Climat : l'Etat prépare son plan pour adapter la France à +4°C

Rédigé par

Anne-Sophie Tardy - Construction21

Responsable de l'éditorial

647 Dernière modification le 24/01/2024 - 11:50
Climat : l'Etat prépare son plan pour adapter la France à +4°C

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a lancé le plan " La France s'adapte " ce mardi 23 janvier à Paris autour d'experts, d'élus locaux et d'industriels en vue du troisième plan national d'adaptation au changement climatique.

C'est au muséum national d'histoire naturelle de Paris, lieu chargé de symboles, que le ministre de la transition écologique avait donné rendez-vous à un panel d'acteurs de la transition écologique et de représentants des territoires ce mardi 23 janvier pour échanger sur le futur de la France face aux +4 °C prévus d'ici 2100. « Cette année 2024 sera l'année de l'adaptation. Une année où nous allons passer du constat, de la sortie du déni, à la mise en œuvre des mesures qui sont nécessaires » a déclaré Christophe Béchu avant de laisser place aux experts du climat venus partager leurs points de vue sur l'état actuel et les points d'attaque pour réussir cette adaptation, tout en cultivant l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Parce que s'adapter ne veut pas dire se résigner. 

Pas d'adaptation sans accompagnement aux territoires

« Le lieu d'émission n'a pas d'importance, a insisté Jean-Marc Jancovici, ingénieur, président de The Shift Project et associé de Carbone4. Le CO2 est un oxyde chimiquement stable, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de principe d'épuration au sein de l'atmosphère. Il faut un siècle pour que sa concentration soit divisée par deux, un millénaire pour la diviser par quatre. Il faut donc que tous les acteurs agissent, entreprises, grand public, élus. » Pour Benoît Leguet, directeur général d'I4CE, l'action ne se fera pas sans accompagnement. « Sur les 57 milliards d'euros alloués par an à la stratégie nationale bas carbone, les pouvoirs publics pourraient en réserver quelques millions pour former les élus locaux à cette adaptation et les soutenir dans leurs nouvelles priorités. » Et Jean-Marc Jancovici de compléter « Le monde va devenir plus difficile à gérer. Nous allons devoir consacrer des moyens intellectuels qui, à l'évidence, ne seront pas utilisés à construire une salle des fêtes ou une patinoire. » Formation et éducation semblent donc être prioritaires pour s'adapter à " un autre mieux ", comme le faisait remarquer Arthur Auboeuf, co-fondateur de Team for the Planet. Et peut-être aussi une anticipation réglementaire ?

Pour Benoît Leguet, dans le secteur du bâtiment, responsable de près d'un quart des émissions de gaz à effet de serre, il faudra forcément voir dans le futur. « Aujourd'hui, l'adaptation est réactive, tendancielle. On répare, on met en place des aides de crise. Il fait chaud ? On installe une climatisation. Cette méthode risque de coûter très cher. Un bâtiment construit aujourd'hui sera peut-être rénové une à deux fois maximum jusqu'en 2050. On ne peut donc se louper ! Les réglementations thermiques ne peuvent pas être basées sur des faits passés mais doivent être décidées en fonction des climats futurs. » 

Vers une réglementation des bâtiments anticipative

Problème, dans le futur, les impacts du dérèglement climatique ne seront pas linéaires, ni proportionnels à l'augmentation des températures. Autre problème structurel, les zones à risques s'étendront et les risques eux-mêmes deviendront un quotidien, à l'instar des inondations qui ont touché le Pas-de-Calais à quelques semaines d'intervalle dernièrement. Quid de la protection de ces territoires ? « On passe de la couverture d'un aléa à un remboursement de certitudes répétées, concède Pascal Demurger, PDG de la MAIF. A partir de ce moment, certains assureurs vont se retirer. Un nouveau modèle est donc à inventer. » Et pour l'inventer, le ministère de la Transition écologique est ouvert à toute proposition de solution. Le troisième plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC) doit être mis en consultation en mars avant une publication dès l'été.

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