[Lettre Contact n°5] – CSTB / L’interview express de Camille Golhen

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Communication CSTB

1009 Dernière modification le 17/07/2023 - 12:36
[Lettre Contact n°5] – CSTB / L’interview express de Camille Golhen


Entretien avec Camille Golhen, responsable de la division Économie Circulaire et Analyse des Filières de la direction Économie et Ressources du CSTB.

Quels sont aujourd’hui les principaux enjeux du réemploi ?

 C. G. D’après le projet européen Interreg FCRBE, moins de 1 % des éléments de construction sont réemployés aujourd’hui dans le nord-ouest de l’Europe à la suite de leur premier usage. La nouvelle filière à Responsabilité Élargie des Producteurs (REP), étendue au bâtiment (PMCB) le 1er janvier 2023, a justement pour objectif d’atteindre progressivement 5 % de produits réemployés d’ici à 2028. Il s’agit donc de multiplier par dix les flux de réemploi en seulement cinq ans, ce qui va nécessiter une restructuration complète des filières.

Également plébiscité par la RE2020, qui n’intègre pas dans le calcul de l’impact carbone les matériaux réemployés, et favorisé par le diagnostic Produits, Équipements, Matériaux et Déchets, point de départ d’une véritable stratégie de valorisation de la matière, le réemploi s’impose comme moteur de l’économie circulaire. Cependant, plusieurs freins – techniques, logistiques, économiques et assurantiels – doivent être levés. Son développement nécessite, par exemple, de pouvoir identifier les gisements de ressources disponibles, ce qui implique aussi la structuration d’une filière de collecte, de reconditionnement et de distribution. Il est également indispensable de caractériser les performances résiduelles des produits issus du réemploi, d’identifier la présence de substances dangereuses et de définir, comme pour les produits neufs, des règles de mise en œuvre. 

Comment les acteurs de la filière et le CSTB s’emploient-ils à répondre aux différents enjeux liés au réemploi ?

C. G. Ils sont de plus en plus nombreux à se saisir de ce sujet et à développer des outils ou des expertises afin de le généraliser : maîtres d’ouvrage intégrant des objectifs de réemploi dans leurs marchés, assistants à maîtrise d’ouvrage et sociétés de conseil qui se sont spécialisés dans le réemploi, plateformes de reconditionnement physiques et plateformes numériques de mise en relation de l’offre et de la demande, etc. Ancré dans une actualité réglementaire favorable, le réemploi se structure collectivement, au-delà de ces initiatives individuelles, avec par exemple la création du Syndicat Professionnel du Réemploi dans la Construction (SPREC). Le CSTB participe pleinement à cette dynamique. 

Il s’est doté, il y a un an, d’une nouvelle direction Économie et Ressources (DER), divisée en deux équipes, dont l’une dédiée à l’Économie Circulaire et Analyse des Filières, qui vise à porter ses travaux en matière de sensibilisation des acteurs face aux défis que représentent la disponibilité des ressources, le passage d’une économie linéaire à une économie circulaire et la pérennité des modèles économiques. Le CSTB propose ainsi deux axes de travail majeurs : d’une part, l’accompagnement et la reconnaissance des process des plateformes de reconditionnement avec, notamment, la signature d’un partenariat structurant avec la Métropole du Grand Paris ; d’autre part, l’élaboration de guides méthodologiques partagés et reconnus sur l’évaluation des performances en vue d’un réemploi, qui s’est matérialisée au travers du projet de recherche SPIROU (Sécuriser les Pratiques Innovantes de Réemploi via une Offre Unifiée).

Notre objectif est de mettre en place les conditions pour passer d’une logique de cas par cas à une logique standardisée, véritable support à une massification des pratiques. Ces différentes actions en faveur du réemploi font intervenir plusieurs expertises au sein du CSTB.

La nouvelle filière REP a pour objectif d’atteindre progressivement 5 % de produits réemployés d’ici à 2028

Comment cette collaboration transverse se concrétise-t-elle ? 

C. G. La DER travaille en étroite collaboration avec l’ensemble des directions du CSTB. Ses actions sont alignées avec le programme de recherche « Économie et conception circulaire » associé au domaine d’action stratégique « Économie circulaire et ressources pour le bâtiment » de la direction Recherche et Développement. Pour la réalisation des guides, la DER s’est rapprochée des différentes directions opérationnelles du CSTB pour mettre en place une organisation transverse en mode projet. Les pilotes rédacteurs de ces livrables sont soit des ingénieurs évaluation des directions Sols et Revêtements et Sécurité, Structures et Feu, ou encore Climatologie, Aérodynamique et Aéraulique pour les ouvrages et les transports, soit des ingénieurs recherche ayant bénéficié de l’appui de ces derniers.

Des essais de caractérisation des émissions de composés organiques volatils et de formaldéhyde sur des dalles de moquette de réemploi ont, par ailleurs, été effectués par la direction Santé Confort du CSTB. Ce sont, au final, plus de la moitié des directions opérationnelles du CSTB qui sont mobilisées sur ces travaux, avec des échanges croisés permettant de couvrir l’ensemble des performances (techniques, sanitaires, économiques, environnementales…) qu’il faut nécessairement prendre en compte lorsque l’on envisage le réemploi.

 

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