Vingt ans de renouvellement urbain célébrés par l'Anru

Rédigé par

Amandine Martinet - Construction21

Journaliste

393 Dernière modification le 15/02/2024 - 12:00
Vingt ans de renouvellement urbain célébrés par l'Anru

Jeudi 8 février 2024, l'Agence nationale pour la Rénovation urbaine (Anru) fêtait sa vingtième année d'existence lors d'une journée dédiée à Aubervilliers (93). L'occasion de faire le point sur les actions menées et celles qu'il reste à accomplir. 

Cet anniversaire était l'occasion de mettre en avant « 20 ans d'engagement public au service de l'amélioration des quartiers populaires », a souligné Mathieu Hanotin, maire de la ville de Saint-Denis et président de Plaine Commune, en ouverture de l'événement. 

Requalifier pour plus d'égalité

Ce sont ces mêmes zones dites populaires qui subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique, alors que leurs habitants en sont les moins responsables. Preuve s'il en fallait que la transition écologique des territoires est aussi une question de justice sociale. Pour qu'aucun quartier de la République ne soit mis de côté en France, il est donc nécessaire de mener des actions de réhabilitation, dans un souci notamment de mixité, de confort et de performance énergétique. Comme l'a précisé lors du colloque de l'Anru Franck Boutté, grand prix de l'urbanisme 2022, on parle de villes ou de portions de villes particulièrement minéralisées, avec des bâtiments construits souvent à la va-vite sans faire cas des questions liées à la résilience ou au confort (étroitesse des surfaces, peu de luminosité entrante...). Zones où résident la plupart du temps des populations peu aisées financièrement et isolées socialement, décrites comme des « assignées à résidence climatique involontaires ». 

Féris Barkat, cofondateur de Banlieues climat, a évoqué le 8 février pour illustrer ce phénomène l'ouvrage de Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio, Ce qui ne peut être volé, qui comporte comme une liste de ce sur quoi l'être humain ne peut transiger pour vivre dignement : le droit au silence ou l’accès à l’horizon, par exemple. Ces mêmes éléments dont les quartiers populaires sont précisément privés. 

Le renouvellement urbain tel qu'entendu par l'Anru a donc permis d'ouvrir certains espaces enfermés sur eux-mêmes, comme une reconnexion avec le droit commun de la ville. De très nombreux exemples d'actions fructueuses menées depuis 20 ans ont été mis en avant lors du colloque de l'agence : la création d'un espace naturel de gestion et de valorisation des déchets sur une ancienne friche industrielle dans la commune de L'Île-Saint-Denis (93), un projet d'agriculture urbaine de proximité pour dynamiser et redonner de l'attractivité au quartier prioritaire Bois-du-Château à Lorient (56), la réhabilitation des logements sociaux et privés de la cité 12/14, au cœur d'un bassin minier à Lens (62)...

Des points d'attention à conserver

Des pistes d'amélioration de l'action subsistent cependant : pour Mathieu Hanotin, demain, l'Anru devra se montrer plus agile et plus soucieuse des spécificités de chaque territoire. Et puis, quid de l'épineuse question des démolitions engendrées par ce renouvellement urbain tant loué ? Des représentants d'un collectif de 700 personnes ont fait entendre leur voix la veille du colloque de l'Anru, se déplaçant jusqu'au siège de l'agence pour dénoncer les destructions de logements sociaux induites par ces projets de réhabilitations urbaines, caractérisées par un manque de suivi et peu de souci du bien-être et de l'avis même des habitants. Il ne faut pas oublier que, comme l'a relevé le 8 février Anne-Laure Legendre, enseignante-chercheuse à l'université de Versailles Saint-Quentin, il existe souvent un paradoxe entre la vision d'un espace dégradé et l'existence d'une certaine satisfaction résidentielle et d'attachement au quartier où l'on vit. 

Ainsi, si la transformation de l'urbain peut bel et bien être vecteur d'un vivre ensemble et d'une amélioration des conditions de vie, il ne faut pas perdre de vue qu'il doit être réalisé main dans la main avec les principaux concernés

Vers un Anru 3 ?

Que l'on soit défenseur ou détracteur de l'agence, une certitude existe : si l'Anru existe toujours, c'est que les problématiques liées à la situation des quartiers prioritaires demeurent. Si bien qu'en conclusion de l'événement du 8 février, le ministre Christophe Béchu a annoncé avoir commandé un rapport sur l'avenir de la rénovation urbaine pour les vingt prochaines années. Ce dernier déterminera certainement l'avenir de l'agence. 

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