Atmosphère, atmosphère... le monde a besoin d'air

Rédigé par

Stéphanie Santerre - Construction21

Journaliste

390 Dernière modification le 20/03/2024 - 11:00
Atmosphère, atmosphère... le monde a besoin d'air

La France suffoque. Et avec elle, une majorité de pays qui peinent à suivre les recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air. Ainsi alerte le dernier rapport IQAir, portant sur l’année 2023, qui décrypte les données de plus de 7 800 villes et 134 territoires à travers le monde.
 

L’enjeu sanitaire est d’importance, souligne la société de surveillance au cœur de son rapport. Aujourd’hui, les particules fines sont à l’origine de toute une série de problèmes respiratoires, comme l’asthme et les maladies pulmonaires, mais aussi de cas de cancer et d’AVC. À des niveaux très élevés, elles peuvent également altérer la santé mentale, mettre en danger le développement cognitif des enfants ou compliquer certaines pathologies existantes, comme le diabète.

Contre toute attente, ce n’est pas toujours en Bretagne que le bol d’air est plus frais qu’ailleurs. À l’échelle des petites villes hexagonales, Ploemeur a le plus gros souffle au cœur (14,2 μg/m3), devant Montlhéry (91), Mamoudzou à Mayotte ou encore Saint-Denis (93). Sans surprise, l’air le plus chargé se concentre en région parisienne, vallée du Rhône et bordure méditerranéenne, Paris, Marseille, Lyon en tête, mais aussi dans le ciel de Bordeaux, Lille ou Grenoble. De partout, les stations enregistrent des données supérieures à 10 μg/m3 de PM2.5 par an, l’OMS ayant fixé son seuil limite à 5 μg/m3 en moyenne. Pour respirer à plein poumons, il faudra se rendre aux antipodes, jusqu’en Polynésie française, le bon élève tricolore.
 

A cran de fumée

Principalement imputée au trafic routier et à l’activité industrielle, tous pays confondus, la pollution aux particules fines bat parfois des records visibles à l’œil nu. Si la France doit continuer sur sa lancée (9,5 μg/m3 par an en moyenne en 2023 vs 13,2 μg/m3 en 2018), certains pays d’Asie atteignent parfois des niveaux plus de dix fois supérieurs aux recommandations de l’OMS, Bangladesh, Inde, Chine et Pakistan en tête. La vision sera bien plus nette dans les rues d’Australie, d’Estonie, de la Grenade, de Finlande, d’Islande, de Maurice et de Nouvelle-Zélande, la poignée de références qui se  plient aux exigences.

Le classement, qui se fonde sur les résultats exhaustifs des stations de surveillance maillant les pays cités est toutefois à nuancer, note IQAir, qui en rappelle l’absence notamment dans certains pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient. De part et d’autres des continents, ce serait tout un pan de pollution cachée qui passerait sous les radars. Unanimes, les auteurs du rapport imputent nettement la pollution de l’air au changement climatique, alimenté par les gaz à effet de serre.

Les mêmes se veulent optimistes : « Résoudre les problèmes de pollution atmosphérique et s’efforcer d’atteindre les objectifs liés au changement climatique semble encore possible et permettrait de grandes améliorations environnementales dans le monde », plaident-ils. Lorsqu’on estime que les populations pourraient gagner deux années d’espérance de vie moyenne en respectant les seuils de l’OMS (rapport Air Quality Life Index publié par l’Energy Policy Institute), auront-elles suffisamment de nez pour inverser la tendance ?

http://www.depositphotos.fr

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