DPE : de la théorie à la pratique, l’écart se creuse  

Rédigé par

Stéphanie Santerre - Construction21

Journaliste

937 Dernière modification le 11/01/2024 - 09:55
DPE : de la théorie à la pratique, l’écart se creuse  

Être « mieux loti » ne veut pas forcément dire être plus sobre, constate notamment une étude du Crédit Mutuel Alliance Fédérale et du Conseil d’analyse économique portant sur le lien entre DPE et consommation réelle d’énergie en France.

Si la rénovation énergétique – plus de 500 000 logements visés chaque année doit naturellement se concentrer sur les passoires thermiques, telles qu’analysées par le DPE, l’accompagnement doit se faire auprès de tous les ménages pour atteindre les ambitions de neutralité carbone. C’est l’un des enseignements tirés d’une étude réalisé conjointement par le Crédit Mutuel Alliance Fédérale et le Conseil d’analyse économique, qui mêle pour la première fois données bancaires anonymes et approche scientifique pour établir le lien entre performance énergétique du logement et consommation réelle.

Au total, près de 180 000 ménages auront été passés au crible, pour conclure qu’au-delà de la nécessité de fiabiliser le DPE, les ménages doivent en effet être mieux accompagnés "pour devenir de véritables acteurs de la sobriété de leurs logements", même lorsque ces derniers disposent d’un haut niveau de performance énergétique. Si l’étude observe bien une consommation d’énergie d’autant plus importante que le logement est moins performant, l’écart entre un logement A/B et un logement G est six fois plus faible qu’escompté : les occupants des bâtiments les plus performants consomment davantage de kWh par m2 (de l’ordre de + 80 % par rapport à la consommation prédite par le DPE), à l’inverse des moins bien pourvus qui sont en réalité plus sobres (de l’ordre de - 50 %).

Comprendre les comportement pour renforcer la politique publique environnementale du logement

L’enquête démontre en outre que les deux tiers de l’écart entre la théorie et la pratique relèvent des comportements des occupants des logements : « Alors que les habitants des passoires thermiques consomment moins qu’anticipé, sans doute en raison de leurs contraintes budgétaires notamment pour les plus modestes, les efforts doivent concerner tous les ménages. Par exemple, la surconsommation des 5 % les plus aisés correspond à un saut de deux classes énergétiques du DPE. » Au-delà des actes de rénovation (ex : remplacement d’une chaudière fonctionnant aux énergies fossiles par un équivalent moins carboné, travaux d’isolation…), « adopter des comportements écoresponsables, même lorsque l’on réside au sein d’un logement qui dispose d’un haut niveau de performance énergétique, est la condition cardinale pour que les travaux de rénovation énergétique permettent réellement de réduire les émissions de CO2 », concluent les acteurs de l’étude.  

Partager :