Redessiner le paysage en symbiose entre urbanisme et écologie

Rédigé par

Communication Kardham

Communication

1223 Dernière modification le 14/03/2024 - 10:22
Redessiner le paysage en symbiose entre urbanisme et écologie

DOSSIER C21 - Le réchauffement climatique induit des phénomènes extrêmes, dont de fortes pluies qui génèrent des inondations aux impacts irréversibles sur la stabilité du bâti. Une approche à la parcelle, plus robuste, connectée à la nature et prête à affronter l’avenir est nécessaire. Redéfinir le paysage est une clé pour construire un avenir urbain durable. 


La résilience des villes aux effets du changement climatique doit être une priorité. Dans un scénario de réchauffement à +1,5°C, les précipitations décennales, représentant la probabilité de précipitations sur une période de dix ans, se produiront 1,5 fois plus fréquemment. Chaque année en France, environ 200 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers – l’équivalent de 400 stades de football – sont sacrifiés au profit de constructions humaines en raison de l’urbanisation croissante. Composées d’asphalte ou de béton, des matériaux imperméables à l’eau et à l’air, nos routes, voies ferrées, parkings et édifices entravent l’infiltration des eaux de pluie dans le sol, compromettant ainsi sa capacité à assurer des fonctions cruciales telles que le rechargement des nappes, le stockage du carbone, la préservation de la biodiversité et le rafraîchissement des villes. 

Réaménager les parcelles pour une gestion optimale des eaux pluviales
Pendant de nombreuses années, les eaux pluviales, déversées dans l’environnement naturel, ont été négligées. Au fil du temps, le système d’assainissement a révélé ses limites face à l’expansion de l’urbanisation et à l’imperméabilisation des sols. L’adoption de solutions végétalisées, intégrées de manière diffuse dans le tissu urbain pour la gestion des eaux pluviales, représente une réelle opportunité. Ces approches, souvent plus économiques que les solutions conventionnelles basées sur des infrastructures « tout-tuyau », permettent de rétablir l’équilibre entre nature et vie urbaine. Chaque espace vert contribue à améliorer la qualité de vie, mais également à restaurer la biodiversité au sein de la ville résiliente de demain, favorisant ainsi la création de corridors écologiques. 


Le déploiement de solutions de désimperméabilisation se traduit généralement par la mise en place de modes d’infiltration diffus, permettant une gestion des eaux de pluie au plus près de leur lieu de chute. Lorsqu’ils intègrent des éléments végétalisés, ces aménagements remplissent souvent plusieurs fonctions et contribuent à divers usages au sein de la ville.

Parmi ces solutions, les zones végétales infiltrantes, telles que les noues d’infiltration et les tranchées drainantes, jouent un rôle crucial. Caractérisées par des fossés larges, peu profonds et végétalisés, elles capturent efficacement l’eau de ruissellement. Une alternative supplémentaire consiste à installer des toitures végétalisées, qui retiennent les précipitations dans leur substrat, évitant ainsi tout rejet direct vers le réseau. De plus, l’utilisation de revêtements perméables tels que le béton poreux, les pavés perméables et les dalles alvéolaires, offre des surfaces favorisant une forte perméabilité, particulièrement adaptées à la construction de routes et de parkings drainants. Simultanément, les techniques de collecte et de réutilisation des eaux de pluie impliquant le stockage dans des installations dédiées comme les cuves de récupération d’eau de pluie, permettent une utilisation judicieuse de cette ressource. Ces installations permettront l’utilisation de l’eau de pluie stockée pour alimenter les toilettes ou l’irrigation des plantes, contribuant ainsi à une gestion plus durable et optimale des ressources en eau.


Des solutions pour limiter les risques et réduire les impacts  
Un nombre croissant de constructions devient de plus en plus vulnérable aux risques naturels d’inondation, et les niveaux des crues les rendent de plus en plus préoccupantes. La réduction de la vulnérabilité des bâtiments représente donc un enjeu majeur pour minimiser les dommages matériels et leur coût associé.

En cas de mise en œuvre d’installations, d’ouvrages ou de remblais dans le lit majeur des cours d’eau, l’objectif principal est de ne pas aggraver les phénomènes de crue et de limiter les impacts de ces aménagements sur la continuité écologique. Si une telle implantation est inévitable, il est essentiel de procéder à un remblai ou à une surélévation du terrain naturel, conformément aux réglementations en vigueur telles que le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI). L’installation, nécessitant un remblai, doit être conçue de manière à minimiser son emprise au sol. Le principe est de garantir la transparence des écoulements pour éviter tout impact sur le flux d’eau, au moins jusqu’au niveau de référence des crues. Les remblais devront être compensés par des rétentions supplémentaires équivalentes au volume remblayé. En cas d’impacts identifiés, des mesures correctrices doivent être mises en place en collaboration avec des bureaux d’études spécialisés afin de réduire significativement la zone d’impact, tant en termes de hauteur d’eau que de vitesse d’écoulement. On parle de transparence hydraulique.

Dans le cadre d’un projet de construction, l’utilisation de la plateforme de modélisation Hydra permet la réalisation de simulations hydrauliques visant à évaluer l’impact concret du projet en conditions réelles. Certains bâtiments peuvent se comporter comme un obstacle aux écoulements, entraînant une élévation des niveaux d’eau autour de son emplacement et peuvent impacter les parcelles voisines. Des mesures compensatoires doivent donc être mis en place telles que l’introduction de transparences hydrauliques sur les rampes d’accès ou l’installation de grilles sous les bâtiments afin de diminuer les hauteurs d’eau ainsi que les vitesses d’écoulement.

Par ailleurs, sans mesures compensatoires, le bâtiment entraîne de fortes perturbations sur l’écoulement naturel et génère des impacts sur les bâtiments alentour. L’aménagement sur pilotis permet en outre de réduire l’impact de manière significative. Sous l’influence de fluctuations hydriques et cycliques accentuées par des conditions météorologiques de sécheresse, le sol peut subir un processus de retrait-gonflement, engendrant des mouvements du sol ainsi que la formation de fissures, en particulier sur les sols argileux (notion de RGA). 

Des actions relatives à chaque spécificité de terrains 
À la lumière de ces observations, nous avons constaté une augmentation de ces sinistres dans la région géographique du sud-ouest. Il est donc impératif, lors de la planification de la construction dans de telles zones, de prendre en considération ces variations du sol. Des mesures d’atténuation, telles que l’utilisation de fondations profondes comme des pieux ou l’incorporation d’un sous-sol en dessous du niveau naturel du terrain, se révèlent cruciales pour minimiser les risques associés à ces processus. Ainsi, l’eau revêt une importance cruciale, tant par son rôle essentiel à la vie que par sa potentialité à se transformer en source de dangers. Elle façonne de manière prépondérante nos environnements, influençant la manière dont nous habitons et de vivons nos territoires.  Pour instaurer une gestion durable des eaux pluviales, il est impératif d’intégrer des systèmes respectueux de l’environnement en créant des zones tampons vertes et en adoptant une planification urbaine prenant en compte les caractéristiques hydrologiques du terrain. 

Ces mesures contribuent significativement à atténuer les risques liés à l’eau et à favoriser une cohabitation harmonieuse entre la faune et la flore, les populations et les infrastructures. Il devient ainsi essentiel que chaque projet à venir intègre ces solutions. Toutefois, compte tenu de la diversité inhérente à chaque projet, il s’avère impératif de concevoir des solutions spécifiques qui tiennent compte des contraintes particulières de chaque contexte.

Un article signé Khardam.

Retrouvez tous les articles du dossier Adaptation & Résilience

Partager :