Rentrée de la CAPEB : l’artisanat et le bâtiment font grise mine

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

1295 Dernière modification le 08/09/2023 - 12:41
Rentrée de la CAPEB : l’artisanat et le bâtiment font grise mine

 

Retour sur la note de conjoncture annuelle de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, avec un mot d’ordre : l’incertitude pour l’avenir. 

 

Des indicateurs à la baisse

Tous les ans, la CAPEB donne les tendances de l’activité des entreprises artisanales du bâtiment. En 2023, force est de constater que l’heure n’est pas à la fête : -0,5 % en glissement annuel de volume d’activité pour le deuxième trimestre 2023, après une stagnation sur le trimestre précédent. C’est d’ailleurs la première fois depuis l’ère post-Covid que les chiffres pointent ainsi vers le bas. 

Sans grande surprise, le secteur qui souffre le plus en cette rentrée est celui de la construction neuve : -1,5 % en volume par rapport en second trimestre 2022. Cela représente plus de 400 000 autorisations de permis de construire en moins sur une année. En revanche, les travaux d’amélioration de performance énergétique du logement s’en sortent nettement mieux, avec +2 % en glissement annuel. 

Dans la même mouvance, les corps de métier connaissent tout au mieux une stagnation, au pire une baisse de leur volume d’activité. C’est tout particulièrement vrai pour les maçons, impactés de plein fouet par le ralentissement du neuf. 

Ces difficultés sont prégnantes dans presque toutes les parties de la France, excepté le sud-est, seule zone où les valeurs sont ne sont pas négatives (+1 % pour Auvergne Rhône-Alpes, +0,5 % pour PACA et Corse). 

Et pour la suite ? Pas de mieux. Alain Chouguiat, Directeur des affaires économiques de la CAPEB, annonce une poursuite de la baisse de l’activité, pour atteindre environ -1 % en 2024.  

Un appel à un soutien étatique renforcé 

De ses dires, le syndicat n’en est pas étonné de ces données nuancées. C’est-à-dire que la situation est inquiétante, mais pas surprenante. La cause principale ? Le manque d’intervention adaptée et suffisante au niveau de l’Etat. Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, synthétise ainsi : « les mesures de soutien ne sont pas à la mesure des ambitions de décarbonation du pays ». 

Un point sur la rénovation énergétique

De l’avis de la CAPEB, une erreur du gouvernement est notamment de souhaiter privilégier la rénovation globale au détriment radical des travaux par geste (en supprimant des subventions MaPrimeRénov’ pour l’installation de chaudières THPE, par exemple). Selon Jean-Christophe Repon, cette volonté s’inscrit en contradiction avec les moyens des particuliers et est ainsi « contreproductive par rapport à la réalité du marché et à la situation financière difficile des ménages »

Ainsi, les difficultés dans le secteur du BTP s’accumulent, énumérées par le président du syndicat : de moins en moins d’entreprises du bâtiment possédant les qualifications adaptées (60 000 certifiées RGE environ et ce chiffre stagne), des prix des matériaux et de l’énergie qui continuent leur ascension, un pouvoir d’achat des ménages qui n’a de cesse de s’effriter pour des restes à charge de travaux qui restent toujours trop élevés… 

Face à cela, le syndicat appelle à des actions fortes du gouvernement : parmi elles, organiser des assises du bâtiment, ou encore aider à la mise en place effective des Accompagnateurs Rénov sur le territoire. Les leviers pour atteindre les objectifs de décarbonation fixés pour la France existent, mais ne sont à ce jour malheureusement pas mobilisés. 

Le mot de la fin revient à Alain Chouguiat, qui résume la situation par un « manque de visibilité » et une « incertitude généralisée » pour l’avenir. 

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