SINFINA, la plateforme de réemploi aux nerfs d’acier

Rédigé par

Grégoire Brethomé - Construction21

Responsable éditorial

2750 Dernière modification le 22/06/2023 - 11:03
SINFINA, la plateforme de réemploi aux nerfs d’acier


Les plateformes de réemploi fleurissent et offrent des gammes de produits toujours plus variées. Créée par General Metal Edition, la plateforme Sinfina fait le choix de se consacrer uniquement à la métallerie. Entretien avec Julien Jussaume, président de General Metal Edition.

- Par Grégoire Brethomé

Pouvez-vous nous présenter Sinfina ?

Sinfina est une plateforme digitale dont la vocation est de proposer aux différents acteurs du BTP des éléments de structure et de serrurerie métalliques issus pour la plupart de chantiers de déconstruction. Ces gisements ont été soigneusement démontés par nos soins (ou par d’autres prestataires) puis expertisés et conditionnés afin de les revendre dans le meilleur état de « réemployabilité » possible.
La création de cette place de marché digitale correspondait à la nécessité de diffuser nos offres de la façon la plus claire possible, de contribuer à massifier et à fluidifier le marché du réemploi entre l’offre (les gisements) et la demande (les débouchés).

Quels types de produits sont concernés ? Pour un prix plus ou moins élevé que le neuf ?

Nous avons choisi de nous focaliser sur les produits les plus communs dans la construction métallique : ce qu’on appelle les profilés du commerce (poutres I, H, U, tubes, cornières, etc.) et les éléments de serrurerie: escaliers, mains courantes, garde-corps, caillebotis. Il se peut parfois que nous prenions d’autres éléments mais c’est souvent pour répondre à une demande spécifique faite en amont. Le prix de l’acier, comme celui de toutes les matières premières, oscille régulièrement. Nous proposons des tarifs inférieurs au neuf, ce qui est logique car, finalement, ce sont des produits d’occasion. Nous cherchons en permanence la bonne mesure entre un prix attractif pour l’acheteur et les frais qu’occasionnent pour nous le stockage (il se passe parfois de longs mois avant de trouver preneur) de cette marchandise.

Avez-vous des exemples de projets où vous avez pu fournir du métal réemployé ?

Nous sommes métallos depuis 20 ans mais nous nous sommes lancés résolument dans le réemploi depuis 3 ans. A cette période, il y avait assez peu de chantiers significatifs incluant du réemploi (significatif est le mot important car le réemploi a toujours existé, bien qu’à plus petite échelle). Nous nous sommes testés sur une partie de la rénovation de la Ferme du Rail dans le 19e à Paris puis nous avons participé au chantier de rénovation de la Maison des Canaux (Paris 19) qui reste encore à ce jour très emblématique de la démarché puisque 95 % de la rénovation a été faite en réemploi ; pour ce qui nous concerne, nous avons réalisé la structure métallique de la terrasse extérieure intégralement en profilés de réemploi. On peut également citer la fourrière de Poissy où tout ce que nous avons démonté a été réutilisé sur place.

Le secteur de la métallurgie émet beaucoup de CO2, mais opère depuis quelques années une mue grâce à l’innovation (acier bas carbone grâce à l’hydrogène, approvisionnement en ENR…). Le réemploi peut-il jouer significativement dans cette bataille face à ces nouveaux modes de production ?  

Le réemploi est immédiatement compréhensible : on démonte des éléments et s’il est possible de le faire (à la fois techniquement et réglementairement) on les travaille en atelier et on les remonte. Pas de calculs savants, pas d’effets d’annonce, pas de « cosmétique » verte.
Sans faire de mauvais esprit, avant que « l’acier vert » soit aussi économe en CO2 que peut l’être la démarche de réemploi de l’acier, il se passera encore quelques années qui seront bien employées, comptez sur tous les acteurs de la filière, pour développer encore plus le réemploi !

Quels sont vos projets futurs ?  

Nous sommes très ambitieux concernant notre activité. La création de la plateforme digitale était un point de passage obligé car on ne peut pas vouloir se développer de façon significative et passer à côté du numérique. Nous voulons néanmoins rester ancrés dans le concret et faire passer notre activité à un stade industriel avec la création d’une unité de production qui permettra de traiter et de conditionner un éventail plus large d’éléments que nous écartions jusque-là, à savoir tous ceux qui, par exemple, sont rouillés ou qui présentent une finition au plomb.
Grâce à cette « usine », nous serons en mesure de créer un véritable marché de l’acier d’occasion capable de répondre aux projets les plus ambitieux.

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