Le Club de l'Amélioration de l'Habitat (CAH) publie les premiers résultats de son “Observatoire Habitants-consommateurs de l'Habitat privé”

1541 Dernière modification le 19/07/2019 - 09:19
Le Club de l'Amélioration de l'Habitat (CAH) publie les premiers résultats de son “Observatoire Habitants-consommateurs de l'Habitat privé”

A l'occasion d'un colloque organisé le 20 juin 2019, le Club de l'Amélioration de l'Habitat a présenté les premiers résultats de son « Observatoire Habitants-Consommateurs » dispositif inédit et sans équivalent, qui se fonde sur les motivations de l'habitant dans la rénovation, l'entretien, et l'amélioration des logements.

Le secteur rénovation-entretien souffre d’un certain déficit de compréhension de ses mécanismes de fonctionnement, il affiche par ailleurs un taux de croissance peu évolutif au regard de son potentiel et de l’intérêt qu’il représente pour la collectivité nationale.

Il était donc nécessaire pour de créer un instrument d’étude pouvant mesurer la réalité perçue par les particuliers, maîtres d’ouvrage. C’est en ce sens que l’Observatoire habitants-Consommateurs doit permettre de mieux mesurer et anticiper l’activité du marché des travaux dans l’habitat privé et de comprendre pourquoi le recours aux professionnels de la rénovation est en dessous du potentiel estimé.

Pour concevoir et faire vivre son Observatoire Habitants-Consommateurs, le CAH a constitué un groupe de réflexion composé d’experts issus de ses membres et qui a mené son étude d’octobre 2016 à juin 2019, en collaboration avec IPSOS, qui a conduit l’enquête de l’étude, et la Junior Entreprise de l’Ensai « Ecole nationale de la statistique et de l’analyse de l’information », qui a eu la mission de réaliser des tests et mesures statistiques (régressions linéaires multiples) à partir de la vingtaine de sources présélectionnées.

Les enseignements et apports majeurs révélés par l’étude

Ils se traduisent par plusieurs constats permettant d’enrichir les pistes de réflexions et les solutions d’actions dans l’objectif de soutenir la croissance du marché de la rénovation.

1. Réaliser des « travaux chez soi » représente un univers de préoccupations commun à quasiment tout propriétaires-habitants. Ces travaux concentrent la plupart des opérations ou gestes techniques accomplis à l’intérieur de l’habitat, de tous niveaux de dépenses, même faibles, financés à 75 % sur fonds propres selon la grille suivante :

  • 55 % moins de 5000 € ;
  • 17 % de 5 à 10 000 € ;
  • 18 % de 10 à 30 000 € ;
  • 10 % plus de 30 000 €.

Les opérations engagées sont essentiellement liées à l’entretien-dépannage, à la décoration ou à l’installation d’équipements de cuisine ou salle de bain. Quelles que soient leur nature ou amplitude (même moindre) ce sont de réels travaux aux yeux des propriétaires-occupants.

2. Le recours aux professionnels pour la réalisation des travaux est variable mais stable :

  • 44 % passent par des entreprises ;
  • 39 % réalisent eux-mêmes ou avec des proches ;
  • 15 % mixent les deux solutions.

La proportion d’interventions de l’habitant lui-même pour la réalisation de travaux apparaît importante mais semble corollaire du niveau des dépenses souvent de faibles valeurs unitaires, exemple : « coup de peinture », décoration, revêtements sols-murs…

Les raisons d’engager des travaux répondent généralement à trois situations ou scénarii différents rencontrés par le ménage. Les bénéfices recherchés s’expriment en conséquence.

  • travaux incontournables/réparations : nécessité d’assurer le maintien en état de confort d’usage et de sécurité au quotidien ;
  • travaux plaisir/embellissement : manière de vivre enrichie, améliorée, en profitant de meilleurs usages ;
  • travaux de fonds élaborés : adapter son habitat selon sa volonté, ses attentes. Une valeur patrimoniale potentiellement améliorée.

Dans une large proportion la décision se prend à deux et la voie féminine s’affirme fortement dans ces situations.

3. Face aux travaux dans l’habitat existant privé, quatre familles comportementales apparaissent distinctement traduisant des attitudes et des besoins d’accompagnement distincts :

  • les passifs : ils vivent chez eux sur la base de ce qui a été fait et installé auparavant dans leur logement – par eux-mêmes ou par les prédécesseurs Principalement autofinanceurs, ils se fient surtout aux conseils des proches pour notamment faire face aux incidents sur le bâti ou sur les équipements ;
  • les mainteneurs : ils veillent au bon fonctionnement des équipements et installations, aux remplacements, à la bonne tenue des espaces. Ils peuvent avoir des compétences techniques leur permettant d’intervenir eux-mêmes ou avec un professionnel. Très majoritairement autofinanceurs, certains travaux cependant peuvent bénéficier d’aides, d’allégements fiscaux, etc. ;
  • les embellisseurs : l’amélioration de leur confort est leur préoccupation centrale. Ils aiment décorer, améliorer leur logement, optimiser ou développer les usages. Ils peuvent aussi apprécier la nouveauté, la technologie, etc. Ils peuvent faire certaines choses par eux-mêmes. Les professionnels intervenant sont principalement des installateurs spécialisés. Ils autofinancent, recourent aussi au crédit à la consommation. Ils sont sensibles aux offres commerciales et aux promotions.
  • les (re)constructeurs : Ils ont besoin de plan, de planning, de prévision budgétaire, de garanties, d’assurances, etc. Même s’ils réalisent quelques opérations eux-mêmes, ils font surtout appel à des professionnels du bâtiment qualifiés (entreprises et maîtrise d’oeuvre). Ils utilisent une large palette de solutions financières : autofinancement + emprunt + aide + crédit d’impôts. Ils ont des relations avec les services publics en mesure d’apporter une aide.

4. Des positions communes. Cette diversité de familles comportementales partage bon nombre d’attitudes de consommation et exprime des positions proches voire communes vis-à-vis :

  • des professionnels du bâtiment (besoin de confiance, mais grande satisfaction de ceux qui ont fait appel à eux) ;
  • des questions sociétales (transition énergétique, protection de l’environnement, réchauffement climatique…) : leur conscience est croissante mais peu de passages à l’acte ;
  • de l’argent. Ils dépensent en fonction de l’estimation de leur disponibilité ou sous l’effet d’un coup de cœur. L’argent n’est pas le centre de leur préoccupation. C’est utile, nécessaire pour consommer.

5. Ceux qui ne font pas de travaux. Dans l’ensemble de la population des propriétaires il faut noter une grande diversité de raisons de faire peu voire pas de travaux :

  • un projet de vie suspendu (âge avancé) ou contrarié (aléas de la vie) ;
  • des craintes pour engager des travaux conséquents chez soi (contraintes, dégradation, insécurités, coûts non maîtrisés…) ;
  • un habitat jugé moins attractif et peu propice (obsolescence) ;
  • une moindre exigence pour son logement (peu d’attachement ou de relation) ;
  • des conditions jugées moins favorables (environnement urbain peu sûr, valorisation patrimoniale dégradée du fait de l’emplacement).

En synthèse, quelques constats utiles à souligner

La notion de « travaux » pour un propriétaire habitant diffère de la représentation exprimée par le monde professionnel.
La dynamique des travaux de rénovation des résidences principales telle que perçue et exprimée par les propriétaires reste encore structurellement peu dynamique.
L’analyse statistique macro-économique de l’Observatoire estime pour 2019 une croissance autour de 1 % à 2 %, ce que confirment d’autres études quantitatives chiffrées du marché.
Mais cela ne doit pas rester une fatalité en regard du potentiel d’amélioration encore insuffisamment exploité du parc existant (lutte contre la précarité énergétique, adaptation des logements au vieillissement et à l’accessibilité…) mais aussi des indicateurs économiques positifs tels que le nombre de transactions dans l’ancien en forte évolution et la part croissante de l’auto-rénovation.

EN SAVOIR PLUS :

 

Article publié sur Plan Bâtiment Durable
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