[L'édito by C21] Ça s’en va et ça revient

Rédigé par

Stéphanie Obadia

Directrice de la rédaction

1267 Dernière modification le 25/03/2024 - 17:47

Ça s’en va et ça revient

En septembre dernier, le gouvernement annonçait des mesures fortes pour prôner une méthode globale et performante de la rénovation et sortir du statut de passoires thermiques des milliers de logements. Pour une fois, nous commencions à comprendre la stratégie gouvernementale et les dispositifs mis en place. Il était question de simplification pour aider les ménages et les professionnels à y voir plus clair ; il était question de moyens ambitieux – cinq milliards d’euros – pour accélérer le mouvement ; Quatre mois plus tard, machine arrière… du moins jusqu’en 2025. Il est à nouveau possible d’obtenir des aides pour faire de la rénovation monogeste quelle que soit l’étiquette du logement, y compris si ce n’est que pour le chauffage sans diagnostic ni stratégie globale.

Alors oui, mieux vaut rénover un peu que pas du tout ! Mais pas n’importe comment. A quoi bon mettre une PAC si aucun diagnostic global n’a été réalisé ou si l’enveloppe, l’isolation et les menuiseries n’ont pas été optimisées auparavant ? Un non-sens… Autant jeter l’argent par la fenêtre simple vitrage et tout recommencer quelques années plus tard ! Ce retour sur les rénovations d’un jour, plus faciles à réaliser, moins onéreuses mais moins efficaces, concurrencera alors les rénovations d’ampleur, plus chères, plus complexes mais véritablement performantes. L’objectif des 200 000 rénovations globales cette année n’était déjà pas gagné, désormais on sait qu’on ne part pas du tout favori.

Autres volte-face : l’interdiction de louer des passoires thermiques, reportée également pour le moment à 2025, l’adaptation du DPE spécial petites surfaces ou encore la suppression de l’exigence de DPE jusqu’au 31 décembre 2024. Quant au milliard d’euros en moins dédié à la rénovation, dommage de l’avoir annoncé comme perdu. Le secteur bénéficie tout de même d’un financement de quatre milliards d’euros. Des moyens conséquents qui n’avaient jamais été alloués à la rénovation et qui de surcroît n’auraient sans doute jamais été dépensés dans leur entièreté. Des moyens, nous en avons.

Des ambitions et du courage, nous en sommes revenus. Certes, nous sommes confrontés à une crise du logement complexe, la rénovation ne décolle pas vraiment, mais l’intérêt des ménages, de la performance en matière d'efficacité énergétique et de lutte contre le changement climatique, ne priment-ils pas sur l’intérêt économique ? Puisque des moyens, nous en avons, ne vaudrait-il pas mieux renforcer ceux dédiés à la rénovation globale afin de diminuer le reste à charge, plutôt que de saupoudrer ? D’autant que, côté privé, des montages pour financer la rénovation globale se montent progressivement (participation de l’entreprise, tiers financement…). A moins que le mieux soit l’ennemi du bien ? Bref, le cap « Réno d’ampleur », ça s’en va et ça revient… peut-être en 2025… pour être populaire. Espérons que reculer aujourd’hui permettra de mieux sauter demain.

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