Cool roofing : des revêtements réfléchissants en toiture à manier avec précaution

Rédigé par

Equipe AQC

293 Dernière modification le 15/03/2024 - 00:00
Cool roofing : des revêtements réfléchissants en toiture à manier avec précaution

Comment mesurer l’efficacité du cool roofing ? Quelles précautions à prendre lors de l’entretien ? Quid de la responsabilité des entreprises ?


Le « Cool roofing » est une méthode qui utilise des revêtements réfléchissants (systèmes d’étanchéité ou peintures spécifiques) pour réduire la chaleur absorbée par les toitures, offrant une solution passive pour rafraîchir les bâtiments durant les mois les plus chauds. Cette technique nécessite une mise en oeuvre soignée et un entretien régulier pour garantir ses performances. Les peintures réfléchissantes demandent une attention particulière en termes de compatibilité et de durabilité, et leur application doit être évaluée avec prudence pour éviter des impacts négatifs. Une mauvaise compatibilité des matériaux peut entraîner une adhérence insuffisante, des fissurations ou des décollements, pouvant compromettre l’étanchéité de la toiture…

« Une notion très importante pour aborder le sujet des peintures réfléchissantes est relative aux “techniques courantes” balisées par des référentiels versus “techniques non courantes”, ne disposant pas d’un référentiel reconnu par la profession de la construction. Pour SMABTP, qui suit en cela le logigramme de l’AQC, la technique est courante si elle répond à trois aspects », détaille Stéphane Orsetti, responsable prévention construction à la SMABTP : l’existence d’un référentiel produit (par exemple la NF EN 1062-1 pour la peinture et les revêtements décoratifs), celle d’un référentiel de mise en oeuvre, et le respect de l’aptitude à l’usage des procédés et de leurs domaines d’application.

Albédo et indice de réflectance

L’efficacité d’un revêtement de « Cool roofing » se mesure par son albédo, qui indique sa capacité à réfléchir la lumière solaire, et par l’indice de réflectance solaire (SRI), qui évalue sa capacité à rester frais. Les produits commercialisés ont évolué, proposant des compositions innovantes comme l’intégration d’aérogel de silice pour l’isolation ou de poudre de coquille d’huîtres pour faciliter le recyclage. Notons que les performances des matériaux peuvent être compromises par l’encrassement, et certaines précautions doivent être prises pour éviter la dégradation du revêtement réfléchissant.

Entretien et nettoyage

Les revêtements réfléchissants appliqués sur les toitures nécessitent un entretien régulier pour maintenir leurs performances. L’accumulation de saletés et de débris peut réduire l’albédo du revêtement, diminuant ainsi sa capacité à réfléchir la lumière solaire et à prévenir l’accumulation de chaleur. Un entretien régulier et programmé est donc indispensable pour conserver les bénéfices du « Cool roofing ». Pour éviter les désordres potentiels, il est vivement recommandé de surveiller les points singuliers comme les jonctions, les bordures… considérées comme des zones vulnérables, pouvant être sources d’infiltration. Là encore, leur dégradation peut compromettre l’étanchéité de la toiture.

Quelle responsabilité pour les entreprises ?

Les peintures réfléchissantes ont uniquement une fonction esthétique. Ce ne sont pas des étanchéités. Elles n’ont pas de fonction d’imperméabilité et ne sont donc pas assujetties à la garantie décennale. Autre point, elles ne disposent pas de garantie de bon fonctionnement. En revanche, sur l’obligation de résultat, l’entreprise peut être mise en cause sur le fondement de sa responsabilité contractuelle de droit commun pour des travaux de peinture mal réalisés.

En résumé, tout support non reconnu par le NF DTU fait basculer les travaux en technique non courante. Le domaine d’application doit être respecté et l’entreprise doit impérativement déclarer à son assureur la mise en oeuvre d’une technique non courante sous peine de se voir opposer une absence de garanties ou des règles proportionnelles d’indemnisation. Pour Stéphane ORSETTI de SMABTP, « un autre risque avec ces produits est de modifier le classement de résistance au feu B ROOF (t3) de la toiture-terrasse en augmentant, avec la mise en oeuvre de la peinture, la masse combustible mobilisable sur l’ouvrage. Cela fait beaucoup d’inconnues et le recul n’est pas suffisant. »

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