la construction du territoire. Ils ouvrent un axe de travail large à commencer par la limitation des nuisances (en particulier sonores) et des pollutions (atmosphériques…). L’influence de la température sur la mortalité et le recours au soin étant désormais établie, la prise en compte du confort thermique doit également être considérée. Les questions de mobilité sont également à intégrer afin d’assurer la possibilité de se déplacer en toutes circonstances et limiter l’exposition des personnes aux aléas (quand c’est possible), sans aggraver (voire en réduisant) l’impact des transports sur le changement climatique.

« La résilience et l’adaptation pour le cadre bâti impliquent une transformation des pratiques d’aménagement tant sur les formes, les structures que les composantes urbaines. »

La résilience et l’adaptation pour le cadre bâti impliquent une transformation des pratiques d’aménagement tant sur les formes, les structures que les composantes urbaines. Dans ce cadre, le secteur de l’urbanisme et de la construction a un rôle prépondérant à jouer : la fabrique de la ville, la géométrie et les fonctions urbaines, la robustesse et l’adéquation des bâtiments au climat local sont autant de champs d’actions qui permettront de relever les enjeux de l’adaptation au changement climatique. Cela implique un développement des études en amont, diagnostics et analyse du site. La réversibilité d’un site passe également par la capacité à adapter et à transformer un bâti existant qui s’inscrit dans un contexte spécifique architectural, urbain, patrimonial et parfois social.

S’adapter nécessite avant tout de comprendre les caractéristiques du site ou du terrain étudié. Une stratégie d’adaptation nécessite par exemple de connaître les conséquences du changement climatique sur le territoire concerné. La production de données climatiques locales est donc primordiale afin d’obtenir un état des lieux régionalisé des vulnérabilités actuelles et à venir. Ces études permettent ainsi de tirer au mieux parti de l’environnement et optimiser son aménagement. Les services rendus par les écosystèmes offrent des possibilités majeures d’amélioration de la résilience (gestion de l’eau, nourriture, régulation de la température). Il convient donc de préserver au mieux ces écosystèmes.

Le dernier domaine d’action à considérer concerne la robustesse des réseaux et des approvisionnements (en énergie, en eau, en ressources alimentaires, en informations…) ou l’élimination des déchets. Ces enjeux, liés à la planification à l’échelle des territoires, amènent à considérer le cadre bâti en prenant en compte ses fonctions critiques, les impacts des risques et les défaillances potentielles sur ces dernières ainsi que les interactions des différents systèmes.

Ces actions pour appréhender les défis du changement climatique et s’y adapter peuvent être déclinées en exigences telles que définies dans la certification HQE, qui permet de traiter cet enjeu dans une démarche structurée, depuis l’analyse des aléas et des risques jusqu’aux mesures à mettre en place.

Cet article fait partie de notre dossier Adaptation & Résilience des bâtiments que vous pouvez retrouver ici.

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