Comment la recherche du CSTB contribue au défi de la rénovation du parc
Nicolas Naville
La rénovation du parc de bâtiments constitue l’une des pierres angulaires des politiques nationale et européenne de décarbonation. C’est un défi à la fois quantitatif et qualitatif.
Quantitativement, il s’agit de multiplier par dix le rythme des rénovations performantes d’ici à 2030, en cohérence avec la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) et l’exercice de planification écologique. Pour atteindre la cible en matière de décarbonation, ces rénovations devront atteindre les niveaux de performance projetés et les consommations d’énergie carbonée devront effectivement diminuer, en maîtrisant pour cela les effets rebonds. La sobriété choisie s’impose à cet égard comme un complément indispensable aux réponses techniques apportées par la rénovation.
Qualitativement, il s’agit de s’assurer que les bâtiments rénovés répondent aux besoins et aux aspirations qui dépassent le sujet du carbone : protection face aux conditions climatiques, santé, confort, vivre-ensemble, réponse à l’évolution des usages... Le tout dans un climat en évolution rapide. Figures imposées du projet de rénovation, on peut les voir de façon positive comme autant de leviers de passage à l’acte pour les maîtres d’ouvrage.
Les travaux de recherche du CSTB sur la rénovation intègrent ces dimensions, traitées dans nos différentes feuilles de route, et s’intéressent à leur mise en œuvre concrète sur le parc existant. Ils se déclinent autour de cinq grands chantiers.
Le premier concerne la connaissance du parc. L’objectif est de savoir d’où l’on part et d’identifier les stratégies à adopter. Plusieurs priorités :
- capitaliser les données sur le flux de rénovation pour suivre les progrès réalisés ;
- outiller les collectivités pour le pilotage des politiques territoriales de rénovation ;
- développer les méthodologies de diagnostic ;
- travailler sur l’identification de typologies de bâtiments similaires pouvant faire l’objet de solutions réplicables.
La Base de données nationale des bâtiments (BDNB), développée par le CSTB dans le cadre d’une gouvernance publique et publiée en open data depuis 2022, constitue la colonne vertébrale de ces travaux.
Le deuxième axe porte sur le projet de réhabilitation en lui-même et vise à développer, aux côtés des acteurs, les outils et les méthodes pour conjuguer qualité des rénovations et massification. Les méthodologies multicritères, explorées par exemple avec le département du Var pour la rénovation de ses collèges, permettent d’embarquer efficacement les différentes dimensions à traiter. Le projet RESTORE s’intéresse à la rénovation globale et performante de la maison individuelle, en s’appuyant sur la notion de typologie évoquée plus haut. Les travaux concernent également les outils numériques pour améliorer le processus de rénovation, du diagnostic initial jusqu’à la livraison.
Le sujet de la performance réelle des bâtiments présente des enjeux spécifiques dans le contexte de la rénovation. Le premier est de s’assurer que les rénovations engagées atteignent les performances projetées. Le partage des retours d’expérience est nécessaire pour améliorer les projets futurs et responsabiliser les occupants pour la bonne utilisation du bâtiment et de ses systèmes. Plus largement, il est nécessaire pour créer la confiance des maîtres d’ouvrage, condition essentielle au passage à l’acte de rénovation. La méthode SEREINE, centrée sur la mesure physique de la performance, concentre une partie des travaux. D’autres approches sont mobilisées, comme l’analyse des consommations avant et après projet. Les traduction contractuelles et règlementaires de ces enjeux sont également envisagées.
D’autres travaux portent sur les leviers à actionner à l’échelle de la filière pour réussir le défi de la rénovation. Accompagner la transition du secteur vers la rénovation, connaître les déterminants du coût des projets et des leviers d’optimisation, s’assurer du développement des compétences : l’objectif est de fournir aux acteurs publics les clés pour accompagner le développement, sur leur territoire, d’une offre de rénovation adaptée aux besoins identifiés.
Enfin, les travaux de recherche sur l’évaluation des produits et des procédés de construction visent à favoriser l’émergence et le déploiement des innovations technologiques nécessaires aux différents enjeux du secteur, dont celui de la rénovation. On peut citer, à ce titre, la mise en place d’un nouveau Laboratoire Semi Virtuel dédié au vecteur air et qui accompagne l’essor des pompes à chaleur, ou encore les réflexions sur l’industrialisation et la construction hors site.
Consultez le Document de référence de la Recherche du CSTB