Bioteos : améliorer la qualité de l’air grâce au potentiel des microalgues

Rédigé par

David Portugais

Responsable Marketing

5034 Dernière modification le 12/04/2022 - 11:39
Bioteos : améliorer la qualité de l’air grâce au potentiel des microalgues

Organisé par le Technopôle Domolandes, le Grand prix de l'innovation construction durable et cadre de vie récompense chaque année des projets de création et de développement d’entreprises innovantes en matière d’éco-construction, d’habitat, de cadre de vie et d’aménagement.

Alors que l’appel à projets de l’édition 2022 est lancé jusqu’au 31 mars, nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir les 10 finalistes sélectionnés par le Jury de Sélection lors de la dernière édition.

Cette semaine, nous sommes partis à la rencontre de Romain Baheux, CEO et responsable production et technique, ainsi que Romain Dhenin, CMO et responsable marketing et commercialisation de la startup Bioteos, créée en juin 2021 et implantée à Willems dans les Hauts-de-France. Soucieux des enjeux environnementaux et sanitaires actuels, ces deux ingénieurs issus de Polytech Lille ont pour ambition d’allier nature et technologie au service de l’Humain, en purifiant l’air ambiant grâce aux microalgues.

 

Pouvez-vous présenter les grandes lignes de votre projet d’innovation ? A qui s’adresse-t-il ?

Romain Dhenin : En intérieur, l’air est 5 à 7 fois plus pollué qu’en extérieur, principalement à cause des activités humaines et du manque de ventilation, d’aération. Il est par ailleurs très compliqué de réduire les activités humaines en entreprise et leurs impacts sur la qualité de l’air, et la ventilation n’est pas toujours possible, soit techniquement, soit pour des raisons météorologiques.

C’est pourquoi nous avons créé l’entreprise Bioteos, qui a pour objectif de purifier l’air des espaces intérieurs accueillant du public. Notre solution repose sur l’utilisation des polluants atmosphériques par les microalgues afin d’améliorer la qualité de l’air. En effet, en passant par différentes étapes de filtration, le système que nous avons développé permet de capter divers polluants dangereux pour la santé, tels que les particules fines 2,5 et 10, les composés organiques volants (COV), les dioxydes d’azote (NO2) ou encore le dioxyde de carbone (CO2). C’est ainsi qu’après un travail de R&D, nous avons pu intégrer ce système dans une colonne (totem) simple d’installation et facilement reproductible : Oxylon.

 

A qui s’adresse votre solution ?

Romain Baheux : Oxylon est le nom de notre gamme de produits regroupant deux purificateurs d’air. Le premier, nommé Oxylon, s’adresse aux grands espaces intérieurs tels que les gares et les stations de métro. Ce mobilier urbain serviciel mesure 2,30 mètres de haut pour 80 centimètres de large, et permet de traiter 700 mètres cube d’air par heure. Le second, actuellement en développement et nommé Oxylon Office, sera à destination des espaces intérieurs de 50m² maximum, dont les bureaux. Il mesurera aux alentours d’1,60 mètre de haut sur 30-40 centimètres de large.

Fabriqué dans les Hauts-de-France, nos produits apportent par ailleurs de l’humidité dans les espaces intérieurs. Un air sec favorise le développement d’allergies, de bactéries et de virus dont le Covid-19, et donc d’arrêts de travail. En revanche, un air humide constitué de gouttelettes d’eau alourdira les particules de Covid-19, par exemple, et freinera sa propagation. Pour avoir un air sain, il faut donc avoir une hygrométrie comprise entre 40 et 60% en intérieur. Avec Oxylon, nous atteignons un taux d’humidité allant jusqu’à 53%.

Par ailleurs, les microalgues sont responsables de 75% de l’oxygène présent dans l’atmosphère, et ont un pouvoir de photosynthèse 4 fois plus « efficace » que les arbres :
1 kg de microalgues capte 2 kg de CO2.

 

Quels sont vos concurrents et comment vous démarquez-vous d’eux ?

Romain Baheux : Il existe déjà des entreprises sur ce secteur. Elles sont toutefois portées sur la purification de l’air extérieur, notamment proche d’axes routiers ou dans des centres-villes.

L’entreprise CarbonWorks, créée à la suite de la joint-venture entre Suez et Fermantalg, utilise des totems pour faire buller de l’air pollué extérieur dans les microalgues. La société Kyanos Biotechnologies est quant à elle portée sur la purification de l’air extérieur via le déploiement d’arbres à algues.

Romain Dhenin : La purification de l’air extérieur est très difficilement mesurable, et les effets se font sur les moyen et long termes. Alors qu’en intérieur, l’impact est plus facile quantifiable et les usagers de ces espaces en ressentent les bénéfices rapidement.

 

Quelles sont vos stratégies de développement ?

Romain Dhenin : Nous avons commencé par développer notre purificateur d’air pour les grands espaces intérieurs, pour lequel nous avons breveté la technologie d’échanges gazeux en 2021. Toutefois, sa commercialisation prend plus de temps que prévu pour diverses raisons. Si son prix et sa maintenance ne sont pas à exclure, il nous reste encore des verrous technologiques à lever pour perfectionner notre prototype.

Romain Baheux : C’est pourquoi nous avons mis au point Oxylon Office, dont l’exploitation et la diffusion seront beaucoup plus simples et rapides. Ce purificateur d’air répond par ailleurs aux normes RSE de la plupart des sociétés. Il sera commercialisé entre juin et septembre 2022.

Romain Dhenin : Nous travaillons actuellement en partenariat avec la MEL et souhaitons placer notre purificateur d’air Oxylon sur l’ensemble du réseau métropolitain. Nous leur avons commandé un rapport préliminaire qui nous permettra de modifier voire d’optimiser notre produit. Les résultats officiels n’arriveront pas avant septembre. Nous attendons ces retours d’expériences afin d’adapter notre gamme, puis mettre en place la logistique et l’industrialisation de notre production sur le long terme.

Nous sommes également en discussion avec la communauté de commune de Douet pour placer l’un de nos procédés dans une école, et la région Ile-de-France. De plus, l’entreprise Nacarat nous a mis en relation avec la société Tour Eiffel, une foncière tertiaire du Grand Paris.

 

Quel est le coût de votre purificateur d’air intérieur du point de vue de la conception mais aussi pour les utilisateurs ?

Romain Baheux : Notre produit visant à purifier l’air des grands espaces coûte environ 15 000 euros.  Une maintenance tous les 2 mois est à prévoir avec un chiffrage en fonction du nombre de produits installés. En effet, tous les deux mois, les microalgues doivent être changées et remplacées par de nouvelles.

Les microalgues en fin de vie sont ensuite réutilisées sous forme de biofertilisant dans un premier temps. Notre objectif est ensuite de leur trouver une utilisation à plus haute valeur ajoutée telle que des colorants par exemple. En outre, nous produisons nous-mêmes des microalgues dans nos locaux.

 

Quelles sont vos sources de financement ?

Romain Dhenin : Nous avons créé Bioteos avec un capital de départ sur fonds propres, à hauteur de 15 000 euros. Nous avons ensuite participé à plusieurs concours, dont le Grand prix de l’innovation 2021 organisé par le Technopôle Domolandes. Ces concours nous ont permis d’obtenir le capital dont nous avions besoin pour lancer notre startup et développer notre technologie. Nous recevrons également un prêt d’honneur prochainement.

Notre premier chiffre d’affaires arrivera à partir du mois d’avril, à la suite d’une expérimentation avec la Métropole Européenne de Lille (MEL). En effet, nous avons placé notre premier prototype d’Oxylon dans le métro lillois en mars 2022.

 

Que vous a apporté le suivi du Technopôle Domolandes ? Que vous a apporté votre statut de finaliste du concours Grand prix de l’innovation 2021 ?

Romain Dhenin : Il s’agissait en réalité du tout premier concours pour lequel notre startup Bioteos était invitée à participer. Cet évènement nous a permis de rencontrer de nombreux acteurs de la construction et du bâtiment, dont des représentants de Bouygues Construction et de Systra avec qui nous sommes restés en contact.

 

 

Propos recueillis par Alexandre Job – Construction21, La rédaction


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