Université d'été de l'EIVP : Retour d’expérience sur les “Smart Cities” françaises

Rédigé par

C21 France La redaction

Communication

1563 Dernière modification le 20/09/2016 - 17:46
Université d'été de l'EIVP : Retour d’expérience sur les “Smart Cities” françaises

Du 6 au 8 septembre 2016 s’est tenue l’université d’été de l’école des ingénieurs de la ville de Paris (EIVP), une occasion pour les acteurs de l’urbanisme de faire un état des lieux des différentes pratiques qui feront la cité de demain. L’équipe de Construction21 a eu l’opportunité d’assister aux conférences et débats sur l’évolution de la Smart City en France.

La première intervenante de l'après-midi du 8 septembre, Céline Colucci, déléguée générale des « Interconnectés » à réalisé un tour de France des villes intelligentes.

Selon elle, les territoires doivent utiliser le numérique pour le mettre à leur service et la ville intelligente doit adopter une vision globale. Les agglomérations font désormais face à de grands défis sociétaux avec la modification des équilibres établis entre les acteurs publics, privés et les citoyens autour de l’échange et l’utilisation de données et autres applications.

La posture de la collectivité se voit bouleversée et remise en question face à la montée en puissance de différents acteurs qui multiplient les initiatives à l’échelle locale et ont tendance à prendre la place de l’entité publique.

En étant capables de recueillir de plus en plus de données sur les actions de la vie quotidienne, les villes voient émerger de nouveaux types de projets autour de thématiques différentes :

  • Modernisation des services publics : E administration, et services numériques de la vie quotidienne
  • Environnement : Écoquartiers, maîtrise énergétique
  • Mobilités : Infos, prévisions, intermodalités, Partage
  • Innovation et Collaboration :  Fab-labs, ID-lab, Pépinières

Cependant, Célien Colucci insiste sur le décalage naissant et qui a tendance à s’accentuer, entre les agglomérations de moins de 200 000 habitants qui ont du mal à faire émerger une réelle dynamique, et les métropoles plus peuplées, qui voient fleurir de plus en plus de projets.

 

 

Isabelle Baraud Serfaty, fondatrice du cabinet de conseil et d’expertise en économie urbaine IBICITY a alors partagé les résultats de ses recherches sur les nouveaux modèles économiques urbains.

« La Smart City, c’est une ville qui se dote du numérique pour pouvoir optimiser son fonctionnement, saisie par la révolution digitale, c’est une révision complète de sa gestion ».

Les contraintes financières auxquelles ont dû faire face les institutions publiques à partir de 2008 se sont désormais déplacées au sein des collectivités locales avec la baisse des dotations de l’Etat. Ceci implique de repenser l’aménagement en supprimant 30 à 40% des habituelles subventions publiques.

Au sein des métropoles, l’aménagement ne crée plus de valeur financière pour le porteur de projet. En effet, avec les terrains urbains devenus trop chers et la régression des dotations publiques, les réalisations sont difficilement viables.

Se pose alors la question : Comment imaginer l’aménagement de demain tout en préservant la notion d’espace public libre accès et gratuit qui se trouve de plus en plus menacée ?

Mme Baraud Serfaty observe donc de nouveaux phénomènes qui touchent les centres urbains. La révolution numérique a débuté, elle saisit la ville et ses différentes composantes. Cette révolution est créatrice de nouveaux modèles économiques. 

On distingue, entre autres, trois modèles qui sortent du lot : 

  • Freemium: Le produit de base est gratuit pour la majorité, la version sophistiquée est payante pour un petit nombre d’usagers.
  • Bi-Face: Deux sources de recettes: Abonnés et Annonceurs publicitaires
  • Effacement : Le prix varie en fonction de la période de consommation

Enfin, sept macro-tendances s’inscrivent dans les nouveaux modèles urbains et l’évolution des comportements des usagers :

 1 : Importance de la multitude :

L’habitant/utilisateur passe du statut de simple consommateur à celui de producteur (Énergie, Alimentaire, Économie du partage…), il y a une révélation des actifs sous-utilisés.

2 : Individualisation de l’individu : 

Auparavant l’individu était représenté en fonction de la catégorie dans laquelle il se trouvait, nous avions peu de connaissance sur les caractéristiques des personnes, désormais c’est l’inverse, avec la data nous avons des données beaucoup plus précises sur les individus. Les professionnels peuvent dès à présent faire des offres sur-mesure à une échelle industrielle.

3 : Hybridation sectorielle et nouvelle chaîne de valeur :

Les secteurs se croisent et se complètent, faisant apparaître une hybridation créatrice d’optimisations, accélération de cette tendance grâce à l’internet des objets.

4 : Monétarisation / Démonétisation :

Nous assistons à une évolution de la dématérialisation des échanges monétaires, les individus ont de plus en plus recours aux nouvelles technologies pour effectuer leurs transactions et délaissent progressivement les moyens de paiement traditionnels.

5 : La propriété chahutée :

Le mode de la micro-location se généralise, et les personnes se détachent de plus en plus de la propriété matérielle, pour se tourner vers une économie du  économie du partage et des plateformes.

6 : Bipolarisation locale / nationale :

Une augmentation des confrontations entre les entités locales et nationales, de plus en plus d’importance accordée aux initiatives de proximité.

7 : Recomposition des temps : 

Dissociation entre le temps réel et l’analyse prédictive, qui devient un nouvel outil dans la prise de décisions. 

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