Nature en ville et agriculture urbaine dans les projets d’ÉcoQuartier : retour sur la journée du 26 juin 2019

2750 Dernière modification le 19/07/2019 - 09:30
Nature en ville et agriculture urbaine dans les projets d’ÉcoQuartier : retour sur la journée du 26 juin 2019

Organisé par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Nouvelle-Aquitaine en partenariat avec le Cerema, le séminaire du club régional ÉcoQuartier du 26 juin à Lormont a réuni une cinquantaine de participants mobilisés sur l’enjeu de concilier habitat, qualité de vie et nature en ville.

La matinée s’est articulée autour d’échanges et d’une table ronde avec le témoignage de collectivités. L’après-midi a été consacrée à la visite de l’ÉcoQuartier de Lormont "Les Akènes" dont le paysage et la place de la nature en ville ont guidé la conception du projet.

 

Introduite par Jean Touzeau, maire de Lormont, la journée s’est déroulée par de riches interventions avec de nombreux échanges. La visite de  l’ÉcoQuartier des Akènes a permis à tous d'explorer in situ un projet réussi.

Ouverture de la journée par Monsieur Touzeau, maire de Lormont

Quel cadre pour la nature en ville et l’agriculture urbaine ?

 

Pour mettre en place des projets inscrivant la nature et l’agriculture en ville, il faut en connaître la réglementation.

Véronique Lagrange de la DREAL-NA

Véronique Lagrange,responsable de la mission développement durable à la DREAL, a présenté les cadres existants : la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) du 23 novembre 2018 avec un «  zéro artificialisation nette », le plan biodiversité qui soutient la renaturation d’espaces anthropisés, les territoires engagés pour la nature (TEN) et le plan d’adaptation au changement climatique qui interroge sur les questions de santé et de lien social recréé à travers la nature, avec une référence au plan régional santé environnement (PRSE).

« Multi-servicielle », la nature en ville joue de multiples rôles : bien-être, loisirs, sport, esthétique, nourricier, lien social, rafraîchissement, dépollution…et pas uniquement dans les grandes agglomérations.

Véronique Lagrange termine en prônant une « répartition équilibrée des hommes et des services sur le territoire ».

 

Enjeux et bienfaits de la nature en ville et de l’agriculture urbaine

 

« La nature en ville ne se résume pas aux espaces verts », a rappelé Cyril Pouvesle, chef de projets quartiers durables au Cerema. « Les voiries et les espaces privés doivent également être investis. Elle ne concerne pas que les gestionnaires d’espaces verts, mais aussi les promoteurs ».

Établir une typologie de l’agriculture urbaine est complexe, les projets étant toujours « aux frontières » de plusieurs catégories, mais l’exercice présente un intérêt de cadrage.

L’agriculture urbaine peut être répartie en cinq catégories :

Cyril Pouvesle du Cerema
  • les espaces productifs interstitiels qui jouent un rôle d’éducation à l’alimentation ;
  • les jardins collectifs qui relèvent d’une pratique historique ;
  • les fermes urbaines spécialisées comme par exemple les cultures high tech ;
  • les fermes urbaines productives en pleine terre qui présentent des liens fonctionnels avec la ville ;
  • les micro-fermes urbaines qui s’orientent vers une spécialisation des produits.

La nature en ville et l’agriculture urbaine présentent de nombreux avantages en réduisant les nuisances comme le bruit, l’agressivité, les transports saturés. Mais la réussite d’une telle implantation tient à son appropriation par les habitants.

Un des grands défis actuels est celui de la mobilisation de foncier : comment faire une place à la nature en ville quand les fonciers sont attractifs dans les métropoles ?

La végétalisation de la ville est bienfaitrice

 

Marianne Hedont de l'association Plante et Cité

Aujourd’hui, les bienfaits de la nature en ville sont reconnus scientifiquement, rappelle Marie Hédont, chargée de mission à l’association Plante & Cité.

Plante & Cité met en place des programmes d’études pratiques et stratégiques afin de transférer la connaissance scientifique et technique aux porteurs de projets publics et privés.

Afin d’évaluer les projets, une « grille pour l’évaluation de la biodiversité dans les projets urbains » a été élaborée avec 20 indicateurs fondés sur trois axes : connaissance du site, services rendus, réponses apportées par les parties-prenantes. Cet examen est à réitérer tous les 3 à 5 ans.

 

Des témoignages de projets réussis

 

L'ÉcoQuartier « Doulon-Gohards/Bottière-Chénaie » à Nantes

 

Céline Coutant de la Métropole de Nantes
(Loire-Atlantique)

Situé sur 180 hectares d’anciennes terres maraîchères à l’est de Nantes, l’ÉcoQuartierillustre la volonté de s’inscrire dans la géographie et l’histoire des lieux et de mettre la nature en son cœur : une terre de maraîchers, un héritage de cheminots, 100 hectares classés en zones naturelles ou inondables, le réaménagement du ruisseau des Gohards, quatre fermes, une trame cyclable, des cheminements doux et 2500 logements fraîchement livrés.

L’importance de la territorialisation des projets d’agriculture urbaine est fondamentale, expliquent Céline Coutant, cheffe de projets développement urbain à Nantes Métropole et Julien Blouin, urbaniste-paysagiste indépendant.

La volonté politique a été double : maîtriser les prix de cession des terrains et maîtriser les prix des logements auprès des promoteurs, grâce à quoi aujourd’hui la quasi-totalité des 2500 logements sont livrés.

Des démarches d’animation sur la nature en ville sont portées par Nantes Métropole, consciente du besoin pour les habitants de s’approprier cet espace public en toute confiance (éviter les peurs des noyades, des animaux, des insectes). Des actions pédagogiques via l’école et la médiathèque sont menées.

La proximité du grand jardin, des services techniques de la ville, du lycée horticole, les manifestations en lien avec la nature, la proximité du magasin Métro, ont porté l’agriculture urbaine dans cet ÉcoQuartier. Cette logique multi-acteurs a influencé l’implantation des fermes, elles occupent des surfaces de un à trois ou quatre hectares. Les exploitants, locataires de la commune, ont lancé une collaboration avec une coopérative d’installation agricole pour créer un « vivier de porteurs de projets professionnels ».

 

L'ÉcoQuartier « Les rives du Bief » à Longvic

 

Philippe Chagnon, maire de Longvic (Cote d'or)

La ville de 9 000 habitants s’inscrit dans la démarche de développement durable avec l’Agenda 21 et les objectifs de développement durable au niveau communal et l’intérêt du Ministère pour leur démarche, décrit Philippe Chagnon, directeur général des services de la mairie de Longvic.

La démarche ÉcoQuartier entamée en 2008-2009 sur le site d’une ancienne école a pour objectifs le désenclavement et la « mixité sociale à rebours » en créant des espaces communs, une « couture » entre l’ensemble social existant et les maisons individuelles en accession à la propriété.

La structuration du projet d’ÉcoQuartier se fait autour du bois et de l’eau : noues, cheminements doux de « l’axe vert » qui relie le Nord et le Sud de l’ÉcoQuartier, avec notamment des jeux d’eau fortement appréciés par ces temps de fortes chaleur.

La participation des habitants au projet a été forte avec des actions menées au sein de l’école et de nombreuses réunions publiques pour les adultes.

 

L'ÉcoQuartier de Montévrain

 

Mélanie Durand d'EpaMarne, ÉcoQuartier de Montevrain (seine et marne)

L'ÉcoQuartier est à mi-chemin entre la ville et la campagne qui s’est développée sur des terres agricoles, commente Mélanie Durand, cheffe de projet chez EpaMarne. Il s’inscrit dans des objectifs de densité urbaine et de mixité des fonctions.

L’EpaMarne intervient en assistance à maîtrise d’ouvrage en matière de développement durable et maîtrise d’œuvre urbaine sensible à ces aspects. L’ÉcoQuartier, organisé sur deux grandes pièces paysagères de 20 hectares chacune, est composé d’un cœur agro-urbain, d’un parc avec une « diagonale des espaces publics » où commerces et places se mêlent.

Le cœur agro-urbain est là pour créer du lien avec la population, et pour ne pas reproduire un modèle céréalier, le choix s’est tourné vers une agriculture maraîchère.

Le projet s’organise actuellement autour d’un groupement de maraîchers. Des accords sont à trouver sur plusieurs sujets : la sécurisation de l’exploitation (volonté de « clôtures qualitatives » à concilier avec la sécurité de l’exploitation) et l’implantation des bâtiments (volonté de peu de constructions sur les sites à concilier avec les exigences de l’exploitation).

 

Deux exemples de valorisation de la nature par Bordeaux Métropole

 

Le grand projet des villes rive droite pour intégrer le cœur de l’agglomération

Benjamin Chambelland du GPV Rive droite de Bordeaux

Le grand projet des Villes Rive Droite (GPVRD) regroupe quatre communes : Bassens, Lormont, Cenon, Floirac de la métropole bordelaise sur la rive droite de la Garonne. Son armature est constituée par des parcs au patrimoine naturel remarquable à protéger, mais qu’il faut rendre accessibles au public.

Benjamin CHAMBELLAND, paysagiste et animateur auprès du GPVRD, souligne l’importance du « travailler ensemble » pour un projet commun et ambitieux. Il présente le plan de gestion intercommunal mis en place pour mutualiser les compétences « espaces verts » des quatre communes. Le regard sur la rive droite change et est porteur d’un avenir confiant, intégré au cœur du développement de l’agglomération bordelaise.

 

Croiser les compétences pour mieux répondre aux enjeux de la nature

Catherine Delaloy de Bordeaux Métropole

Catherine Delaloy, responsable de la direction de la nature de Bordeaux Métropole, indique

quelques leviers à utiliser tels que l’évolution globale des méthodes d’aménagement en effectuant des diagnostics écologiques des sites et en constituant des équipes projets pluridisciplinaires, l’adoption de politiques et de stratégies tournées vers la préservation des zones humides et de la biodiversité, l’importance du rôle du plan local d’urbanisme (PLU) et de ses zonages (58 000 hectares pour le PLU métropolitain, soit 51 % en espaces naturels, agricoles et forestiers). L’idée générale est de « poser les stratégies puis décliner en travaillant de manière croisée et intégrée ».

 

La visite de l’ÉcoQuartier « les Akènes »

Guidée par Damien Grenouilleau, responsable du pôle Aménagement de Clairsienne, le bailleur social aménageur du projet, et Adeline Dugoujon, cheffe de projet développement territorial à la Mairie de Lormont, la visite s’est déroulée sur cette emprise foncière de 13 hectares, exemple d’intégration réussie de nature en ville.

Situé non loin de l’échangeur n°26 de la rocade bordelaise, cet écoquartier participe au renouvellement de la ville sur elle-même dans le cadre d’une opération qualitative de requalification d’un secteur industriel.

À proximité de l’ opération de renouvellement urbain (ORU) de Lormont Génicart, sur un site anciennement support de la société « Siemens », Clairsienne porte un projet d’aménagement à forte qualité environnementale alliant mixité sociale et mixité fonctionnelle.

Intégré à une réflexion urbanistique globale ayant fait l'objet d'un plan-guide, le projet «Les Akènes» contribue à la création d’un véritable quartier innovant.

Ce nouveau quartier à fortes exigences environnementales, à la position stratégique d’entrée de ville, participe, par ses intentions urbanistiques et paysagères, au renouvellement du tissu urbain, en mêlant qualité, accessibilité et durabilité.

Le quartier a confirmé son ambition affichée d'introduire la nature en ville, notamment avec la création du parc central de 1 hectare.

 

Article publié sur Cerema Actualités
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Crédit photo : Cerema

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