"Faire Tiers-Lieux, être Tiers-Lieux" : De nouveaux modes de faire, de nouvelles postures au coeur des territoires

826 Dernière modification le 26/06/2023 - 10:37

Le Cerema en partenariat avec l’ANCT a conduit une étude exploratoire sur les tiers-lieux en Europe qui a été présentée à l’évènement européen consacré aux tiers-lieux TP4EU dont la première édition s'est déroulée du 7 au 9 juin 2023 à Montpellier. cette étude présente un tour d'horizon et d’une analyse des dynamiques de tiers-lieux ainsi que de leurs réseaux en Europe.

Le Cerema est intervenu lors du congrès TP4EU (Tiers-lieux pour l'Europe) pour présenter une étude menée avec l'Agence Nationale de Cohésion des Territoires (ANCT) pour mieux comprendre le fonctionnement, les objectifs, les structures des tiers-lieux en Europe.

Quelle réalité des tiers-lieux en Europe ?

L’ANCT et le Cerema ont collaboré de l’automne 2022 au printemps 2023 afin de co-construire une analyse transnationale de la réalité des tiers-lieux, à la fois pour partager des bonnes pratiques et pour mieux mobiliser les financements publics nécessaires au déploiement des actions conduites par les tiers-lieux en France et en Europe suivant un modèle économique hybride qui associe prestations marchandes et activités d’intérêt général.

De multiples ressources documentaires ont été explorés pour mieux analyser ce qu’est un Tiers-Lieu, car l’appellation est en fait multiforme et c’est justement cette multiplicité, ancrée au plus près des besoins des territoires, qui fait la richesse de ces lieux et de leurs réseaux.

Cette analyse bibliographique a été étoffée par une quinzaine d’entretiens réalisés dans une dizaine de pays d’Europe. Les synthèses de ces entretiens sont aussi publiées, elles ont vocation à être inspirantes pour les tiers-Lieux existants et ceux qui seront créés, mais aussi pour les acteurs publics qui souhaitent soutenir ces initiatives sur leur territoire. 

Quelques invariants ont été identifiés pour les tiers-lieux et leurs réseaux :

  • Les tiers-lieux comptent tous un lieu physique, qui permet d’organiser leurs activités, d’accueillir toutes les parties prenantes du tiers-lieu
  • En revanche, les réseaux de tiers-lieux ont rarement un lieu physique dédié. Quand il en existe, c’est un lieu à vocation pratique uniquement, qui peut-être changeant au gré du projet. Dans ce cas, il est aussi convivial, au plus près du terrain. 
  • Le lieu de type "plateforme numérique" est aussi un invariant de beaucoup de tiers-lieux et réseaux.
  • Plus qu’un lieu : une dynamique communautaire – community-empowerment  :

- Le "faire ensemble" prédomine, plus que l’aspect politique, le lobbying ou simplement le fait de réfléchir ensemble. 
- Avec des projets qui partent du terrain, car ceux qui rencontrent les problèmes sont mieux à même de les résoudre.
- Avec des valeurs transcendantales (apprendre tout au long de la vie, être une contribution en action à la société qu’on appelle de ses vœux, être responsable individuellement dans le collectif, le sentiment de renouveler la démocratie directe par l’implication individuelle).
- Une dynamique entrepreunariale forte avec la volonté de créer leur propre modèle économique, selon des formes alternatives au capitalisme, mais qui en utilisent les outils, avec des valeurs sociales, environnementales.
- Dans plus de la moitié des cas étudiés cette dynamique est assortie d’une création de valeur économique (Freixo, Third Floor, Vuollerim, Grona Kluster, Living EU, Zeitkultur, Open food)

Des activités qui reviennent souvent :

  • Formation en peer to peer (freixo, third floor, Grona Kluster, Open food, Zeitkultur, Liberate Diversity)
  • La transmission de savoirs entre citoyens, bien plus souvent qu’avec des formateurs ou des consultants, (Open food, Living lab, Freixo)
  • Le partage de retours d’expériences (tous)
  • Des visites de terrain (Freixo, Grona Kluster, Open food, Liberate diversity)
  • Des forums de discussion sur un réseau social pour tous (Slak pour Openfood par exemple) 
  • Des commissions de travail, de deux types en parallèle (tous) ( sur le(s) sujet(s) de la communauté / sur les conditions de travail de la communauté (statut, recherche de financement, auto-organisation...)
  • Des organisations qui tendent vers la sociocratie (tous)
  • Des groupes d'actions, des communautés locales qui font et qui aident à faire (tous)
  • Des outils communs : des kits, des formations (Grona Kluster, Liberate, Living EU, ENCC)
  • De la recherche de financements (tous)
     

Comment les financements sont-ils mobilisés ?

Concernant les financements, quelques retours d’expériences récurrents de la part de Tiers-Lieux et de réseaux de Tiers-Lieux, seraient très utiles à prendre en compte par les acteurs publics pour apporter une réponse adaptée à leurs souhaits :

  • Soutenir les structures existantes, plutôt que d’encourager, à priori, la création de nouvelles structures
  • Reconnaitre la prise en charge des missions de services publics (médiation numérique, sensibilisation des publics à diverses thématiques, convivialité, apaisement des tensions locales, …)
  • Soutenir des actions d’animation, des actions de formations entre pairs, ou encore pour favoriser le développement local
  • Evaluer de manière neutre, les résultats, plutôt que des rapports et s’inscrire dans la durée, dans la confiance, avec des financements pérennes
  • Reconnaître la mission d'intérêt général ; 
  • Reconnaître le fonctionnement entre pairs, qui fait différemment et en innovant;
  • Considérer que “ceux qui subissent les problèmes” sont les mieux à même de les résoudre localement.
     

Quelques signaux faibles sont porteurs d’avenir :

  • La fonction de résilience des Tiers-Lieux face aux crises
  • Le mode de gouvernance avec une grande responsabilisation des membres
  • Des Tiers-Lieux avec de la production haut-de-gamme, le développement d’innovations pointues
  • La production de savoirs entre pairs qui se développe de plus en plus et rend rapidement opérationnel
  • La capacité d’auto-organisation des habitants

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