#2 Climat tropical, climat chaud : une définition claire mais difficile

Rédigé par

Brahmanand Mohanty

126723 Dernière modification le 28/08/2019 - 16:14
#2 Climat tropical, climat chaud : une définition claire mais difficile

Quoi de plus naturel que de définir ce que l’on entend par climat chaud avant d’initier pleinement ce dossier. Réponse avec Brahmanand Mohanty chercheur et enseignant à l'Asian Institute of Technology, en Thaïlande et conseiller de l’ADEME pour l’Asie.

Comment définit-on un climat ?

Un climat se définit grâce à différentes données météorologiques (température, humidité, vent, pression, etc.). Les températures et les précipitations sont ainsi déterminantes en la matière et permettent de définir de grandes zones climatiques. La définition du « climat chaud » n’existe donc pas pour moi, tout simplement car le terme est incomplet puisqu’il renseigne uniquement sur la température de la région. En ne considérant que l’adjectif chaud, la définition est impossible : un scandinave considérera que le climat du sud de l’Europe et chaud, tout comme un habitant de ces régions parlera de chaud pour les zones situées plus au sud et ainsi de suite. Le système de classification des climats défini par Köppen ne comprend pas de climat chaud. Par abus de langage, ce dernier fait aujourd’hui souvent référence au climat tropical.

Quelle est la définition du climat tropical ?

C’est le type de climat présent entre les tropiques (Cancer et Capricorne), allant jusqu'à 14 degrés de latitude nord et sud, et où la température moyenne mensuelle ne descend pas en dessous de 18 °C tout au long de l'année. Par définition, le climat tropical est tout de même caractérisé par son humidité, qui renforce d’ailleurs le sentiment de chaleur. C’est pour cette raison qu’un système de climatisation est nécessaire dans la plupart des pays tropicaux. Les précipitations sont quant à elles variables, passant d'une saison sèche à une saison humide.

Ainsi, c'est essentiellement la pluviosité qui définit les saisons du climat tropical. Pendant la saison sèche, les précipitations peuvent être quasiment nulles et les températures sont les plus basses  (autour de décembre dans l'hémisphère nord, juin dans l'hémisphère sud). Alors que pendant la saison humide -ou saison des pluies-, les précipitations peuvent être très importantes et les températures sont élevées (autour de juin dans l'hémisphère nord, décembre dans l'hémisphère sud). Mais il existe aussi des climats tropicaux pour lesquels la situation s'inverse. Sur les îles Canaries ou Hawaï par exemple, les précipitations sont concentrées sur l'hiver alors que les températures sont fraîches pour la région.

On peut mentionner d’autres caractéristiques du climat tropical comme les vents quasi permanents (nommés les alizés) surtout sur les littoraux, ou encore la végétation faite de forêts moyennement denses, des prairies et de savanes.

Au niveau de l’approche de conception des bâtiments, celle-ci est plus compliquée par rapport aux pays désertiques surtout à cause de l’importante humidité.

 

 

Selon vous, les zones désertiques peuvent-elles être définies comme chaudes ?

En dehors des climats tropicaux se situant entre les tropiques, il existe des régions présentant des contraintes climatiques disjointes, comme le Sud du Sahara et de la péninsule Arabique, ou une partie importante de l’Australie. C’est le cas des régions désertiques, marqués par un climat aride. D’où la validité de la notion de transversalité des climats.

On distingue deux variantes du climat aride : un climat désertique chaud (BWh) et un climat désertique froid (BWk), comme c’est le cas par exemple dans le désert de Gobi. Le climat désertique chaud est caractérisé par une sécheresse et une aridité permanente qui dure toute l'année, un manque important d'eau liquide au sol et dans l'air ambiante (on parle plus précisément d'aridité) ce qui restreint fortement le développement de la vie animale et végétale. Le temps y est très sec et chaud. Cependant, on note des différences flagrantes de températures entre le jour et la nuit, de même que les différences entre saisons. Les températures extrêmes de la journée pouvant grimper jusqu'à 60°C, ainsi que l'amplitude de température pouvant atteindre 30°C entre le jour et la nuit contribuent d’ailleurs entre autre à la formation du désert. En hiver, la température peut descendre jusqu'à -10°C durant la nuit.  Les températures moyennes des régions arides sont en janvier de 28 °C et de 11 °C en juillet.

Prenons l’exemple de l’Egypte- du Caire plus précisément- situé au-dessus des tropiques. En moyenne la température annuelle est de 21.3 °C, ce qui pourrait présager que l’on est dans un climat tropical, mais ce n’est pas le cas. Bien que la température moyenne soit de 27°C en été, elle descend jusqu’à 15 °C de moyenne en hiver : ce qui n’est pas un comportement météorologique typique d’une zone tropicale. Exemple plus flagrant, l’Arabie Saoudite, possède un climat pouvant facilement atteindre 50 degrés en été, mais en hiver, il peut descendre jusqu’à 5 degrés !

De façon globale, les climats désertiques qu'ils soient chauds ou froids (la température peut descendre jusqu'à -10°C durant la nuit) sont associés à des précipitations très faibles, dus à l’humidité insuffisante. 

Ces grandes disparités de températures entre journée/nuit ainsi que été/hiver, ajoutées à l’absence de pluviosité, ne nous permettent pas d’adopter les mêmes stratégies de conception de bâtiments que dans les pays tropicaux. Bien que les pays désertiques puissent avoir des saisons chaudes, je ne pourrais les considérer comme pays chauds.

Par ailleurs, il faut prendre en compte que les climats des pays sont définis pour une altitude zéro conventionnelle. Pour certaines régions tropicales montagnardes, nous ne sommes plus en climat tropical comme c’est le cas à l’Est du Pérou, caractérisé par des hivers froids et des étés frais et humides.

 

Note biographique : M. Brahmanand Mohanty est doctorant, chercheur et enseignant au département de l'énergie, de l'environnement et du climat, à l'école de l'environnement, des ressources et du développement de l'Asian Institute of Technology, en Thaïlande. Expert reconnu en Asie du Sud, il est conseiller régional de l’Agence française de gestion de l’environnement et de l’énergie (ADEME) depuis 1996.

 

Propos recueillis par Hassan Abouzid

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Construire durable sous climats chauds
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