Saint-Gobain veut verdir les bâtiments des Emirats arabes unis

Rédigé par

Anne-Sophie Tardy - Construction21

Responsable de l'éditorial

937 Dernière modification le 22/12/2023 - 15:13
Saint-Gobain veut verdir les bâtiments des Emirats arabes unis

Le géant de la construction a profité de la COP28 à Dubaï pour rappeler ses ambitions durables dans le secteur du bâtiment, à l'image de son démonstrateur de bureaux à énergie positive érigé à Abu Dhabi en début d'année.

« Le bâtiment et la construction ont un rôle majeur à jouer sur l’environnement. Alors qu’il y a une crise énergétique partout dans le monde et que l’énergie est en elle-même un problème pour l’environnement, on peut résoudre une partie des problèmes énergétiques en travaillant sur ce que le bâtiment représente comme réservoir d’énergie. » Ce sont les mots de Benoît Bazin, CEO du groupe Saint-Gobain lors d'un événement organisé par son entreprise sur l'un des nombreux rooftops de Dubaï en marge de la COP28, mercredi 6 décembre dernier. Le dirigeant français a profité du cadre et de l'audience constituée d'experts internationaux pour partager sa vision de la construction durable, à savoir prioriser les énergies renouvelables, notamment dans le transport et l'industrie, à condition " d'investir mieux dans le bâtiment ".

Un showroom de la construction durable à Abu Dhabi

Et par investir mieux, il faut entendre concevoir différemment. C'est d'ailleurs ce qu'a souhaité réaliser Saint-Gobain avec la construction de ces bureaux de 400 m² répartis sur trois étages à Abu Dhabi. Nommé Al-Muntada, qui signifie le Forum en arabe, l'édifice inauguré en janvier 2023 se veut être un sanctuaire du durable, à la sauce émiratie. La structure est en béton à 98 %, avec du modulaire 2D et 3D. L'isolation est assurée par les laines de verre et de roche. Du placo a également été installé en extérieur afin de mettre moins de matière, dans le but d'alléger la structure mais aussi de la décarboner. Afin de limiter le recours au métal dans la pose de plafonds, les entraxes ont également été élargies. Fait assez surprenant pour le souligner, alors que le soleil peut être très chaud à Abu Dhabi, Saint-Gobain a tout de même fait le choix de surfaces largement vitrées, équipées de nanocoating (double vitrage R = 1) et d'un film minimisant l'apport solaire. Côté énergie, le solaire photovoltaïque rayonne par sa performance, générant 27 % d'énergie supplémentaire que la consommation propre du bâtiment.

Si la conception de cette véritable vitrine du durable a été plus que soignée, permettant de mettre en avant toutes les innovations de Saint-Gobain, seuls les panneaux photovoltaïques ne proviennent pas du groupe, au quotidien, les avancées dans le secteur sont encore discutables. Les Emirats arabes unis doivent en effet faire face à une main d'œuvre parfois peu qualifiée et quasiment tout le temps étrangère. " La sécurité et la fluidité des activités sur les chantiers peut parfois être compliquée, nous confie-t-on au détour d'une conversation. Entre le chef de chantier dubaïote ou occidental et les ouvriers pakistanais, la communication est souvent très difficile. " Il n'est d'ailleurs pas exceptionnel de voir sur site des traducteurs pour éviter tout désagrément lors des chantiers. Et si la langue parlée est différente, les pratiques professionnelles peuvent aussi diverger.

Chantiers avec interprète

Si tant est la discussion sur le chantier établie, encore faudrait-il que la synergie existe entre tous les maillons de la chaîne, de l'architecte au promoteur immobilier en passant par le bureau d'études et le constructeur. « Il nous faut développer un langage commun, avoir la même définition d'un bâtiment bas carbone en mettant les acteurs autour de référentiels partagés », a déclaré Pascal Eveillard, chargé de la construction durable au sein du groupe Saint-Gobain. L'entreprise vise d'ailleurs à fournir une acv pour tous ses produits et solutions d'ici 2030. Aujourd'hui, la moitié des références Saint-Gobain bénéficie d'une fiche FDES.

Si le Moyen-Orient ne pèse que 2 % du chiffre d'affaires mondial de Saint-Gobain, l'implantation du groupe dans la région se veut dynamique. Aujourd'hui, les acquisitions, les investissements de croissance et les dépenses de fonctionnement représentent entre 10 et 15 % du chiffre d'affaires, contre 4 % en moyenne. D'ici 2030, le groupe Saint-Gobain prévoit d'atteindre 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires dans cette partie du globe. L'histoire ne dit pas si la majorité de l'activité sera portée par des projets durables de construction.

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