Suzane Déoux: "Un bâtiment sain où l'on se sent bien"

Rédigé par

Philippe NUNES

DG

3611 Dernière modification le 08/03/2017 - 11:19
Suzane Déoux:

Le bâtiment a toujours eu une influence sur la santé de l’homme, mais l’importance accordée à cette action fluctue selon les époques.

Les liens entre santé et logement ont d’abord été dominés par les maladies infectieuses. L’hygiénisme est alors venu au chevet des bâtiments insalubres en constatant que « là où entre le soleil, le médecin n’entre pas ! ». Cet adage du 19e siècle reste vrai. Des conditions d’habitat dégradées ou insalubres constituent encore aujourd’hui un facteur de risque de mauvaise santé physique et mentale et de mortalité précoce. Actuellement, ce sont les maladies chroniques que les bâtiments peuvent aggraver : asthme, affections des voies respiratoires, maladies cardio-vasculaires et certains cancers. Le bâtiment a bien une empreinte sanitaire et pas seulement environnementale. Négliger de penser le bâtiment en termes de santé, dès sa conception, fait surgir des problèmes à retardement et pendant longtemps.

Avant d’être un produit d’investissement, la finalité du bâtiment est à la fois de protéger l’homme des éléments naturels (froid, chaleur, pluie, vent, etc.) et des agressions extérieures (bruit) et d’offrir un espace de vie pour les multiples activités humaines : domestiques et récréatives, travail ou repos, vie familiale ou sociale.

Un bâtiment peut être qualifié de sain lorsqu’il répond aux besoins physiologiques, sensoriels, psychologiques des usagers et qu’il ne les expose pas à des agents pathogènes biologiques, physiques et chimiques. La santé est un concept très large recouvrant les nombreuses dimensions de l’être humain à la fois physiques, psychiques et sociales.

Se sentir bien dans un bâtiment est une réponse holistique à la qualité de l’espace de vie. La santé perçue est devenue un indicateur reconnu de l’état de santé général. Le bâtiment où on se sent bien se situe aussi dans un quartier où on se sent bien. Il devient urgent de concevoir un urbanisme favorable à la santé, car parmi les nombreux critères sanitaires d’un bâtiment, une grande partie dépend de l’environnement du bâtiment, notamment la qualité de l’air apporté au bâtiment.

L’air intérieur inhalé pendant plus de 80 % de notre temps joue un rôle majeur dans les expositions des occupants. Pourquoi sa qualité serait-elle en option — entre la gestion des déchets et les matériaux biosourcés — dans les bâtiments considérés à haute performance environnementale, selon le décret du 21/12/2016, et dans ceux qui peuvent bénéficier d’un bonus de constructibilité, d’après l’arrêté du 12/10/2016 ?

Comme en témoignent différentes enquêtes, la qualité de vie dans les bâtiments (l’emplacement, le calme, la lumière naturelle, la proximité des commerces, etc.) est un critère désirable pour les usagers loin devant l’énergie et le climat. Le bâtiment, un lieu des compromis à réussir sans faire l’économie de la santé !

Suzanne DÉOUX
Docteur, Directrice Associée
MEDIECO
Conseil & Formation
www.medieco.info

Docteur en médecine, Professeur associé honoraire à l’Université d’Angers, Conceptrice du Master RISEB (RIsques en Santé dans
l’Environnement Bâti.) Présidente de Bâtiment Santé Plus et initiatrice du colloque « Les Défis Bâtiment Santé ». Fondatrice et directrice associée de MEDIECO Conseil & Formation en ingénierie de santé dans le bâtiment et l’aménagement urbain pour ajouter l’humain aux performances environnementales et énergétiques des bâtiments.

Extrait du Manifeste EnerJmeeting 2017

Télécharger le manifeste EnerJmeeting 2017

Communauté Label Energie Carbone : premiers retours d'expérience
Intéressé ? Rejoignez notre communauté consacrée au label Energie Carbone.
Partager :