Retrait-gonflement des argiles : un levier d’actions tangibles

790 Dernière modification le 11/03/2024 - 11:00
Retrait-gonflement des argiles : un levier d’actions tangibles

Le rapport méthodologique cherche à répondre au manque de documentation technique dédiée à la réalisation de diagnostic pour l’adaptation au RGA des biens existants non sinistrés, comme il en existe depuis plus de dix ans pour la prévention du risque inondation.


Ces dernières années les sécheresses de grande ampleur se succèdent. Elles génèrent un phénomène de RGA qui se traduit par une sinistralité de plus en plus importante. En 2022, son coût est estimé à 3,5 milliards d’euros (CCR). Ce phénomène est désormais le risque le plus coûteux du régime des catastrophes naturelles (CatNat) et pourrait encore s’accentuer du fait du changement climatique.
Les maisons individuelles sont particulièrement vulnérables aux mouvements de gonflement et de rétractation des sols argileux. 

Avec 3,3 millions de maisons individuelles exposées à un risque RGA fort et environ 160 000 nouvelles maisons individuelles construites chaque année (SDES, 2021), l’enjeu est double :

  • Permettre l’adaptation des bâtiments existants exposés au RGA 
  • Favoriser la mise en œuvre des dispositions constructives adaptées aux sols argileux

Contexte et objectifs du rapport
Dans le cadre de sa mission de prévention des risques naturels, la MRN, la CCR et France Assureurs ont lancé en 2021 un groupe de travail dédié à la prévention du risque RGA. Le rapport méthodologique résultant de ces échanges a été élaboré en collaboration avec la Fédération des Sociétés d’Expertise (FSE), la Compagnie des Experts Agréés (CEA) et la Compagnie Française des Experts Construction (CFEC), sous l’égide de France Assureurs.

Ce rapport s’inscrit dans le cadre d’une démarche d’adaptation des biens existants, non sinistrés, face au risque RGA. Une telle démarche nécessite une approche globale permettant d’identifier : 

  • Des cibles prioritaires
  • Des sources de financement des diagnostics, des recommandations qui en découlent
  • Des professionnels à mobiliser et à former
  • Des outils opérationnels

Ce rapport s’attache à ne traiter que ce dernier point et ne vise pas à répondre à l’ensemble des interrogations précitées. Il est destiné à l’ensemble des professionnels de la gestion des risques et du bâtiment. L’objectif est de présenter une méthodologie pour faciliter les démarches d’analyse des principaux critères de vulnérabilité et d’adaptation de la maison individuelle, de sa parcelle et de son environnement. Elle repose sur une analyse bibliographique et sur la consultation d’experts. Les critères sont catégorisés en quatre parties qui suivent le déroulement du diagnostic (figure 1) : 

  • L’analyse de l’exposition 
  • L’analyse de la parcelle du bâti dans son environnement 
  • L’analyse de la parcelle du bâti, 
  • L’analyse de la structure du bâti

L’ensemble de ces critères d’analyse sont présentés dans le rapport puis synthétisés au sein de différents supports d’appui à la réalisation d’un diagnostic.

Objectif du diagnostic RGA
- Faire un état de lieux de l’adaptation de la maison individuelle avant l’apparition des premiers dommages à l’échelle du bâti, de la parcelle et de l’environnement direct,
- Évaluer la capacité du bâtiment à faire face aux éventuels mouvements de retrait et gonflement du sol (rigidité et uniformisation),
- Proposer des mesures pertinentes pour l’adaptation des maisons non sinistrées,
- Faire connaitre ces solutions d’adaptation au propriétaire du bien afin qu’il puisse les mettre en œuvre pour prévenir les futurs dommages.

Pour cela, le diagnostic doit être réalisé dans une démarche de sensibilisation et d’aide à la décision auprès du propriétaire du bien diagnostiqué. Elle est un préalable indispensable à la réalisation des mesures de prévention recommandées et permet de rendre l’outil opérationnel. Il est donc nécessaire d’apporter une attention particulière à la restitution des résultats à la suite du diagnostic. Un rapport doit être restitué donnant toutes les clés au propriétaire pour le passage à la démarche de travaux. Cela passe notamment par une présentation pédagogique du phénomène et de son impact sur le bien diagnostiqué, des facteurs de vulnérabilités et des mesures d’adaptation à suivre ainsi que des facteurs clés pour favoriser les démarches de travaux. L’enjeu est d’anticiper les éventuels points bloquants et encourager une adaptation cohérente et de bon sens.

Le rapport permet d’encourager une gestion intégrée du risque en analysant les interactions entre le sol, les facteurs déclenchants sur la parcelle et les vulnérabilités du bâti. Préalablement à toute action sur le bâti existant, le diagnostic proposé permet d’évaluer si l’habitation est adaptée pour ensuite proposer des mesures pertinentes. Le rapport rend accessible l’ensemble des critères ainsi que des mesures concrètes et adaptées pour une habitation exposée et sa parcelle. L’enjeu est d’inciter les acteurs de la gestion des risques à s’approprier cette méthodologie et les supports proposés pour aboutir sur une stratégie de prévention commune.

Cet article fait partie de notre dossier Adaptation & Résilience des bâtiments que vous pouvez retrouver ici.

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