Enseignement & recherche : une enveloppe à hauteur des chantiers énergétiques

Rédigé par

Stéphanie Santerre - Construction21

Journaliste

311 Dernière modification le 02/04/2024 - 11:00
Enseignement & recherche : une enveloppe à hauteur des chantiers énergétiques

Suite à l'appel à projets sur la rénovation des bâtiments énergétiques de l'Etat, le gouvernement a dévoilé les lauréats et l'enveloppe allouée aux chantiers majeurs qui seront engagés pour les infrastructures de l'Enseignement supérieur, du Crous et les organismes de recherche. 

« La rénovation thermique des bâtiments est l'un des grands chantiers du siècle », jugeait jeudi 28 mars Thomas Cazenave dans les colonnes des Echos, en amont des résultats de l’appel à projets sur la rénovation des bâtiments énergétiques de l'Etat. A grand chantier, grand investissement : au côté de Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et Recherche, le ministre délégué aux Comptes publics a annoncé pour le secteur l’attribution d'un budget de 118 millions d’euros, sur un total de 550 millions d'euros octroyés par la DIE au terme de l’appel à projets 2024 dédié. L’enveloppe se répartit entre universités et grandes écoles (80 M€ - 245 projets), réseau Crous (12 M€ - 32 projets) et organismes de recherche (25 M€ - 155 projets).

Au total, ce sont donc 432 projets de rénovation énergétique portés par les établissements publics relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) qui sont lauréats, pour un gain énergétique attendu estimé à 80 GWh par an. Priorité donnée aux travaux à gains énergétiques rapides (57 M€ pour 389 projets portés par 72 établissements) et aux travaux de rénovation lourde (61 M€ pour 43 projets portés par 28 établissements, dont 5 M€ pour la réalisation d’études préalables).

Pas d'investissement sans garantie d'impact 

« Les travaux ainsi financés permettront aux établissements de réhabiliter et moderniser leur patrimoine immobilier, de réduire leur consommation énergétique ainsi que leurs émissions de gaz à effet de serre, et de réaliser d’importantes économies sur leurs factures d’énergie », soulignent les ministres, pour qui le choix des lauréats devait à la fois conjuguer efficience et moindre coût d’investissement. « Les établissements participeront par ailleurs largement à leur financement », confirment-ils. Toutefois, « Il faut sortir d'une présentation sur les enjeux de rénovation énergétique qui ne partirait que des montants investis », observe dans Les Echos Thomas Cazenave, pour qui la question doit être double : « Quel est le gain écologique ? Et, in fine, quel est le gain économique ? L'objectif n'est pas le nombre d'euros investis, mais bien le résultat en matière de transition énergétique. On doit piloter nos projets au regard de l'impact environnemental. »

Les deux membres du gouvernement ont également annoncé le lancement d’une première expérimentation de contrat de tiers-financement dans l’enseignement supérieur, conformément à la nouvelle possibilité ouverte par la loi n° 2023-222 du 30 mars 2023, portée par Thomas Cazenave, visant à ouvrir le tiers financement à l’État, à ses établissements publics et aux collectivités territoriales pour favoriser les travaux de rénovation énergétique. Portée par l’Université d’Aix-Marseille, l’expérimentation concerne la réhabilitation du campus de Saint-Jérôme, à Marseille.

L’Université d’Aix-Marseille, en lien avec les services du MESR et ceux du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique (MEFSIN), en particulier l’organisme expert Fininfra, doit désormais finaliser les études préalables à la réalisation de ce projet ambitieux en vue d’engager la passation d’un marché. « D’autres projets portés par des établissements d’enseignement supérieur et de recherche sont également à l’étude dans le cadre d’un groupe de travail réunissant les services du MESR, ceux du MEFSIN, France Universités et plusieurs établissements ».

Focus sur trois projets lauréats de l’appel à projets

  • Réhabilitation du campus santé de l’Université d’Amiens – Picardie Jules Verne, à Amiens

Le projet porte sur la rénovation de deux bâtiments du campus santé (campus du Thil) de l’université d’Amiens – Picardie Jules Verne.

Les travaux sur le premier bâtiment, d’un coût global de 9,4 M€ dont 1,8 M€ de cofinancement, permettront de rénover 4 430 m2. Les économies d’énergie sur les bâtiments rénovés sont estimées à -79 % et la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle globale du projet, c’est-à-dire en incluant les sites libérés, sont évaluées à -93 %.

 Le deuxième bâtiment concerne l’UFR d’Odontologie. Il s’agira de rénover 2 160 m2 pour un montant d’investissement total de 7,7 M€, dont 4,7 M€ de cofinancement par des partenaires (Amiens métropole, Région Hauts de France) et les fonds propres de l’université. Les économies sont évaluées à -77 % pour les consommations énergétiques et -81 % pour les émissions de gaz à effet de serre.

  • Réhabilitation et extension des bâtiments A et B du Village 3 du Crous de Bordeaux, à Pessac

Le projet combine la rénovation thermique de 300 logements étudiants (bâtiments A et B) et la déconstruction-reconstruction de 135 logements étudiants en lieu et place de l’actuel bâtiment de liaison de 590 m2, qui est aujourd’hui une passoire thermique. L’investissement total s’élève à 16,6 M€, dont 11,6 M€ de cofinancement et 5 M€ au titre de l’appel à projets de la DIE.

 Les travaux permettront de réaliser d’importants gains énergétiques (-47 % pour le bâtiment 1, -40 % pour le bâtiment 2 et -61 % pour le bâtiment de liaison), tout en augmentant le nombre de logement étudiants.

  • Isolation thermique sur l'extérieur de bâtiments d’INRAE, à Champenoux

Ce projet porte sur le renforcement de l’isolation thermique de 3 bâtiments représentant 3 000 m2 de surfaces utiles brutes (SUB) consacrées aux recherches sur le bois, les arbres et les écosystèmes forestiers.

Grâce à un isolant en laine de bois qui sera mis en œuvre sur les façades en sous face des planchers, cet investissement de 1,1 M€ TTC, et financé à hauteur de 620 k€ par le P348, va permettre de générer un gain énergétique de 390 MWh dont 350 MWh équivalent énergie fossile, soit une réduction des émissions de carbone d’environ 80 teq CO2 par an.

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