Décarbonation : les atouts du numérique sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments

Rédigé par

Lidia ZERROUKI

Déléguée Générale

438 Dernière modification le 12/01/2024 - 10:39
Décarbonation : les atouts du numérique sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments

Vincent Berlioz, vice-président Corporate Strategy & Development du Groupe Trace, membre d’honneur de la SBA, explique pourquoi la mesure de l’impact carbone devient prioritaire dans le secteur de l’immobilier et comment le numérique peut se mettre à son service.

Responsable de 23 % des émissions de gaz à effet de serre en France, le secteur du bâtiment doit nécessairement intégrer des stratégies bas carbone dans les projets de rénovation du parc immobilier existant mais aussi de construction neuve. Le recours au numérique constitue justement une réponse prometteuse sur la voie de la décarbonation.

Prérequis indispensable pour freiner le changement climatique, la neutralité carbone en 2050 est un objectif pour l’Europe. Les pouvoirs publics en France et au-delà en ont bien pris conscience et lancé des actions afin d’accélérer cette transition.

La mesure de l’impact carbone dès la conception de l’ouvrage

Alors que la norme ISO 14068 « Gestion du changement climatique – Transition vers le zéro émission nette » est en cours d’élaboration pour formaliser à l’échelle internationale les procédures liées au réchauffement climatique, aux émissions de gaz à effet de serre et à la neutralité carbone, la France n’est pas en reste. « Dans le secteur immobilier, nous disposons de briques réglementaires ambitieuses, qui intègrent désormais une dimension carbone, preuve de l’engagement national » affirme Vincent Berlioz. Citons par exemple la réglementation environnementale RE 2020, imposant un indice carbone qui n’existait pas dans les réglementations thermiques précédentes. Pour un projet neuf, il faut ainsi fournir une note de calcul carbone, qui fait la somme des impacts carbone de chaque matériau utilisé, pour obtenir un permis de construire. Cette récente prise en compte de l’impact carbone soulève néanmoins diverses problématiques. « Le calcul [des impacts carbone] incombe à ceux qui effectuaient jusqu’alors les calculs thermiques, en l’occurrence les thermiciens, confie Vincent Berlioz. Demain, tous les corps de métier devront s’approprier cette dimension carbone : les maîtres d’ouvrage pour viser des objectifs CO² cohérents, comme les maîtres d’œuvre, les entreprises de construction, et les installateurs. ».

Une base de calcul encore incomplète

Dans le détail, l’empreinte carbone d’une construction se répartit entre le gros œuvre, le second œuvre et l’ensemble des lots techniques, pour un tiers chacun. Dans le cas d’une rénovation, les lots techniques peuvent même représenter jusqu’à 60% de l’empreinte carbone. Ils constituent donc un levier majeur de décarbonation. Mais aujourd’hui, pour réaliser leurs calculs carbone, les acteurs de ces lots techniques disposent majoritairement de données forfaitaires, pas tout à fait en phase avec la réalité. Ils se fondent en effet sur une base de données environnementales et sanitaires de référence, appelée INIES, gérée de façon participative par les parties prenantes de la construction. Celle-ci fournit des informations sur les produits de construction et les équipements, tels que les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES). Or, ces cartes d’identité environnementales ne sont pas toutes disponibles sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. Elles sont, en effet, produites au compte-gouttes, puisque les fabricants eux-mêmes doivent être à l’initiative de leur élaboration en missionnant l’un des rares organismes aujourd’hui agréés. Il est donc important d’être en capacité de massifier la mise à disposition de ces fiches.

L’axe carbone aussi important que l’axe financier

Et ce n’est pas tout puisque le calcul vient assez tard dans le process des projets immobiliers : à l’étape du permis de construire, où les choix constructifs sont déjà faits généralement. « Aujourd’hui, l’axe carbone des projets est aussi important que leur axe financier, insiste-t-il. Tous les acteurs de la chaîne doivent donc mesurer l’impact carbone de leur spécialité, en dépit des difficultés. Le plus efficace serait même de mener cette étude carbone le plus amont possible dans le projet, dès la phase de programmation. On pourrait ainsi optimiser les émissions carbone lors de l’exploitation du bâtiment rénové ou nouvellement construit. ». Lire la suite

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