« Quel aménagement du territoire pour demain ? », cinquième journée du festival Building Beyond

Rédigé par

Matthieu Lerondeau Leonard

Directeur de la communication

2364 Dernière modification le 16/09/2021 - 10:26
« Quel aménagement du territoire pour demain ? », cinquième journée du festival Building Beyond

La 4ème édition du festival du bâtiment Building Beyond, qui a pour titre "La décennie décisive" se tiendra du 20 au 25 Septembre 2021.

La journée du 24 septembre donnera aux participants l’occasion d’explorer de nouvelles manières d’aménager le territoire afin de répondre aux enjeux de la transition environnementale. Qui sont les aménageurs de demain ? Quelle forme prendront les nouveaux projets ? Tout au long de la journée, de nombreux experts viendront faire part de leurs réflexions.

Nouvelles compétences, nouveaux acteurs

L’aménagement du territoire est en France traditionnellement exercé de manière verticale et descendante, via des démarches et outils de planification séparant rigoureusement stratégie et mise en œuvre, induisant souvent un manque d’évolutivité et d’adaptabilité des objets produits. La montée en puissance des impératifs liés à la transition environnementale invite à rebattre les cartes dans nos manières de faire.

Les impératifs climatiques et environnementaux s’imposent en effet dans l’aménagement du territoire et encouragent une approche systémique (et non plus silotée) des politiques locales, de même que de nouvelles compétences propres à ces enjeux. Par ailleurs, l’aménagement fait également face à l’émergence de nouveaux acteurs. De plus en plus de projets d’origine citoyenne ou qui impliquent fortement les citoyens dans la fabrique de la ville voient le jour. En outre, de nouveaux pratiques d’aménagement, tels que l’urbanisme transitoire, adoptent une démarche plus horizontale. Enfin, les obligations réglementaires viennent également renforcer le processus : elles encouragent les acteurs publics à intégrer les citoyens dans les projets d’aménagement, via la concertation et la participation.

Ainsi, la transition nous pousse à mettre en place des modèles d’aménagements vertueux, rapidement opérationnels et surtout réplicables (tout en prenant en compte les particularités locales). Or, répondre à toutes ces exigences s’avère d’une grande complexité. Il nous faut donc accompagner le renouveau de l’aménagement, en donnant les moyens aux acteurs d’évoluer dans leurs pratiques.

Le témoignage d’Edouard Dequeker : « nos manières d’aménager restent très rigides, descendantes et peu évolutives »

Edouard Dequeker est Professeur à la Chaire d'Economie urbaine de l'ESSEC. Il animera la table ronde « Quelles compétences territoriales pour réussir la transition écologique ? » (voir programme ci-dessous).

« L’urgence environnementale nous amène à repenser nos manières de faire dans l’aménagement et le développement territorial, en ce qu’elle en révèle le caractère encore trop rigide. Le travail effectué par la Chaire d’Economie urbaine de l’ESSEC pour Léonard cette année a permis de mesurer au travers d’entretiens avec des experts et opérationnels sur les territoires la persistance de blocages extra-techniques, d’ordre organisationnel, à la mise en place de démarche de transition environnementale dans l’aménagement. Il semble en effet que malgré des objectifs ambitieux affichés par les pouvoirs publics et les résultats des dernières élections municipales, très peu de choses aient véritablement bougé à l’heure où s’ouvrent des mandats locaux décisifs en matière de transition. Nous donnons dans ce travail plusieurs pistes explicatives à ces blocages. A titre d’exemple :

  • Les collectivités, pour certaines peu outillées techniquement, rencontrent des difficultés, même lorsqu’elles ont développé d’importantes ingénieries sur certains sujets, à articuler les compétences entre elles. Leurs différentes directions fonctionnent encore largement en silo alors même que la transition écologique exige une transversalité des réponses ;
  • Les acteurs publics et privés de l’aménagement, pour de très nombreuses raisons, privilégient les nouveaux projets au détriment d’actions sur le tissu existant, plus complexe et qui requiert un degré de spatialisation des stratégies d’aménagement qui reste encore insuffisant.
  • La constitution d’une offre privée ensemblière, pouvant pallier un déficit de transversalité dans l’action publique locale, bute sur l’obsolescence de la commande publique. La faible culture de conception au sein des collectivités participe à la reproduction de cahiers de charges souvent datés dans leurs préconisations et qui contiennent parfois des injonctions contradictoires. De ce point de vue, le critère-prix reste prépondérant dans la plupart des cas, ce qui empêche la construction de modèles économiques viables pour des prestations environnementales ensemblières requérant des niveaux de séniorité importants.

Dans l’ensemble nos manières d’aménager restent très rigides, descendantes et peu évolutives. De nombreux projets d’aménagement sont déjà obsolètes au moment même où ils sont livrés. Sur le plan environnemental on en reste aujourd’hui souvent à des opérations de type démonstrateur et qui ne sont pas réplicables à plus grande échelle.

La plupart de ces blocages sont bien connus des acteurs de l’aménagement et ne sont pas spécifiques aux enjeux environnementaux. Mais ces derniers, du fait de leur importance et de leur urgence, doivent nous inviter à les dépasser. La spatialisation de nos diagnostics territoriaux et de nos réponses opérationnelles semble constituer un levier important de transformation de nos modes de faire. Il reste difficile pour les territoires de saisir de manière systémique les flux à l’œuvre et de pointer ainsi du doigt leurs vulnérabilités. Pour des raisons à la fois d’habitudes ou de difficultés en matière de recueil de données, les diagnostics territoriaux restent trop thématiques et statiques, et pêchent en matière de représentation dynamique des flux à l’œuvre (personnes, marchandises ou encore ressources). Ces démarches de représentation en matière de métabolisme urbain sont encore aujourd’hui émergentes.

De cette meilleure spatialisation des diagnostics territoriaux et de cette identification des points de vulnérabilités environnementales pourrait ainsi découler une meilleure spatialisation des réponses apportées. Ces espaces ou « territoires de projets », échelons intermédiaires auxquels on pourrait rattacher des orientations à la fois stratégiques et opérationnelles, pourrait ainsi constituer des espaces d’expérimentation de nouvelles pratiques d’aménagement, fluides et itératives, associant des acteurs publics et privés dans une logique horizontale et partenariale. Le projet de 22@ à Barcelone (la régénération urbaine des anciens quartiers industriels de Poblenou), par son échelle, sa méthode et ses résultats, constitue à nos yeux une démarche singulière dont nous pourrions grandement nous inspirer pour spatialiser nos stratégies bas-carbone.

Enfin, il faut dans de très nombreux cas repenser l’organisation interne des collectivités territoriales. La création d’une Direction dédiée aux enjeux environnementaux n’apparaît pas aujourd’hui adaptée à la nécessaire transversalité des réponses. Ces dernières doivent nécessairement à nos yeux sur une volonté et un leadership politique marqué, traduit dans la transversalité de portefeuilles d’élus, ainsi qu’une coordination des politiques à l’échelle de la Direction Générale des Services (DGS). Le binôme formé par le ou la DGS et le Maire / Président d’EPCI doit donc constituer la colonne vertébrale pour une évolution des politiques publiques locales.

Ces différents leviers seront d’ailleurs débattus en profondeur lors de la journée Building Beyond du 24 septembre à travers d’un atelier de travail. »

Une journée Building Beyond dédiée au renouveau de l’aménagement du territoire

Programme de la journée :

  • 8h30 - 10h : « Quelles compétences territoriales pour réussir la transition environnementale ? »
  • 10h30 - 12h30 : « Adapter les villes aux extrêmes climatiques »
  • 13h - 14h30 : « La ville circulaire : du chantier au territoire »
  • 15h - 16h30 : « Le périurbain sans a priori »
  • 17h - 18h30 : « Ciné-débat : la friche, c’est chic ! »

Le festival Building Beyond est organisé tous les ans par Léonard, plateforme de prospective et d’innovation du groupe VINCI. Cette année, l’édition du festival est dédiée à la décennie 2020-2030, dite “décennie décisive”. Il s’agira de revenir sur les enjeux centraux de la crise climatique, de faire le lien avec d’autres enjeux sociétaux tout aussi importants (tel que le vieillissement de la population et des infrastructures) et de montrer qu’il est possible d’adapter les villes et territoires d’ici 2030. Le festival se tiendra du 20 au 25 septembre, n’hésitez pas à vous inscrire !


S’inscrire à la journée aménagement :

Participer en ligne

Participer sur place

(6 place du Colonel Bourgoin, Paris 12e, places limitées, présentation obligatoire du pass sanitaire et port du masque dans l’ensemble des espaces)

Pour consulter le programme complet du Festival, ou pour assister à cet événement à distance, inscrivez-vous sur www.buildingbeyond.fr

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