[Portrait] Yasmina Sandoz - Retour aux souches 

Rédigé par

Stéphanie Santerre - Construction21

Journaliste

16566 Dernière modification le 05/07/2023 - 11:25
[Portrait] Yasmina Sandoz - Retour aux souches 


Un parcours taillé dans le bois, une voix portant ses atouts dans la construction en France et au-delà… Yasmina Sandoz a forgé sa réputation sur la promotion du biosourcé, de l’innovation et des savoir-faire d’exception. Femme multifacette, son moteur est d’abord et avant tout la transmission. Portrait. 

Élue Verte, entrepreneuse, mécène, investisseuse… Yasmina Sandoz est de tous les fronts. Son parcours maillé de rencontres et d’engagements n’a d’ailleurs pas échappé au Cercle suisse des administratrices, dont elle vient de rejoindre les membres en tant que femme leader de la Suisse romande. L’association, qui prône la diversité et les compétences au sein des organes de gouvernance, œuvre à la visibilité des femmes dont les profils sont recherchés par les conseils d’administration ; si tant est qu’il faille encore deviner l’empreinte, ou justifier l’influence de cette figure des relations publiques, du développement durable, de la construction biosourcée dans la filière bois depuis une quinzaine d’années. 

Yasmina Sandoz, 48 ans, ne craint pas les contrastes ; elle les cultive. Cette richesse de « pédigrée », elle la revendique dans ses origines mêmes, fruit du mariage entre une mère franco-polonaise catholique et d’un père indo-mauricien musulman. Une référence de mixité qui donne le ton de sa carrière, de ses premiers pas au RC Lens dans les Hauts-de-France, à son actuel poste d’Administratrice de la société familiale franco-suisse Concept Bois Technologie. 

La comm’ pour moteur 

Bac en poche, elle partage déjà son temps entre ses études et la mode, chez Jean-Louis Scherrer et Jeanne Lanvin. Proche des catwalks, son premier virage se fait pourtant sur le bitume : en Allemagne, son terrain d’Erasmus, sa rencontre avec son professeur de communication à la Fachhochschule de Pforzheim, également directeur de la communication du groupe Daimler-Chrysler, la met sur la route de la Classe A – la voiture Mercedes qui en 1997 s’était renversée sur le circuit de Nürburgring sous les yeux du monde – et qui l’embarque dans sa première communication de crise. L’expérience la confirme dans la foulée dans l’univers automobile, au sein du groupe Volkswagen à Wolfsburg, une fois décroché son DESS en communication internationale en 1998-99. 

Dans son écrin industriel d’outre-Rhin, sa mission est alors d’uniformiser la communication de Volkswagen et de ses marques au niveau mondial. De son mémoire de DESS sur la stratégie de plateforme, notamment sur l’impact de l’image des marques sur le groupe et réciproquement, elle parle d’une sorte de « mariage des extrêmes ». Cette même année en 1998, les choses s’accélèrent au côté de Dr. Ferdinand Piëch, patron du groupe Volkswagen et petit-fils de Ferdinand Porsche, avec qui elle collabore sur le rachat de Bugatti puis sur la rénovation du château Saint-Jean de Molsheim (Dorlisheim, 67) dont elle devient « directrice du Château » en 2001. 

La vie en Vosges 

L’année 2003 bat le rappel en France aux côtés de son conjoint, ingénieur motoriste, qui intègre alors le centre de R&D Honeywell Garrett dans les Vosges, avant de disparaître brutalement quelques années plus tard. La région Grand Est sera sa nouvelle terre d’élection ; la fonction publique son horizon pendant 10 ans, au conseil départemental des Vosges. Mais avant, elle côtoie les étoiles de l’aérospatiale lors d’un passage à Science Po Paris en 2004, croisant la route de Claudie Haigneré, première astronaute française, alors ministre déléguée aux Affaires européennes.  

L’auto dans le rétro, c’est une autre filière qui aiguise l’inspiration de ce couteau-suisse des relations publiques : le bois. Au service du développement économique au sein du conseil départemental des Vosges, Yasmina Sandoz a notamment en charge le suivi des investissements des entreprises endogènes, la prospection de projets exogènes, la structuration de la filière bois, la mission Chine, le réseau des Ambassadeurs des Vosges et le déploiement de la marque territoriale « Je Vois la Vie en Vosges ». Des missions comme autant de réseaux qui forgent sa nouvelle vocation, accompagnant de nombreux industriels de la scierie, dans la première et seconde transformation du bois, les constructeurs, ou encore dans le secteur industriel. On lui connaît la gestion de l’implantation de nouvelles usines en terres vosgiennes, telles qu’Ossabois ou la suisse Pavatex, dont le directeur général, « très gentleman », attend « son retour de congé maternité pour organiser l’inauguration de la toute nouvelle usine, en 2013 ». Son goût de la transmission a pris, 3 ans auparavant, une nouvelle dimension, lorsque le bois la met sur la voie de Jean-Luc Sandoz, CEO du groupe CBS-Lifteam, avec qui elle formera une famille recomposée de quatre enfants.  

Idées longues, filières courtes 

Avec lui, elle partage les mêmes valeurs sur l’innovation, le respect de l’environnement, les constructions bois et biosourcées…, autant de convictions nourricières, catalyseurs de projets phares, à l’image de la première construction en bois de hêtre Baubuche en France, qui démontre qu’il est possible techniquement d’utiliser le feuillus en bois de structure haute performance, de la centaine de projets de construction soutenus par le Département, sans oublier les événements de promotion des savoir-faire vosgiens dans le décor feutré des palaces parisiens. Au goût d’exception plus que de luxe, sa marque de fabrique chemine par-delà les forêts du Grand Est, et s’enracine dans les consciences portées vers un monde décarboné. 

Ses projets font flores dans l’Hexagone comme en Suisse : avec CBS-Lifteam qu’elle rejoint officiellement comme administratrice en 2018, elle est mécène des Forums Bois construction en France, mais aussi en Suisse avec les Colloques Bois & Sport et Bois & Santé. Emploi, formation, ressources, projets complexes et structurants…, sa vision globale de la promotion de la filière bois-forêt multiplie ses cartes de membres, ses interactions au plus près du terrain, à l’écoute de l’environnement et du besoin humain. « Plus d’ingénierie, moins de matière », pourvu qu’elle soit grise : son ambition, chez CBS-Lifteam, est aujourd’hui d’apporter une vision plus diversifiée et responsable envers la biosphère. Yasmina Sandoz, une green machine anti-green washing : la lutte contre le réchauffement climatique, ce n’est pas que marketing.  


Un engagement multifacette 
Outre son activité principale dans la filière bois, Yasmina Sandoz est élue verte de sa commune en Suisse. Elle a également soutenu des projets d’ONG, notamment pour améliorer les conditions de vie des réfugiés en Haïti et au Mexique, ou encore pour améliorer les registres d’État civil dans plusieurs pays d’Afrique, comme le Cameroun et la Guinée. Elle a également investi dans une start-up de l’EPFL, dans la cybersécurité : Global ID, spécialisée dans l’identification biométrique à partir du réseau veineux. 

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