Sustainable city à Dubaï, oasis nette zéro énergie au milieu des gratte-ciel

Rédigé par

Anne-Sophie Tardy - Construction21

Responsable de l'éditorial

1544 Dernière modification le 22/12/2023 - 10:00
Sustainable city à Dubaï, oasis nette zéro énergie au milieu des gratte-ciel

Retour sur la visite de l'écoquartier durable de Dubaï découvert lors de la COP28.

Il est des initiatives qui se disent vertueuses mais qui frôlent, voire qui incarnent complètement ce phénomène bien connu de greenwashing. On aurait pu croire que la Sustainable city érigée à Dubaï en faisait partie. Force est de constater que la démarche durable reste réfléchie et se veut, si ce n'est la moins impactante, en tout cas la plus neutre en consommation d'énergie.

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Le projet pourrait sembler ubuesque, presque autant que les immeubles de grande hauteur voisins aux façades courbées et pivotantes. Il faut dire que l'endroit contraste quelque peu avec l'entourage. Si la ville de Dubaï, constituée majoritairement de routes à deux voire trois fois deux voies sans aucune place pour les vélos et encore moins pour les piétons, la Sustainable city, comprendre ville durable, interdit quant à elle aux voitures de circuler. Ici, place aux mobilités douces et, quand même, aux voiturettes de golf électriques.

Recréer la nature

Ne croyez pas que l'effort physique est prohibé, il est simplement contenu dans les infrastructures sportives créées dans ce " sanctu-vert ". Au sein de la Sustainable city, vous trouverez donc une piste de running, différents terrains de sport, une piscine semi-olympique, une salle de sport mais aussi une piste cyclable le long de l'écoquartier ainsi que plusieurs aires de jeux pour les plus jeunes, le tout à l'ombre de voilages tirés entre deux poteaux ou d'arbres plantés ici et là, également présents pour purifier l'air et nourrir les habitants avec des dattes, mangues et autres moringas.

La nature occupe d'ailleurs une place de choix dans cette bulle verte. Sustainable City incite sa communauté à l’agriculture urbaine. Si les pelouses sont exclusivement synthétiques, notamment pour préserver l'utilisation de l'eau, onze biodômes hébergent la culture en pot de légumes et d'herbes aromatiques. Les habitants sont libres de venir cueillir à l'envi et au besoin de chacun, gratuitement, tel un eden des temps modernes. L'image reste cependant déroutante, flirtant avec celle d'un roman distopique où plus rien ne pousse dans le sol et où l'humain tente de recréer un écosystème sain, encapsulé sous des serres opaques. La vérité dépasserait presque la fiction. A moins que ce ne soit cela, la définition de l'adaptation...

Construire pour réduire

Si l'idée de base de cette Sustainable city est véritablement de ne pas consommer plus d'énergie qu'elle n'en produit, on peut saluer le travail de conception des bâtiments. Les quelque 500 villas et 89 appartements répartis sur 46 hectares ont tous été orientés au nord afin d'être protégés au mieux de la chaleur et de faire fonctionner le moins possible les systèmes de rafraîchissement. Autre astuce pour ne pas trop vite faire grimper le thermomètre, les bâtiments bénéficient de murs préfabriqués dotés d'un isolant qui réduit le gain thermique. Les façades sont également recouvertes de peinture réfléchissant les rayons UV pour limiter la hausse des températures à l'intérieur des logements. S'il est question d'énergie nette zéro, la réduction d'émission de GES n'a pas été dans les priorités lors de la conception de la Sustainable city. Ici, tous les bâtiments sont en béton, et loin du bas carbone. Diamond Developers, le promoteur immobilier à la tête de ce paradis vert, a confié désormais porter une attention particulière au développement d'alternatives permettant d'assurer confort acoustique et pérennité, tout en diminuant l'empreinte carbone, sans trop imputer le budget des constructions à venir.

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Côté équipements, les pompes à chaleur air/eau ont été couplées avec des planchers chauffants rafraîchissants afin de consommer plus raisonnablement pour assurer un confort thermique dans les villas et appartements. Notons également les parkings équipés d'ombrières photovoltaïques, pour recharger son véhicule électrique, de même que les toits des villas, permettant d'atteindre au total une capacité de 10 MW. Enfin, parce que cela n'aura échappé à personne, à Dubaï, il y a la mer mais il y a surtout le désert, tout l'écoquartier est alimenté grâce à de l'eau issue d'un procédé de dessalement. Procédé reconnu lourd et énergivore. A donc été mis en place un système de recyclage des eaux usées, avec un drainage séparé des eaux grises et des eaux noires, afin d'arroser les espaces publics.

Le promoteur immobilier espère maintenant pouvoir calquer ce modèle de ville durable partout dans le monde, afin de créer l'émulation autour de ces quartiers nets zéro énergie. Reste à voir si les prochains projets respecteront un code de construction plus vert mais aussi plus ouvert, à toutes les tranches de la population.

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