Marcadet Belvédère ouvre les horizons de la réhabilitation bas carbone

Rédigé par

Stéphanie Obadia

Directrice de la rédaction

1812 Dernière modification le 05/01/2024 - 12:06
Marcadet Belvédère ouvre les horizons de la réhabilitation bas carbone

Surélévation bois, réemploi, végétalisation, bioclimatisme… la réhabilitation du Marcadet Belvédère dans le 18ᵉ arrondissement de Paris vaut le détour. Livraison prévue pour avril 2024.


Il s’agit d’un des plus grands projets de rénovation urbaine de France. Situé dans un quartier urbain très dense du 18 arrondissement de Paris, Marcadet Belvédère s’étend sur 31 000 m² et comprendra des plateaux de bureaux de plus de 4 000 m², des commerces, une résidence étudiante, des équipements publics, une salle de sport, une copropriété de parking... Ce complexe, redessiné par Chartier-Dalix, recompose un ensemble cohérent formé d’un bâti existant en béton et d’éléments neufs en bois massif principalement, séparés par cinq patios afin d’apporter de larges respirations et une abondante lumière naturelle, ainsi qu’un jardin en toiture permettant de profiter du panorama des toits parisiens et de la butte Montmartre. « L’idée est de construire la ville sur la ville, introduit Marc Lafont, président exécutif de WO2, de profiter du bâti existant pour réaliser une surélévation en bois massif qui ramène la nature au cœur du bâtiment ». Cette réhabilitation se distingue par la démarche de réemploi, la surélévation bois, la végétalisation importante, la conception bioclimatique. De quoi inspirer… 

Surélever de cinq niveaux sur existant
Le chantier, débuté en juillet 2020, a commencé par le curage et la déconstruction d’un bâtiment de bureaux de quatre étages posés sur une partie du socle conservé (R+2). Dans une démarche vertueuse, plus de 18 tonnes de déchets issus de la déconstruction ont été récupérés permettant d’éviter l’émission de plus de 53 tonnes de CO₂. Des vasques, sièges, portes vitrées et en bois, faïences seront réemployés in situ et ex situ, notamment par des associations comme Emmaüs. Les luminaires, par exemple, déposés avant les travaux, seront réemployés dans le hall principal. 
« La dalle existante, datant des années 1970 et dotée d’un radier de béton de 2 mètres de haut au niveau des fondations, se prêtait parfaitement à la surélévation en bois puisqu’elle servait de halle de déchargement de marchandises et était à l’origine conçue pour accueillir des ouvrages lourds et du matériel roulant dédié au tri postal », précise Marc Lafont.

Du CLT pour le plancher (Stora Enso) et du lamellé-collé (Mathis) pour les poutres et poteaux ont été employés pour la surélévation. Tous les éléments ont été découpés en usine et livrés sur site en fonction de l’avancement du chantier. L’utilisation du bois, plus léger que le béton, a permis de monter les cinq niveaux avec seulement quelques renforts ponctuels de la structure existante.  Au final, 5 100 m³ de bois ont été mis en œuvre soit 3 780 tonnes de CO₂ stockées. En complément, des poutres en métal ont été intégrées pour assurer les longues portées de la trame structurelle existante. Les noyaux verticaux autour des cages d’ascenseur ont été réalisés en structure métallique. 

Un des plus grands espaces plantés de Paris
La végétalisation est l'une des autres particularités de cette réhabilitation. Sur les derniers niveaux, des zones de terre de 1,20 mètre d’épaisseur ont été réalisées permettant de créer un véritable arboretum urbain (potager, verger, roseraie, serres agricoles…). Au final, plus de 4 000 m² seront végétalisés (toitures terrasse, cinq patios, 650 m² de jardins d’hiver) sur les 9 000 m² de terrasses et de balcons que comprendra Marcadet Belvédère. De quoi profiter pleinement des lieux avec vue sur le Sacré Cœur. « Ce sera l’un des plus grands espaces plantés de Paris. Un véritable ilot de fraicheur, poursuit Marc Lafont. Recréer la nature en ville, penser à des grands espaces suspendus font partie de notre ADN. Dans tous nos projets, nous proposons de nombreux espaces extérieurs (20% de la surface de plancher), accessibles et si possible végétalisés, des espaces ouverts sur la ville, tournés vers le bien-être et la santé des occupants, et de grands plateaux horizontaux favorisant les échanges ». 

Coté énergie, les installations existantes de production de chaleur (chaufferie gaz alimentant le quartier) seront conservées mais basculées au biogaz, 350 m² de panneaux photovoltaïques seront installés sur le toit, et des groupes frigorifiques condenseurs à eau en RDC associés à des aéro-refroidisseurs en toiture assureront la production de froid. Aussi, le traitement aéraulique sera assuré par des ventilo-convecteurs basse consommation HEE, des centrales de traitement d’air double flux avec récupération de chaleur sur l’air extrait. « Les consommations seront divisées par trois par rapport à celles observées aujourd’hui en moyenne dans le parc tertiaire, avec une énergie finale de 72kWhEF/m²/an », précise Marc Lafont. Soit une économie de 40 euros par m² par an sur la facture des locataires. La conception bioclimatique est une des clefs de la performance énergétique du bâtiment. Et ce malgré de grandes façades vitrées en menuiseries aluminium disposées sur la totalité des bâtiments. Végétalisation créant un ilot de fraicheur, isolation des façades, plateaux traversants assurant la ventilation naturelle et stores extérieurs pour limiter la chaleur à l’intérieur du bâtiment sont les ingrédients de la recette. 

Marcadet Belvédère pourrait être une référence en matière de régénération urbaine bas carbone, avec une ACV du bâtiment selon BBCA 3.1 de 656 kg de CO2eq/m²/SDP. Avec à la clef, les certifications BBCA excellence, E2C2, HQE excellent, BREEAM excellent, Biodivercity et WiredScore. Et pour couronner le tout dans un des halls d’accueil, la mosaïque murale monumentale de 130 m² « Le Paon » signée Maurice Calka (Grand Prix de Rome 1950), est elle aussi conservée et restaurée. De quoi faire la roue et séduire les futurs occupants. 

Partager :