Décarboner les mobilités quotidiennes : État des lieux des leviers et enjeux en milieu urbain grâce aux Diagnostics DEEM

585 Dernière modification le 06/09/2023 - 10:06
Décarboner les mobilités quotidiennes : État des lieux des leviers et enjeux en milieu urbain grâce aux Diagnostics DEEM


Nos mobilités constituent un secteur clé à réformer : en 2021, elles représentent à elles seules 30 % des émissions françaises totales de gaz à effet de serre. Pourtant, le défi de la décarbonation soulève de nombreuses questions : Quels modèles pour des villes aux mobilités décarbonées ? Comment se situent les villes françaises au regard de ces modèles ? Et quelle donnée mobiliser pour réaliser le diagnostic et suivre l’évolution de ces pratiques de mobilité et des émissions associées ?

Retour sur un travail exploratoire d’un an sur la base des diagnostics DEEM, dans le cadre de la mission d’accompagnement du Cerema auprès des acteurs du territoire sur les politiques de décarbonation des mobilités.


Les Diagnostic Energie Emissions des Mobilités (DEEM), développés par le Cerema, l’ADEME et l’université Gustave Eiffel en s’appuyant sur les Enquêtes Mobilités Certifiées Cerema (EMC²) fournissent une base de données unifiée permettant de documenter les consommations énergétiques et de comparer les émissions (polluants locaux et GES) liées aux mobilités quotidiennes des habitants d’une quarantaine de territoires urbains ayant réalisé d’une EMC2 entre 2013 et 2022.

Penser la décarbonation des mobilités urbaines 

Un premier travail exploratoire de ces bases de données a été synthétisé dans le mémoire mis à disposition dans la section "Ressources". Il a d’abord consisté à établir un état de l’art des cadres théoriques (français et internationaux) existants pour catégoriser les types d’actions possibles en vue de décarboner les mobilités urbaines. Une typologie synthétique composée de 9 finalités souhaitables classifiées en trois axes d’intervention a ensuite été élaborée.

Les trois axes principaux, éviter, réduire et améliorer, sont directement inspirés de l’approche Avoid-Shift-Improve établie en Allemagne dès le début des années 1990 et largement disséminée depuis. 

Pour un échantillon de territoires ayant fait l’objet d’un diagnostic DEEM depuis 2013, ces diagnostics ont permis une évaluation a posteriori des niveau d’émissions de GES liées aux mobilités de chaque résident (mesurés en kilogrammes équivalent CO2 par habitant et par jour). Le cœur du travail a consisté ensuite à construire, calculer et représenter une collection d’indicateurs associés à chaque finalité, afin de situer les différentes villes au regard de leurs performances sur des thématiques aussi variées que la maîtrise de la demande de déplacement, la part modale des transports collectifs ou encore la régulation de l’utilisation des véhicules. 

L’analyse spécifique portant sur l’enquête de Grenoble a servi quant à elle de cas d’usage pour soulever les questions liées à la (géo-)visualisation des résultats de l’analyse ainsi qu’à son adaptation à des problématiques spécifiques au territoire. Une analyse plus fine de chacun des indicateurs élaborés, à l’échelle infra-enquête, permet en outre de mettre en évidence d’importantes disparités territoriales cachées derrière les indicateurs moyens calculés à l’échelle d’un territoire d’enquête.

Enjeux et constats dans 19 métropoles françaises 
Ce premier travail a soulevé une réflexion plus spécifique sur les constats et enjeux liés au défi de la décarbonation des mobilités au sein de 19 métropoles françaises, visant à mettre en lumière les particularités de ces territoires et des flux de déplacement qui s’y inscrivent (internes à la métropole, d’échange avec la ville-centre ou d’échange avec l’extérieur, par exemple). Ce deuxième axe de travail a été synthétisé dans une fiche Cerema à paraître et mettant notamment en évidence, pour les 19 métropoles concernées, le rôle des distances parcourues et des déplacements radiaux (d’échange entre la métropole et l’extérieur par exemple) de moyenne distance dans les émissions de gaz à effet de serre.

À l’occasion de ces différents travaux, s’est posée régulièrement la question du périmètre et de la population d’études à retenir: ensemble des habitants de l’aire d’enquête ou restriction aux habitants de l’aire métropolitaine seulement ; mobilisation d’un zonage comparable, suivant les typologies de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) en fonction de l’aire d’attraction des villes ou de l’aire urbaine, ou bien zonage administratif (ville-centre de la métropole, reste de l’aire métropolitaine, extérieur de la métropole).

L’objet de la note technique consultable ci-après est de restituer ces éléments de réflexion et les implications du choix d’un périmètre ou d’une population d’études donnée sur les résultats. L’ensemble des tableaux de données mobilisés dans la fiche synthétique et la note technique sont téléchargeables ci-après, et les scripts d’analyse (R markdown) peuvent être fournis sur demande.

De ces différents travaux ressort l’intérêt, pour la décarbonation des mobilités en zones métropolitaines, de penser la question des distances : les déplacements les plus longs (notamment entre 20 et 50 kilomètres) sont aussi les plus émetteurs d’émissions de gaz à effet de serre. Ce sont ces déplacements qu’il faut s’attacher à caractériser en priorité, pour mieux proposer suivant leurs caractéristiques des alternatives à la voiture thermique et à l’autosolisme. 


Consulter la source

Partager :