Comment adapter le bâti existant francilien aux risques naturels ?

Rédigé par

Morgane Besse

479 Dernière modification le 11/03/2024 - 10:55
Comment adapter le bâti existant francilien aux risques naturels ?

Dans le cadre d’un cycle de conférences sur la réhabilitation, Ekopolis permet aux acteurs du secteur de mutualiser et questionner les pratiques. Lors de l’événement sur l’adaptation en région Île-de-France, les intervenants ont dressé le bilan des actions en cours et esquissé les chantiers à venir. 

Paris à 50 °C est une mission d’information et d’évaluation (MIE) ayant mobilisé une quinzaine d’élus de la ville de Paris pendant six mois afin d’évaluer à la fois les conséquences et les risques sur les conditions de vie sur le territoire parisien, les stratégies actuelles au regard de ces enjeux et risques et les moyens et déclinaisons opérationnelles actuelles et leurs possibles évolutions. Postulat : prendre le pire des scénarios climatiques et définir comment s’y préparer. Comme le souligne Alexandre Florentin, conseiller de Paris et président de la mission Paris à 50 °C, Paris est en effet la capitale d’Europe où les habitants ont le plus de chance de mourir de chaud (étude The Lancet).

Même si la ville n’est pas la plus « chaude », sa densité et son niveau d’artificialisation augmentent les risques de canicule. À cela s’ajoute l’usage de smartphones, d’électroménager, de rails ferroviaires, serveurs informatiques, systèmes de climatisation… conçus pour fonctionner sur une plage de températures. Si celle-ci est dépassée, ces systèmes trouvent leur limite, pouvant entraîner des réactions en chaînes dramatiques (pour les hôpitaux par exemple). 

Pourtant, le climat est un cadre pour notre organisation socio-culturelle. Sur la question scolaire par exemple, certains pays dont les températures sont déjà plus extrêmes sur une période de l’année aménagent les horaires d’ouverture. Le territoire français est maintenant concerné puisque les canicules, initialement produites en juillet et août, période de fermeture des écoles, tendent à s’étendre sur une période plus large de juin à septembre. Il y a eu des programmes de végétalisation des cours d’école (cours oasis) et des abords des établissement (rues aux écoles), mais il faut aussi intervenir sur les bâtiments eux-mêmes pour pouvoir continuer à faire classe. Des rénovations complètes sont à prévoir, cela va nécessiter de fermer plusieurs établissements pendant plusieurs mois, et donc de dispatcher des élèves dans d’autres établissements. Cela suggère un changement de méthode et d’organisation qui consiste à considérer que le changement climatique a un impact sur tous les pans de nos vies, devenant un enjeu politique.


Quel visage pour le territoire francilien en 2050 ?
Selon Sakina Pen Point, directrice de programme Adaptation au changement climatique à l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID), ce récit présente deux scénarios possibles : l’un où « l’on a laissé voir venir sans agir », l’autre où « l’on a choisi d’investir pour que notre région demeure un territoire où l’on a envie de vivre ».
Le premier récit met en avant l’importance de l’anticipation des mesures et encourage à ne pas attendre. Ne pas anticiper conduirait à « gérer toutes les urgences en même temps, de catastrophes en catastrophes, sans plus savoir où donner de la tête et sans avoir le temps de mettre en place de quelconques stratégies » sur le moment. D’autant plus que la mise en place de solutions d’adaptation efficaces nécessite du temps incompressible, ou ne sera plus possible dans un climat dégradé. « Les arbres notamment, les rares qui ont été plantés avant 2030, nous rafraîchissent un peu, mais ceux qui ont été plantés depuis sont trop frêles. En planter maintenant est complètement illusoire, les jeunes pousses ne tiennent pas avec de telles sécheresses », estime Sakina Pen Point. 

Cet article fait partie de notre dossier Adaptation & Résilience des bâtiments que vous pouvez retrouver ici.

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Les acteurs de la prévention et les solutions d'adaptation

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