MaPrimeRénov' 2024, les lacunes d'une réforme

Rédigé par

Vincent Legrand

446 Dernière modification le 16/01/2024 - 12:06
MaPrimeRénov' 2024, les lacunes d'une réforme

Tribune de Vincent Legrand, président de Dorémi, entreprise de l'ESS spécialiste de la rénovation performante.

Le gouvernement souhaite inciter à davantage de rénovations énergétiques “d'ampleur” et à moins de monogestes de travaux, qui sont inefficaces pour baisser les factures énergétiques; nous saluons cette volonté, ainsi que les simplifications en cours (fusion MPR et CEE). Le financement prévu jusqu’à 90% des travaux (dans une limite de 70 000€) chez les ménages très modestes va certainement encourager à des rénovations énergétiques intégrant plusieurs postes de travaux.

Cependant, les ménages sont en même temps très fortement incités à réaliser un monogeste (parcours “MPR Efficacité”) : mettre une simple pompe à chaleur, sans isolation préalable, même dans les passoires énergétiques, ce qui est une aberration du point de vue de la précarité énergétique et du confort. Les conditions d’accès aux “rénovations d’ampleur” sont contraignantes (obligation d’accompagnement par un AccompagnateurRénov’), contrairement au parcours “pompes à chaleur”, ce qui va limiter le recours aux “rénovations d’ampleur”, et qui va perpétuer les fraudes constatées en 2022 et 2023 (manipulation des diagnostics pour inciter à la pose de simples pompes à chaleur).

Il est très dommageable que le gouvernement, qui a intégré dans le Code de la Construction en août 2021 une définition de la “rénovation performante”, invente un nouveau terme “rénovation d’ampleur”, non encadrée, et qui va du coup conduire à utiliser des fonds publics pour des rénovations qui ne sont pas “performantes” au sens de la loi ; le parcours “rénovation d’ampleur” oblige seulement à effectuer au moins deux gestes d’isolation thermique, alors qu’une rénovation performante implique la prise en compte de 6 postes de travaux.

Le gouvernement a annoncé un cap de “200 000 rénovations performantes” en 2024; cet objectif ne sera pas tenu, à cause des faiblesses que nous mentionnons; la précarité énergétique, qui est une bombe à retardement, ne peut plus attendre !

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