Déploiement des chaufferies biomasse dans les réseaux de chaleur urbains

Rédigé par

NGUYEN LUC

EXPERT TECHNIQUE

5990 Dernière modification le 08/04/2021 - 12:28
Déploiement des chaufferies biomasse  dans les réseaux de chaleur urbains

 

La LTECV (loi de transition énergétique pour la croissance verte) cible 32 % d’EnR&R (énergies renouvelables et de récupération) dans le bouquet énergétique en France à l’horizon 2030. Pour arriver à cet objectif, il est nécessaire entres autres d’augmenter la part d’ENR&R dans la production énergétique pour satisfaire les besoins thermiques des bâtiments résidentiels et tertiaires. Le déploiement (et l’extension) de réseaux de chaleur et de froid urbains avec une part significative de production ENR&R (biomasse, géothermie, énergies de récupération) est une réponse qui permettra de contribuer aux objectifs ambitieux de la LTECV.

Contexte :

La chaleur produite à partir de biomasse est la première source d’énergie renouvelable chaleur en France et notamment dans les métropoles ou les villes. La biomasse représente aujourd’hui environ 20 % de la chaleur produite en France et participe à la production énergétique d’un peu plus de 300 réseaux de chaleur en milieu urbain. A horizon 2030, la cible est prévue à 30 % du mix des réseaux de chaleur.

 

Pourquoi un tel engouement pour cette source d’approvisionnement énergétique ?

La biomasse présente des atouts pour le territoire, à la fois environnementaux et sociaux.

  • Atouts environnementaux : la biomasse a un bilan carbone considéré comme neutre. En effet, lors de la combustion, le bois brulé émet le carbone qu’il a stocké lors de sa croissance par photosynthèse. L’énergie fossile nécessaire pour la récolte, le transport et la transformation du bois est très faible par rapport au pouvoir de combustion: il en résulte que pour un réseau de chaleur urbain, recourir au bois c’est réduire les émissions de CO2 d’un facteur 20 par rapport à l’utilisation du fuel et 10 par rapport à l’utilisation du gaz (source : ADEME, Bilan environnemental du chauffage collectif (avec réseau de chaleur) et industriel au bois, Note de synthèse, Décembre 2005). Cette ressource est de plus de proximité, contrairement aux énergies fossiles importées (par exemple le gaz importé de Russie ou d’Algérie, ou le fioul provenant du Moyen Orient).

Par exemple, pour le réseau de chaleur de Centre Métropole à Lyon Villeurbanne et Bron, recourir à la biomasse permet d’éviter l’émission de 44 000 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de 20 000 véhicules retirés de la circulation.

  • Atouts sociaux :  la filière biomasse représente l’équivalent de 50 000 emplois en France (exploitation forestière, transformation y compris les centres de stockage, livraison, exploitation et maintenance des installations -chaufferie collectives et sur réseaux de chaleur-). C’est une contribution positive à l’économie locale grâce à des emplois non délocalisables.

Par exemple pour le réseau de chaleur de Centre Métropole à Lyon Villeurbanne et Bron, recourir à la biomasse crée 60 emplois dans la filière bois.

Ces atouts sociaux et environnementaux font l’objet d’un soutien fort des pouvoirs publics : l’ADEME encourage financièrement l’implantation de chaufferies biomasse en milieu urbain au travers du fonds chaleur. Ces projets sont également soutenus financièrement par la Commission Européenne (FEDER : fonds européen du développement régional).

Quels types de projets se développent  aujourd’hui en France  ?

La chaufferie de Surville est la chaufferie urbaine biomasse la plus puissante de France. Elle comprend 3 chaudières de 17 Mégawatts chacune (la troisième sera installée en 2023). La chaufferie de Surville fournira 20 % de la chaleur distribuée sur le réseau Centre Métropole Lyon Villeurbanne et Bron.

Paris, Lyon, Lille, Grenoble, Toulouse, Strasbourg, Montpellier, Nantes, Rennes … les grandes métropoles sont alimentés par des réseaux de chaleur biomasse.

Des villes en Ile de France comme Saint-Denis, Nemours, Ris-Orangis … ou des villes moyennes comme Amiens, Rouen, Clermont Ferrand, Dijon, Besançon, Orléans, Bourges, Nevers, Aix en Provence, Pau, Martigues, Bourg en Bresse, Narbonne, Saint-Etienne ou Angers ont également un réseau de chaleur alimenté par la biomasse.

Un réseau de chaleur d’une grande agglomération a plusieurs centrales de production comme à Paris (réseau CPCU), Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse et Grenoble avec l’utilisation de chaleur des UTVE (unité de traitement et de valorisation énergétique) à partir des ordures ménagères comme Issy les Moulineaux, Saint-Ouen et Ivry-sur-Seine pour Paris) complétées par une ou des chaufferies EnR&R comme la biomasse .

Une chaufferie biomasse est équipée de plusieurs chaudières à grille généralement avec un stockage (fosse ou silo) permettant une autonomie de 4 à 5 jours et un système d’alimentation automatique du bois-énergie aux chaudières avec l’utilisation de grappin. Très souvent une chaufferie de secours gaz est également prévue dans la centrale de production.

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