Gaz renouvelables en France : où en est-on ?

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

835 Dernière modification le 30/08/2023 - 12:00
Gaz renouvelables en France : où en est-on ?


Le gaz fossile n’est pas la forme de gaz naturel à privilégier aujourd’hui pour répondre aux impératifs de décarbonation sur le territoire français. D’autres formes « vertes » plus vertueuses prennent le relai, à l’image du biométhane, issu de la fermentation de plusieurs types de déchets. Cette ressource renouvelable, utilisée aussi bien pour le chauffage domestique que pour la mobilité, a le vent en poupe depuis plusieurs années. Mais jusqu’à quel point ? Entretien avec Rami Hariri, délégué biométhane chez GRDF.

Pourriez-vous faire un rapide état des lieux sur le développement de la filière des gaz renouvelables en France ? 

Nous sommes très satisfaits. Le biométhane a fait son apparition sur le marché français il y a environ dix ans, et aujourd’hui, nous comptons plus de 600 sites du biométhane sur le territoire. Cela représente environ 10 TWh, soit la production de deux centrales nucléaires (à raison d’une évolution d’environ +2 à 3 TWh par an depuis quelques années). Ces chiffres prouvent que cette ressource énergétique est capable d’aller très vite dans sa mise en œuvre, et d’atteindre rapidement des niveaux significatifs. Aujourd’hui, le biogaz représente environ 3 % du mix gazier, mais le potentiel de croissance est énorme : avec de l’ambition, nous pouvons atteindre les 20 % en 2030 !

Nous prévoyons des niveaux similaires pour l’année à venir. Nous savons cependant déjà qu’un ralentissement va se créer ensuite (avant une nouvelle reprise), et ce pour plusieurs raisons. Le contexte inflationniste, tout d’abord, accompagné d’une baisse trop drastique des tarifs énergétiques. Ajoutons à cela l’instabilité géopolitique et les récentes crises mondiales – Covid, guerre en Ukraine… –, entraînant des bouleversements dans le monde agricole notamment. Cette situation a créé de l’incertitude, et avec elle, une baisse du nombre de projets entrants alors que les besoins sont justement croissants.  


Quel engouement ressentez-vous actuellement quant au développement des gaz verts ? 

La filière est extrêmement mobilisée et dynamique. Elle ne fait que grandir, se structurer et s’internationaliser. 

Côté grand public, c’est plus compliqué. Le gaz pâtit de l’image négative provoquée par la guerre en Ukraine. Il faut donc beaucoup de pédagogie sur le verdissement de cette ressource et la nécessité du vecteur gaz dans le mix énergétique français. Une fois que les acteurs ont compris tout l’intérêt du biométhane, leurs réticences sont généralement largement dépassées. 


Le terrain réglementaire semble propice à une accélération prochaine de ce marché : pouvez-vous en dire davantage ? 

Le cadre réglementaire nous permet d’avancer en apportant de bonnes nouvelles. Parmi elles, une hausse des tarifs concédée par les pouvoirs publics avec un soutien plus fort de l’État : les prix seront mieux indexés à l’inflation. 

Par ailleurs, nous pouvons à nouveau bénéficier des aides à l’investissement de l’ADEME pour encourager les prochaines méthanisations. Sans entrer dans le détail des mesures, nous assistons à une série de décisions favorables et bien accueillies par la filière. 

À la rentrée, nous attendons également plusieurs appels d’offres de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) pour des sites importants, supérieurs à 25 GWh, ainsi que des appels à projets sur de nouvelles composantes de gaz bas carbone. Enfin, l’annonce des CPB (certificats de production de biogaz), qui correspondent à une obligation d’incorporation de biométhane pour les fournisseurs, va également booster le besoin de production.

C’est pour tout cela que malgré les quelques points énoncés précédemment, nous sommes confiants pour la suite : nous constatons un regain d’intérêt très fort pour les gaz renouvelables. 


Quels est l’avantage principal de cette ressource par rapport aux autres énergies ? 

Le biométhane est un gaz renouvelable dont la production – en circuit court et fermé – ne créé pas de dette carbone supplémentaire, contrairement aux énergies fossiles. En sus, cette ressource à faible impact environnemental permet une bonne gestion de plusieurs types de déchets, agricoles, urbains ou encore provenant de l’industrie agro-alimentaire. 

À savoir que le biométhane n’est pas le seul membre de la famille des gaz bas carbone. D’autre molécules de CH4 existent, provenant d’autres systèmes de traitement : la pyrogazéification, la gazéification hydrothermale ou encore la méthanation. Ces différentes ressources seront développées en France dans les années à venir. 
 

Quelles sont la position et les actions de GRDF sur le biométhane ?

Quels que soient les scénarios, le gaz occupe toujours une place très importante dans le futur mix énergétique de la France, en tant que molécule que l’on peut stocker. Nous avons besoin de cette capacité de gestion énergétique en été comme en hiver. En ce sens, les solutions que nous poussons chez GRDF sont hybrides. 

Avant, nous consommions de l’énergie carbonée dans des centrales que nous ne voyions pas forcément. Si nous voulons décentraliser nos moyens de production et aller vers un modèle circulaire, nous avons besoin d’organes de production photovoltaïques, éoliens, biogaz, réseaux de chaleur locaux…  le tout dans un mix équilibré et cohérent sur nos territoires.
Tout notre travail aujourd’hui chez GRDF est de mieux intégrer toutes les parties prenantes et communiquer pour une meilleure compréhension des solutions biogaz que nous défendons. 

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